Entre les membres de l’ex-SCIMPEX, devenu depuis fin novembre 2017 le Conseil interprofessionnel des entreprises du Burkina Faso (CIDEF), les vœux du nouvel an 2018 ont été présentés le 30 janvier dernier. La cérémonie a eu pour cadre un grand hôtel de Ouagadougou.
Après avoir passé en revue le contexte et les évènements économiques qui ont prévalu en 2017, il a surtout été question des défis qui se dressent à partir de cette année. Des défis à la fois pour l’organisation patronale elle-même, mais aussi pour ses membres à majorité de grandes entreprises de la place dont des filiales de multinationales.
Pour ce qui concerne précisément le CIDEF, en tant qu’organisation, il s’agira de travailler à partir de 2018 à renforcer sa dynamisation après le changement d’appellation. Ce travail va consister à lui donner une bonne visibilité et adapter son fonctionnement aux souhaits qui caractérisent actuellement les patrons qui la composent. «En passant du SCIMPEX au CIDEF, une vraie organisation patronale, nous sommes amenés à défendre nos intérêts, à faire du lobbying, à nous faire entendre auprès du gouvernement sur nos grandes réformes, sur les grandes réformes de la législation qui touche le monde économique», a expliqué Lassiné Diawara, président du CIDEF.
«Depuis sa création avant les indépendances, le SCIMPEX a beaucoup évolué. Le moment était venu de le transformer en patronat post-insurrectionnel», a-t-il dit avec un brin d’humour, provoquant l’hilarité des autres membres, lors de la cérémonie.
Le nouveau format et les nouvelles ambitions du CIDEF vont l’amener, à partir de 2018, à entreprendre plusieurs actions et des démarches pour avoir plus de poids et être plus visible. Tout un chantier dont le président Diawara a décliné les bases.
Dans un premier temps, le CIDEF va travailler à mieux se faire connaitre au plan national. Il s’agira ici d’intensifier les relations avec les autres organisations professionnelles de la place, notamment la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina (CCI-BF), le Groupement professionnel des industriels (GPI) dans lequel les membres du CIDEF se retrouvent pour la plupart, le Cercle des entrepreneurs. Le CIDEF entend également contribuer à l’avènement, dans les jours à venir, d’un Conseil national du patronat burkinabè (CNPB) représentatif.
En deuxième lieu, le CIDEF prévoit de mener des démarches pour se connecter à des organisations hors du Burkina. Cela, parce que beaucoup de ses membres ont déjà des relations avec les sociétés étrangères en Côte d’Ivoire, en France, dans les pays asiatiques. «Dans la zone UEMOA, les organisations que nous connaissons le plus, ce sont le patronat ivoirien, le patronat béninois, le patronat togolais. Nous allons essayer d’être aussi forts et nous faire connaitre également», explique M. Diawara.
Dans sa quête de puissance, le CIDEF a déjà une référence et prévoit de marcher dans ses pas, en témoigne cette anecdote racontée.
«Récemment, lors d’un diner avec l’ambassadeur de France en tant que président du CIDEF, en présence d’un des grands patrons d’Orange, j’ai profité pour lui dire que nous avons choisi le nom CIDEF pour faire un clin d’œil au MEDEF (Mouvement des entreprises de France). Il était très content».
Lassiné Diawara pense alors qu’il va falloir présenter le CIDEF au MEDEF, voir dans quelles mesures des relations peuvent être nouées avec ce dernier et surtout bénéficier de son expérience.
En dehors du MEDEF, le CIDEF pense également se rapprocher et développer des relations avec le CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique), une autre puissante structure.
Toutes ces relations devraient permettre de donner une certaine visibilité à la nouvelle structure et de faire d’elle une vitrine tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. «C’est en cela que nous pourrons jouer notre rôle d’interface du secteur privé vis-à-vis de l’Etat», espère le président du CIDEF.
Joël BOUDA
Déjà des difficultés en ce début 2018
De l’avis de Lassiné Diawara, président du CIDEF, l’année 2018 commence avec au moins trois situations auxquelles les entreprises, notamment celles du CIDEF, devraient faire face.
«Premièrement, je voudrais citer cette crise sociale rampante qui, depuis 2017, crée des problèmes au niveau social. Toutefois, avec la signature récemment d’un protocole d’accord entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation, nous pouvons imaginer que pour les différents corps de l’Etat, il s’agit d’une sorte de prélude à une accalmie sur le front social».
Le deuxième est la révision du Code des impôts. Certes, c’est un Code simplifié (de 1.500 articles nous sommes à 820 sur 250 pages), mais les ambitions au niveau de l’administration fiscale, c’est de passer des recettes de 700 milliards environ à 900 milliards de FCFA pour 2018. Il faut s’attendre à des contrôles plus accrus, mais il faudra éviter les contrôles intempestifs que nous avons connus de par le passé.
Le troisième élément est l’aspect politique. Il y a une sorte d’attentisme en ce début d’année, parce que les rumeurs annoncent un remaniement gouvernemental. Il est important que les choses se mettent en place pour qu’il y ait un nouveau départ».
Une année 2017 plus intéressante que 2016
En termes de bilan, le CIDEF note, pour 2017, une amélioration du contexte économique par rapport à ce qu’il a été la précédente année. Il ressort en effet que «2016 a été très difficile», notamment à cause des attentats terroristes, mais aussi en raison «d’un démarrage progressif, mais un peu poussif, de l’équipe gouvernementale actuelle». «En 2017, c’est vrai que sur le front social les choses n’ont pas été simples, mais il y a un début d’exécution d’un certain nombre de dispositions que le gouvernement avait déjà prévues dans le cadre du PNDES. Egalement, le stock de la dette qui handicapait le fonctionnement de nos entreprises a été liquidé à bien des égards ; pas toujours d’une façon très facile, mais on est arrivé quand même à régler ces problèmes. Par ailleurs, en 2017, nous pouvons dire que notre pays à renouer avec la croissance, selon les indicateurs qui ont été donnés par des organisations internationales (BAD, FMI). Nous espérons que cela va continuer en 2018».