Déjà très populaire pour ses services de transfert d’argent et de paiement de factures, la monnaie mobile devrait intégrer d’autres activités et étendre davantage les facilités qu’elle offre. C’est l’opérateur de télécoms français Orange, via Orange Money, sa filiale réservée à l’émission de la monnaie électronique, qui envisage l’innovation.
Présents à Abidjan, en fin mars dernier, pour l’Africa CEO Forum, les dirigeants du groupe Orange ont annoncé aux médias leur volonté de faire évoluer les services d’Orange Money en y ajoutant des produits bancaires en épargne, en crédits et en produits d’assurances.
En clair, si le projet se concrétise, le compte Mobile Money ouvert chez Orange Money va ouvrir au titulaire la possibilité de bénéficier quasiment des mêmes services que ceux offerts par les banques et les sociétés d’assurances.
Côté banque, Orange Money permettra notamment à ses abonnés d’avoir des crédits (prêts) à la consommation et remboursables.
Il s’agira précisément d’offres du type pico-crédit, un très petit crédit autour de 60 mille F CFA, et le micro-crédit, qui va au-delà 60 mille F CFA mais limité à quelques centaines de mille. Ce sont des crédits réservés à des clients modestes et qui peuvent être décisifs dans leur épanouissement. Grâce à leurs comptes Mobile Money, les clients pourraient également épargner comme dans une banque ordinaire. Côté assurances, la souscription à la police d’assurances, via le mobile, permet de couvrir les risques ciblés.
Tous ces produits devraient devenir possibles via un compte Mobile Money à partir du téléphone portable. Une confirmation de la révolution impulsée par cet outil en Afrique subsaharienne.
Orange prévoit de rendre effectifs les nouveaux services sur un calendrier étalé sur la période 2018-2019. Le tout premier lancement de cette expérience devrait s’effectuer en Madagascar. Il semble que les choses sont déjà prêtes à ce niveau.
Pour ce qui est de la zone Afrique de l’Ouest, les premières cibles annoncées sont le Mali, avant la fin du premier semestre 2018, la Côte d’Ivoire et la Sénégal d’ici à la fin 2018. Puis, il devrait y avoir le Niger et la Guinée.
Quid du Burkina ? Aucune information n’est disponible, mais c’est en principe tous les pays de la zone où le réseau Orange et le service Orange Money sont disponibles qui devraient être couverts par la nouvelle expérience. Il s’agit d’une perspective inédite en Afrique de l’Ouest qui risque de faire tache d’huile et d’intéresser les autres Emetteurs de monnaie électronique (EME).
Pour exemple, au Burkina, en plus d’Orange Money, l’autre EME en activité est Mobicash créé par l’opérateur de télécoms ONATEL, membre du groupe Maroc Télécom. La filiale EME de Telecel Faso est annoncée, mais n’est pas encore opérationnelle. Pour voir le jour, un agrément délivré par la BCEAO est requis.
Karim GADIAGA
Une opportunité pour booster l’inclusion financière
De l’avis des opérateurs de télécoms, l’inclusion financière en Afrique de l’Ouest, telle que le souhaitent des institutions de financières comme la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et le Fonds monétaire international (FMI), peut être accélérée grâce à la monnaie mobile. C’est sur la base de cette conviction qu’Orange défend le bénéfice de sa future innovation pour le développement des économies. Pour l’opérateur, l’argent mobile couvre, pour 85 %, une population qui n’a pas accès aux services bancaires et qui n’a pas accès aux crédits. Le Mobile Money pourrait donc permettre d’intégrer facilement un grand nombre de personnes aux systèmes bancaires et favoriser leur accès aux crédits.
L’exemple du Kenya est cité partout comme preuve. En associant des offres de crédits à la consommation, un service Mobile Money, dans ce pays, a permis, en 10 ans, de faire tomber la proportion de Kenyans n’ayant pas accès aux services financiers de 41% à 17 %. Un succès qu’Orange espère importer en Afrique de l’Ouest.