Léopold Ouédraogo est le directeur de l’antenne nationale de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) dont le siège est à Abidjan. Il présente aux lecteurs de L’Economiste du Faso les deux indices phares de la bourse : l’indice BRVM 10 et l’indice BRVM Composite. Sur l’indice BRVM 10, il explique le mécanisme d’entrée et de sortie des valeurs.
L’Economiste du Faso : La BRVM comporte deux indices phares (la BRVM 10 et la BRVM Composite). Pouvez-vous nous les définir et dire ce qu’ils représentent?
Léopold Ouédraogo, directeur de l’antenne nationale de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM): Dans la réalité, en plus de ces deux principaux indices que sont la BRVM 10 et la BRVM Composite, la BRVM produit quotidiennement sept (07) autres indices appelés indices sectoriels et qui concernent l’agriculture, l’industrie, les services publics, la distribution, les finances, le transport et d’autres secteurs. Mais puisque vous parlez de ces deux-là, je voudrais vous dire que le rôle premier d’un indice boursier est de représenter le plus fidèlement possible toute l’activité, tous les mouvements des titres qui composent un marché dans son entièreté ou une sélection de titres constituant un échantillon. S’agissant de la BRVM 10, elle est composée des dix sociétés les plus actives sur le marché boursier régional; c’est-à-dire les sociétés cotées dont les actions ont été les plus achetées ou vendues; car la notion de liquidité occupe une place fondamentale dans la sélection des valeurs devant composer la BRVM 10.
Pour la sélection des actions des sociétés entrant dans la composition de la BRVM 10 à la fin de chaque trimestre, en plus du critère du volume de titres transigés, il sera pris en compte le fait que :
1. Le montant quotidien moyen des transactions sur l’action considérée, au cours des trois mois précédent la revue trimestrielle, ne doive pas être inférieur à la médiane des montants quotidiens moyens des transactions de l’ensemble des titres.
2. La fréquence des transactions sur cette action devrait être toujours supérieure à 50% ; c’est-à-dire que le titre devrait coter au moins une fois sur deux, durant la période d’étude de trois mois.
Tandis que pour l’indice BRVM Composite, il prend en compte l’ensemble des actions cotées à la BRVM.
On parle d’entrée et de sortie de la BRVM 10. Qu’est-ce à dire? Y a-t-il une conséquence pour l’entreprise qui en sort ou qui y entre?
Il faut savoir que l’indice BRVM 10 est révisé quatre fois par année, à la fin de chaque trimestre, pour servir pour le trimestre suivant. Donc, très régulièrement, des sociétés quittent l’indice BRM 10 pour que d’autres puissent y faire leur entrée, au regard des critères évoquées plus haut, au nombre desquels celui de l’importance des volumes d’actions échangées. Il n’y a pas de conséquence directe pour l’entreprise, en dehors de sa visibilité qui peut s’en trouver diminuer.
Peut-on dire qu’une entreprise qui sort de la BRVM 10 n’est pas intrinsèquement performante?
Non ! La sortie de l’indice BRVM 10 ne peut pas directement être imputée à un manque de performance d’une entreprise, car si vous regardez bien la cote de la BRVM, vous verrez qu’il y a des entreprises cotées qui présentent de très bonnes performances, mais qui ne sont pas dans l’indice BRVM 10 ; tout simplement parce que le volume des transactions sur ses actions n’est pas suffisamment important pour la placer parmi les dix (10) valeurs les plus achetées ou vendues au cours du trimestre précédent, par exemple.
Pour 2018, quelles sont les nouveautés attendues sur le marché boursier?
Pour cette question, je ne pourrai vous répondre que dans les jours à venir, car une rencontre va se tenir à ce sujet pour en préciser certains aspects. Toutefois, je voudrais rappeler un fait majeur qui a eu lieu en décembre 2017. Plus précisément le 19 décembre, c’était le lancement du troisième Compartiment du marché des actions de la BRVM dédié aux PME/PMI. Il est donc clair qu’une grande partie de nos efforts pour l’année 2018 sera consacrée à faire en sorte que les PME /PMI puissent intégrer ce compartiment afin de pouvoir bénéficier des grandes possibilités de financement que leur procure le marché financier régional pour leur développement.
Propos recueillis par FW
L’explication de la sortie de CBI-BF de l’indice BRVM 10
Certains de nos lecteurs, à la lecture de la DBS sur «l’exclusion» de Coris Bank International de l’indice BRVM 10, dans notre édition du 15 janvier, voulaient en savoir plus sur le sujet. D’après les explications du directeur de l’antenne nationale la BRVM, sortir de l’indice n’est ni synonyme de sanction et ni liée à la performance de l’entreprise concernée. Voici un autre avis technique qui soutient l’assertion du directeur national selon laquelle «au cours du dernier trimestre 2017, Coris Bank International était engagé dans le processus d’augmentation de son capital social de 31,250 à 32 milliards de FCFA par l’attribution d’actions gratuites. En d’autres termes, les détenteurs des actions CBI-BF n’avaient aucun intérêt à transiger sur leurs titres au cours de la période sous revue, compte tenu de la prime rattachée au titre. Ce faisant, cela a contribué à réduire le volume des échanges sur l’action. Sans oublier aussi que l’annonce du fractionnement du titre CBI-BF pour le 14 décembre 2017 a également impacté l’évolution des transactions sur la période. La sortie d’une société de la composition de l’indice BRVM 10 ne saurait être interprétée comme une sanction (en parlant d’exclusion) ; tout comme la performance d’une action ne peut être simplement arrimée à son admission dans la composition de l’indice BRVM 10. Le bon fonctionnement du marché boursier requiert une révision périodique des sociétés composant ledit indice; et cela rentre dans l’ordre normal des cycles économiques et financiers.
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