Dossier

Situation économique: la fiche-pays présentée au FMI

A l’occasion de la signature de l’accord triennal dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC), en mi-mars dernier, avec le FMI, le Burkina Faso a constitué un dossier sur la croissance économique du pays. Sur une vingtaine de pages, le gouvernement dresse les politiques macroéconomiques, structurelles et sociales d’une part, de l’autre l’appui à la croissance et la réduction du taux de pauvreté. Le troisième volet est consacré aux besoins de financements externes. La rédaction de L’Economiste du Faso a pu avoir accès à ce document. En voici la synthèse.

Pauvreté, accès à l’électricité et insécurité alimentaire
La mise en œuvre des politiques de développement axés sur la pauvreté telles que la DSRP et la SCADD n’a pas contribué à une baisse significative du taux de pauvreté. Selon le document présenté au FMI, entre 2009 et 2014, le taux de pauvreté a connu une baisse de 6% ; passant de 46,7% à 40,1%. Ce recul du taux de pauvreté, malheureusement, n’a été constaté qu’en milieu urbain. «Pendant la même période, la pauvreté a diminué davantage dans les zones urbaines (11,6 points) que dans les zones rurales (7,1 points). Or, neuf personnes sur dix, vivant en dessous du seuil de pauvreté, se trouvent dans les zones rurales», affirme le rapport.
Une situation qui soulève la question des disparités dans l’accès aux services sociaux et celle du niveau des opportunités de revenus. Sur la base des données de 2010, le taux de pauvreté multidimensionnelle au Burkina Faso est estimé à 84% (PNUD et Oxford University ; 2010). Le taux de ménages connectés au réseau national d’électricité était de 18,8% en 2015. Un taux qui masque des disparités entre les zones urbaines (59,8%) et rurales (3,0%) en 2014. En ce qui concerne le logement social, 77% des ménages vivaient dans des logements de mauvaise qualité dont 39,5% 92% dans les zones rurales.
Le taux d’accès aux installations sanitaires est passé de 4,7% en 2007 à 8,1% en 2014. Dans le domaine de l’information et des technologies de l’information et de la communication, la prestation de services est irrégulière et chère, et ne satisfait pas la demande en hausse. Par exemple, le nombre d’internautes est passé de 1% à 9,4% entre 2009 et 2015.
Outre l’accès difficile aux services sociaux de base, le document remis au FMI évoque des crises alimentaires, surtout dans les zones rurales. Celles-ci ont conduit à la vulnérabilité socio-économique de la population. Ainsi, 3,5 millions de Burkinabè ; soit 20% de la population ; sont en insécurité alimentaire. La malnutrition infantile chronique reste très élevée. Son taux est passé de 25,6% en 2009 à 20,1% en 2014.
Dans le secteur de l’éducation, le Taux brut de scolarisation (TBS) est passé de 48,7% en 2003 à 83% en 2014. Dans l’enseignement secondaire, les inégalités entre les sexes ont diminué. Le ratio fille/garçon est passé de 0,51 en 2004 à 0,62 entre 2004 et 2014. Au niveau de l’enseignement supérieur, ce ratio est passé de 0,29 en 1997 à 0,48 en 2013. La proportion de femmes de la tranche d’âge de 16 à 64 ans qui a suivi une formation technique et professionnelle était de 3,1% en 2010, contre une moyenne nationale de 4,5%.

Croissance économique et taux de chômage
Le Burkina Faso a enregistré un taux de croissance économique moyen d’au moins 5% par an, depuis 1964. Au cours de la période 1994-2014, la part du secteur des services dans la formation du PIB a dépassé 45%; celle de l’agriculture variait entre 28% et 31% et celle de l’industrie a fluctué entre 14% et 24%.
Une analyse de la dynamique de croissance dresse le bilan des principales insuffisances structurelles de l’économie. Ce sont: la productivité du secteur agricole dominé par l’agriculture de subsistance soumise à la variabilité des précipitations, le faible développement du secteur agro-industriel, l’accès restreint aux services financiers, une base étroite des produits d’exportation, l’insuffisance de ressources humaines nécessaires.
De plus, la croissance économique est vulnérable au changement climatique, à la volatilité des prix des produits d’exportation (or et coton) et à la baisse de l’Aide au développement d’Outre-Mer (APD).
Dans le domaine de l’emploi, la proportion de femmes employées dans les secteurs public et privé formel est passée de 20% à 24,17% en 2013 ; à mi-chemin de la parité entre les sexes dans l’emploi formel.
En 2014, le taux de chômage au niveau national a été estimé à 6,6%. Dans les zones rurales, les jeunes de moins de 25 ans (14,1% en 2014) et les femmes (9,9% en 2014) sont les plus touchés par le chômage. En ce qui concerne la participation politique des femmes, la proportion de sièges qu’elles occupent au parlement, depuis 2000, était inférieure à 30% en 2015.
Quelque 24% des travailleurs sont touchés par le sous-emploi. À peine 5% des travailleurs ont une couverture de sécurité sociale. Le taux de chômage des jeunes diplômés est de 34,5% pour les diplômés de l’éducation et 17,2% pour les diplômés de l’enseignement secondaire.

Un capital humain important, mais mal exploité
En 2015, le Burkina Faso comptait 18,5 millions d’habitants. Un chiffre qui pourrait atteindre les 21,5 millions en 2020; avec un taux de croissance démographique de 3,1%. La population est caractérisée par la très forte proportion de jeunes, avec 67% de moins de 25 ans. La jeunesse de la population est un important avantage pour le développement du pays, à moyen et à long termes ; à condition que ces jeunes soient en bonne santé, aient une formation adéquate et soient intégrés au secteur de la production. En la réalité, la jeunesse burkinabè est confrontée à une pénurie d’établissements d’enseignement public. Elle fait face à un faible taux d’achèvement des études et à un faible taux d’accès à la formation professionnelle.
En matière d’éducation, le Burkina Faso a un système éducatif à vocation générale et non professionnalisante qui ne répond pas aux besoins du marché du travail. En 2015, le taux net de scolarisation était de 65,7%. Seulement 58,4% des élèves achèvent l’enseignement primaire, et cela soulève des questions sur la performance du système éducatif burkinabè.
Dans le secteur de l’enseignement supérieur, 63% d’étudiants sont inscrits dans les sciences sociales et humaines. En 2015, la population estudiantine en formation technique et professionnelle représentait 3,4% de la population totale du système éducatif. Des défis sont aussi à relever dans le domaine de l’éducation. Pour le gouvernent, il s’agit d’améliorer la qualité de l’éducation de base, l’adéquation entre la formation dispensée par le secondaire, l’enseignement technique et les besoins du secteur productif, ainsi que les transformations de l’économie, la construction d’installations scolaires pour la formation professionnelle et d’apprentissage, et la promotion de la profession enseignante.
Dans le domaine de la santé, le profil des indicateurs de santé publique est encore loin des normes internationales. Les indicateurs de mortalité maternelle tablent sur 330 pour 100.000 nouvelles naissances et les indicateurs de mortalité infantile de 43 pour 1.000 nouvelles naissances. Il y a aussi le problème de la malnutrition chronique (30,2% en 2015) qui contribue à la mort d’un enfant sur deux. Les principales contraintes structurelles du secteur de la santé sont des prestations inadéquates de services de santé, l’accès limité des populations aux services de santé, les ressources humaines peu qualifiées, etc.

NK


Relever les défis grâce au PNDES

Quelles sont les décisions à adopter pour assurer la transformation structurelle de l’économie burkinabè ?
Sur la base du diagnostic de la situation économique et sociale, trois défis majeurs à la transformation structurelle durable de l’économie burkinabè ont été évoqués par le gouvernement. Ceux-ci cadrent avec le PNDES. Il s’agit en premier lieu d’instaurer une bonne gouvernance et d’améliorer la qualité des institutions. Ensuite viennent la disponibilité de ressources humaines qualifiées et le développement de bases productives. Le défi de la bonne gouvernance et de l’amélioration de la qualité des institutions entraîne la stabilité des institutions républicaines, la mise en place d’un système juridique et judiciaire efficace, le développement d’une culture nationale de sauvegarde et de promotion de la fierté et de l’identité nationales.
Le défi de la disponibilité et de l’employabilité des ressources humaines adaptées aux besoins de la nation nécessite des investissements substantiels pour accumuler plus de capital humain grâce à l’amélioration de la production du système éducatif, la couverture et le contrôle de la forte croissance démographique.
Le défi de développement des bases productives et de la compétitivité concerne le faible développement industriel et la faible compétitivité de la production de matières premières génératrice d’emplois dans le secteur de la transformation. La transformation de cette base productive dépend de la disponibilité et de l’accessibilité des facteurs techniques de production (eau, énergie, transport et télécommunications). De même, il est nécessaire de réaffecter les activités à faible productivité de ressources à des activités à plus forte productivité.


 

Des avancées dans l’accès à l’eau potable

Au cours de la période 2011-2015, des améliorations significatives ont été enregistrées dans l’accès à l’eau potable dans le pays, ainsi que des progrès en matière d’assainissement dans les zones urbaines.
Le taux d’accès à l’eau potable dans les zones rurales est passé de 58,5% en 2011 à 65%.
En milieu urbain, 89,9% de la population avaient accès à l’eau potable en 2015, contre 80% en 2011. L’accès des populations à l’assainissement était faible 2015 : 12% dans les zones rurales et 34% dans les zones urbaines.
Pour le gouvernement, les principaux défis à la mobilisation et à la gestion durable des ressources en eaux sont, entre autre, l’amélioration de l’accès aux services d’eau et d’assainissement, la protection des écosystèmes existants et une meilleure connaissance des ressources en eaux nationales.

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