Matinée chaude ce 18 janvier au sein du conseil municipal de la ville de Ouaga, où des conseillers de l’opposition ont tout fait pour empêcher la tenue de la session extraordinaire convoquée par le maire Beoindé. Trois (3) points du projet d’ordre du jour sur les 13 soumis à l’examen du conseil municipal sont à l’origine de ce désordre. Le premier est relatif à l’augmentation des seuils d’approbation des marchés qui passent de 100 millions à 1 milliard de F CFA, le deuxième à l’octroi des marchés par procédure d’entente directe qui passe de 50 millions à 500 millions de FCFA et la troisième à la procédure d’octroi des marchés par consultations restreintes qui passe de 50 millions à 500 millions de FCFA.
Ce projet prévoyait également une approbation par une autre personne compétente que le maire. Mais pour l’opposition, ce sont des tours de passe-passe que le maire voudrait utiliser pour attribuer des marchés à ses amis. Une ambiance délétère qui traduit la suspicion d’une partie du conseil vi -à-vis du maire qui devait soumettre ces propositions au vote.
Minoritaires au sein du conseil, les opposants ont préféré le coup de force pour empêcher son adoption. Le maire a pourtant besoin de ce blanc seing comme outil de gestion pour accélérer la mise en œuvre de son programme et améliorer le niveau d’absorption des fonds mis en place par certains partenaires.
C’est le remake en plus violent de la contestation du projet de loi dérogatoire pour la contractualisation des PPP que le gouvernement avait soumis au parlement en juillet 2017 avec presque les mêmes motivations.
Mais le maire, qui tenait à sa chose, a convoqué le lendemain vendredi un nouveau conseil pour statuer sur le même ordre du jour sous surveillance policière. Finalement, après concertations, les points de divergences ont été retirés de l’ordre du jour et la session a pu se tenir.
Ces dispositions sont pourtant vitales pour la suite du mandat du maire s’il veut réaliser un certain nombre d’activités phares de son mandat. On peut regretter l’absence d’un dialogue préalable et une communication appropriée entre les parties prenantes du conseil municipal qui aurait pu éviter à la ville ce spectacle désolant d’élus locaux s’en prenant à leur propre institution. En outre, les frondeurs estiment que la procédure que le maire veut voir adopter n’est faisable qu’en situation d’urgence. Si c’est ce que dit la loi, il y a donc une possibilité d’attaquer cette délibération si les motivations du maire ne sont pas fondées. Il y avait donc une solution pour contrer les velléités du maire. Mais peu importe l’issue de ce bras de fer, le maire de la capitale est désormais sous surveillance. Ces contempteurs l’attendent au tournant à la moindre faute dans la gestion des marchés publics. C’est peut-être le bon côté des choses : la pression sur les gestionnaires publics afin qu’ils se sentent surveiller par leurs mandants.
FW
Consensus ?
Le maire s’est excusé auprès des populations pour le spectacle offert par le conseil municipal lors de la session précédente, avant de suspendre la session pour des concertations entre les groupes municipaux. Cette concertation a accouché du retrait de deux points controversés. Le conseil s’est exprimé sur la désignation d’Ibrahim Yanogo comme la personne responsable de l’approbation des marchés gré à gré et par entente directe.