Le secteur minier burkinabè a connu une grande progression durant la dernière décennie. En 2006, le Burkina Faso n’abritait pas de mine industrielle. En 2007, la seule mine industrielle qui est entrée en production a exploité 0,40 tonne d’or. En 2010, les 6 mines industrielles ont produit 23,1 tonnes d’or. Cette production est passée à 45,5 tonnes d’or en 2017. Elle a été assurée par les 12 mines industrielles d’or, selon l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives au Burkina Faso (ITIE-BF). On note qu’en 2017, 179.474 tonnes de zinc ont été produites par la seule mine de zinc entrée en production en 2013. De 2007 à 2017, la production industrielle d’or est évaluée à environ 293 tonnes contre 642.205 tonnes de concentré de zinc.
Le dynamisme du secteur minier national se mesure aussi au nombre de titres miniers et d’autorisations attribués. Toujours selon l’ITIE-Burkina, au 31 décembre 2016, le Burkina Faso enregistrait 632 titres miniers et autorisations valides dont 430 permis de recherches, 19 permis d’exploitation industrielle de grandes mines, 34 permis d’exploitation semi-mécanisée d’or, 84 autorisations d’exploitation artisanale et 65 autorisations d’exploitation de substances de carrières.
Outre l’or et le zinc déjà exploités, les travaux préliminaires de recherches ont permis une grande connaissance du sous-sol burkinabè avec la mise à jour d’un potentiel minier très important.
Un potentiel minier très important
Dans un premier temps, d’importants indices ont été découverts. Il faut accentuer les recherches pour avoir une meilleure idée du potentiel. Selon les informations collectées au ministère des Mines et des Carrières, il s’agit essentiellement d’indices de diamant révélés dans la Léraba, la Sissili, dans la zone de Barsalogho et dans les bassins versants de la Comoé et du Mouhoun. Des indices de plomb ont été découverts à Gan, près de Tougan.
Des signes de minéralisation de niobium-tantale existent près de Zorgho, de Kangounadni et de Mangodara. Des traces de lithium, d’étain et de terres rares existent respectivement à Kangounadni et à Sidéradougou. Un potentiel important de kaolin a été découvert à Diékui, Koréba, Bobo-Dioulasso, Titao, Kongoussi et Ouagadougou.
Pour le cas du pétrole, les recherches ont permis de révéler des roches favorables qui pourraient contenir des hydrocarbures ; soit du pétrole, soit du gaz. L’exploitation de ce gisement n’est pas pour demain. Le Burkina Faso serait en train d’élaborer son Code des hydrocarbures avec l’appui de la Côte d’Ivoire et du Maroc, afin de promouvoir les recherches dans ce secteur. Des recherches qui exigent d’énormes moyens, puisqu’il faut forer à plus de 4.000 mètres en profondeurs afin d’extraire des échantillons pour analyses. Les recherches ont permis, dans un second temps, d’estimer le potentiel réel de ressources pour certains gisements. Plus de 1.000 tonnes de réserves d’or ont été découvertes dans plusieurs localités du Burkina, ainsi que 6,9 millions de tonnes de zinc. En plus du gisement de Kiéré, vers Houndé, le Burkina Faso abrite le plus grand gisement de manganèse au monde (106 millions de tonnes) à Tambao.
Le pays regorgerait d’importantes réserves de fer, de titane et vanadium. Le gisement de nickel de Bonga est estimé 20 millions de tonnes, et celui de Dablo à 10 millions de tonnes. Gaoua abrite le plus important gisement de cuivre de l’Afrique de l’Ouest (86 millions de tonnes). On retrouve également du cuivre à Diénéméra-Gongondy et à Wayen, vers Mogtedo. 35.000 tonnes d’antimoine ont été découvertes à Mafoulou. Les zones de Kaya et Kongoussi regorgent d’aluminium (1,5 million de tonnes) ; tout comme les zones de Fara (3,3 millions de tonnes) et de Kosso (0,5 million de tonnes).
Plus de 100 tonnes de phosphate ont été découvertes vers Diapaga. Le calcaire à ciment de Tin-Hrassan, Tin Dioulaf, Tin Edia a été évalué à 66 millions de tonnes, et les réserves de calcaire dolomitique de Samandéni, de Diou Kan-Tingo, de Diougoko, Koua, Tiara à 40 millions de tonnes. Dans la zone de Bobo-Dioulasso, Sonsorobougou regorge de 32 millions de tonnes de sable siliceux, en plus du marbre à Tiara.
Elie KABORE
Quels sont les critères qui guident le choix de la destination d’un investisseur pour un pays ?
Les investisseurs s’installent dans un pays suivant plusieurs critères au nombre desquels le potentiel géologique découvert. Un autre critère réside dans l’attractivité du pays pour les investissements. L’attractivité prend en compte l’ensemble des textes qui réglementent le secteur, la sécurisation des titres miniers, la disponibilité des infrastructures (eau, transport, etc.), la transparence dans la gestion des titres, la stabilité politique, le nombre réduit de conflits communautaires, la loi de travail, etc.
Le Burkina revient de loin !
Pour atteindre ce niveau de production d’or et de zinc, et surtout cette connaissance de son sous-sol, le Burkina Faso a mis l’accent sur les recherches géologiques et minières.
Pour Dr. Morou Francois Ouédraogo, directeur général de Teng Tuuma géoservices, ces recherches ont été faites essentiellement par des géologues burkinabè. Il s’exprimait lors de la formation que la Chambre des mines a organisée pour les élus locaux en février 2018 à Bobo-Dioulasso. Il a rappelé qu’au moment des indépendances, le paysage minier national était caractérisé par un inventaire des unités géologiques réputées favorables, réalisé par les géologues du Bureau des mines de la France d’Outre-Mer (BUMIFOM).
La période post-indépendance (1960 à 1975) a été caractérisée par la poursuite des inventaires des richesses minières. Mais, en 1974, le président français Georges Poumpidou en visite à Ouagadougou affirmait que ce pays à une vocation agricole. Sur la base des informations qu’ils détiennent, les premiers géologues voltaïques vont réagir en mettant l’accent sur les recherches. Le fonds d’appui pétrolier mis en place consistait à prélever un franc sur chaque litre d’essence vendu pour financer les recherches.
La période 1976-1994 a été marquée par le passage à l’exploration avec la réouverture de la mine d’or de Poura, la création des sociétés d’exploitation avec des capitaux publics et privés et la création du Comptoir burkinabè des métaux précieux (CBMP) et la Filière Or, pour encadrer l’orpaillage et commercialiser de l’or. La période 1995-2017 est celle de l’arrivée du secteur privé international. Le gouvernement va adopter une série de textes pour encadrer le secteur industriel dont le Code des investissements miniers de 1994, la création du ministère de l’Energie et des Mines en 1995, l’organisation des activités de promotion minière, l’adoption des Codes miniers successifs de 1994, 1997, 2003 et 2015. Pour Dr. Morou Francois Ouédraogo, les défis du présent et du futur reposent sur la protection de l’environnement, le partage équitable des ressources, la question de l’emploi des nationaux, la question de la formation technique pratique dans les métiers de la mine, la question du financement des activités des structures étatiques.