Malgré des efforts pour résoudre les nombreuses difficultés qui plombent son essor, l’industrie locale reste malade.
C’est lalecture qui se dégage à la suite des messages livrés successivement ces dernières semaines sur la situation de l’industrie burkinabè. D’abord, celui du Premier ministre Paul Kaba Thièba, le 12 avril 2018, dans sa déclaration sur la situation de la Nation devant les députés et, ensuite,celui du Groupement professionnel des industriels du Burkina Faso (GPI), lors de sa conférence de presse du 19 avril 2018 à Bobo-Dioulasso.
Dans sa déclaration sur la situation de la Nation, le chef du gouvernement a résumé les actions qui ont été menées au cours de l’année 2017 en faveur du secteur des manufactures. Il en ressort que les actions du gouvernement sont notamment allées dans le sens de l’accompagnement et du suivi des entreprises en difficultés. «Une dizaine d’entreprises a bénéficié de pré-diagnostics. A cela, il faut ajouter l’accompagnement de trois nouvelles entreprises par le Fonds de restructuration des entreprises, à hauteur de 1,2 milliard de F CFA ; la prolongation de la présence dudit fonds dans le capital de DAFANI pour 400 millions de FCFA ;le renouvellement du fonds de roulement de SAP Olympic pour 100 millions de FCFA ; l’inscription de KARILOR INTERNATONAL au bénéfice du programme de restructuration des entreprises en difficultés», a indiqué le Premier ministre.
«Les actions du gouvernement ont également concerné l’organisation des unités industrielles de transformation. C’est dans ce sens que pour la grappe huilerie de Bobo-Dioulasso, une convention portant modalités de mise à disposition de ressources financières au profit de ladite grappe a été signée avec le projet d’appui à la transformation de l’économie et à la création de l’emploi, en juin 2017.Enfin, dans le cadre du développement des PME/PMI qui exercent dans l’industrie de transformation, des accords de crédit ont été signés au profit de projets, avec un financement à hauteur de 45, 5 millions de FCFA en 2017», a-t-il ajouté.
Si l’ensemble de ces actions a pu aider les industries concernées et constitue une source d’espoir dans le secteur, il reste visiblement insuffisantau regard de la profondeur du problème.
C’est ce message qui ressort de la conférence de presse du GPI. Le groupement réunit à ce jour les quarante plus grandes unités industrielles du pays. Des unités qui sont essentiellement orientées vers la satisfaction de la demande nationale.
Aujourd’hui,la plupart des industries membres du GPI sont confrontées à des difficultés qui freinent leur compétitivité et menacent sérieusement leur survie.
«Les contraintes sont multiples : coûts élevés des facteurs de production, infrastructures au niveau des zones industrielles désuètes, pression fiscale, insécurité fiscale et, surtout, la concurrence déloyale à travers la fraude, contrefaçon, contrebande et grand banditisme», a rappelé le président MamadySanoh au cours de la conférence de presse du 19 avril.
Pour lui, l’assainissement du marché national est un impératif. Cela passe précisément par l’application effective des réglementions nationale et communautaire, ainsi que la lutte contre toutes les formes de pratiques anticoncurrentielles.
Le GPI trouve «inacceptable que les industries locales qui contribuent à la formation des richesses nationales, à la création d’emplois et à la transformation de la matière première locale souffrent de grosses méventes de leurs productions».
En effet, à cause de la concurrence déloyale, le secteur industriel, à travers des cas illustratifs comme SAP Olympic, la SN CITEC, la SN- SOSUCO,WatamKaizer, est dans une situation préoccupante.
Karim GADIAGA
Des signaux salués par le GPI
Selon le GPI, des signaux forts ont été émis par le gouvernement en ce qui concerne l’assainissement de l’environnement des affaires. «Le GPI a salué le lancement de la plateforme SYLVIE, la directive pour la préférence de la production locale dans les achats publics des produits alimentaires et tout dernièrement le renforcement des contrôles des cargaisons à l’importation par les douanes», a indiqué le président Sanoh.
Tout en souhaitant la poursuite des contrôles et l’application stricte de la réglementation, le GPI fait savoir que l’industrie burkinabè n’a pas un problème de qualité. «Elle est en mesure d’égaler ; sinon de faire mieux ; que la concurrence. Mais elle ne peut pas supporter longtemps la fraude et la contrefaçon qui frisent le grand banditisme», a conclu le président du groupement.