Société-Culture

Richesse mondiale : Quand une minorité s’en accapare

 

82 % des richesses créées en 2017 ont bénéficié aux 1 % les plus riches de la population mondiale, selon le rapport «Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent», publié la semaine dernière par l’ONG Oxfam.
En 2017, le nombre de milliardaires a connu sa plus forte hausse de l’histoire avec un nouveau milliardaire tous les 2 jours. En 12 mois seulement (de mars 2016 à mars 2017), leur richesse a augmenté de 762 milliards de Dollars (environ 400 milliards de FCFA), soit 7 fois le montant qui permettrait de mettre fin à la pauvreté extrême dans le monde.
Le rapport informe par la même occasion que la situation n’a pas changé pour 3,7 milliards de personnes qui constituent la moitié la plus pauvre de l’humanité.
Il pointe du doigt le système économique défaillant qui creuse l’écart entre les riches et les pauvres. Un système économique qui permet à une petite élite d’accumuler d’immenses richesses au détriment de centaines de millions de personnes.
Les grandes entreprises et les grandes fortunes jouent un rôle déterminant dans ces disparités. Elles usent de leur pouvoir et de leur influence pour orienter les politiques publiques en faveur de leurs intérêts. Elles sont obsédées par la maximisation des dividendes pour leurs actionnaires, même si cela nécessite de réduire les salaires de leur personnel et d’éviter de payer leur juste part d’impôt.

Les femmes victimes de discriminations
Parmi ces défavorisés, on retrouve de nombreuses femmes qui peinent à survivre avec un salaire de misère et qui sont privées de leurs droits fondamentaux, informe le rapport. Elles font l’objet de discriminations importantes au travail et se chargent d’une part démesurée du travail de soin non rémunéré.
Dans la plupart des pays du monde, les écarts de richesses entre les femmes et les hommes sont généralement très importants. Les hommes possèdent davantage de terres, d’actions et d’autres actifs que les femmes. Aussi, les hommes sont plus nombreux dans les emplois plus prestigieux et mieux rémunérés.
Oxfam regrette le fait qu’aujourd’hui il soit difficile de trouver des responsables politiques et des chefs d’entreprises qui posent des actions face à ces inégalités. Pour cela, l’ONG pense que l’objectif d’éradiquer l’extrême pauvreté ne pourra pas être atteint, et près de 500 millions de personnes vivront toujours avec moins de 1,90 Dollar par jour en 2030.
Aux Etats-Unis, Donald Trump a été élu avec la promesse d’aider les citoyens ordinaires, mais il a nommé des milliardaires aux différents ministères et fait tout pour réduire considérablement la fiscalité des 1 % les plus riches.

1/3 de la main-d’œuvre dans la pauvreté
Pour le rapport, de plus en plus, avoir un travail ne rime pas avec la garantie de sortir de la pauvreté. D’après de récentes estimations de l’Organisation internationale du travail (OIT), près d’un tiers de la main-d’œuvre dans les pays émergents et en développement vit dans la pauvreté. Au Myanmar, par exemple, des jeunes ouvrières du textile confectionnent des vêtements pour les grands noms de la mode. Elles sont rémunérées 4 Dollars par jour, soit deux fois plus que le seuil d’extrême pauvreté. Elles travaillent 6 à 7 jours par semaine, à raison de 11 heures par jour. Malgré tout ce temps passé à l’ouvrage, elles peinent à répondre à leurs besoins élémentaires (nourriture, médicaments) et se retrouvent fréquemment endettées.
La pauvreté est observée chez les employés temporaires qui ont des salaires bas, moins de droits et bénéficient d’un accès réduit à la protection sociale. Ces emplois sont le plus souvent occupés par des femmes et des jeunes.
Pour beaucoup d’employés temporaires, leur travail est dangereux et nuit à leur santé. D’après l’OIT, plus de 2,78 millions de travailleuses et de travailleurs meurent chaque année des suites d’un accident du travail ou de maladies professionnelles, soit 1 personne toutes les 11 secondes.
Ce personnel fait souvent l’objet de violences. Le personnel hôtelier interrogé par Oxfam en République dominicaine, au Canada et en Thaïlande a signalé des cas réguliers d’agressions ou de harcèlements sexuels perpétrés par des clients masculins.
Le rapport d’Oxfam cite le rapport sur les inégalités dans le monde publié par le Laboratoire sur les inégalités mondiales qui a révélé que les 1 % les plus riches se sont emparés de 27 % de l’augmentation totale des revenus dans le monde entre 1980 et 2016. Dans le même temps, les 50 % les plus pauvres n’ont profité que de 12 % de cette croissance.
Cette dure réalité n’augure pas un meilleur avenir pour les personnes les plus pauvres. Pour Tariq Mobeen Chaudray, Center for Finance for Development, Indus Consortium au Pakistan que cite le rapport, au cours des 20 prochaines années, 500 personnes parmi les plus riches au monde transmettront plus de 2.400 milliards de Dollars à leurs héritiers, soit plus que le PIB de l’Inde, un pays qui compte 1,3 milliard d’habitants.

Elie KABORE


Recourir à la fiscalité pour réduire l’extrême richesse

Comme principale recommandation, le rapport insiste sur la fiscalité. Il recommande de privilégier le paiement de certains impôts dont sont surtout redevables les plus riches, tels que l’impôt sur la fortune, les taxes foncières, les droits de succession et l’impôt sur les plus-values. Il recommande également d’augmenter les taux d’imposition et de recouvrement sur les hauts revenus et d’introduire un impôt mondial sur la fortune des milliardaires pour contribuer au financement des objectifs de développement durable.

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