Au deuxième jour du mouvement de grève de 72 heures observé par la coordination des syndicats des enseignants du ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA), le gouvernement, à travers son premier responsable, appelle les syndicats à la responsabilité et au sens élevé de responsabilité, en vue de sauver l’année scolaire. Dans une conférence de presse animée le 10 janvier 2018, Paul Kaba Thiéba a fait une mise au point sur le traitement réservé à la plateforme revendicative de la coordination des syndicats des enseignants. Laquelle comporte 4 points déclinés en 23 sous-points. A ce jour, 8 des 23 sous-points ont trouvé satisfaction.
Les négociations entre la coordination des syndicats des enseignants du ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation et la commission interministérielle se sont ouvertes le 20 décembre 2017 sous la houlette du Premier ministre; et ce, après l’échec du dialogue entamé avec le ministre de tutelle, Jean Martin Coulibaly. Ladite commission a fait une étude technique de la plateforme, assortie de propositions de réponses. Celles-ci, selon le Premier ministre, ont été soumises à l’appréciation des syndicats. Cependant, «l’offre du camp Thiéba» n’a pas été du goût des syndicats. Le dialogue a donc du plomb dans l’aile. «Pendant que la commission attendait les appréciations de la coordination, on apprend qu’elle a déposé un mot d’ordre de grève de 72 heures pour les 9,10, 11 janvier 2018», s’indigne Paul Kaba Thiéba. Qu’à cela ne tienne, le gouvernement veut explorer toutes les pistes de solution pour une sortie de crise. Le Premier ministre entend, en effet, s’investir personnellement pour sauver les meubles. Instruction a donc été donnée à la commission technique de revoir à la hausse les propositions du gouvernement, indique Paul Kaba Thiéba. Cependant, le gouvernement, précise-t-il, ne saurait répondre entièrement à la satisfaction des revendications de la coordination.
Selon le Premier ministre, les syndicats de l’éducation réclament un statut autonome dont l’incidence financière se chiffre à 50 milliards de FCFA par an. Mais, pour les besoins de la négociation, le chef du gouvernement s’est gardé de dévoiler le contenu des négociations et des différents points en discussion. A ce sujet, Paul Kaba Thieba se veut plus clair et plus ferme : les recettes fiscales du pays ne sont pas extensibles à souhait. Pour ce faire, l’amélioration des conditions des enseignants se fera dans les limites de la soutenabilité des finances publiques. La facture des accords antérieurs avec certains syndicats s’est révélée très salée pour l’exécutif. «L’évolution de la masse salariale globale a été très forte entre 2013 et 2017. Elle est passée de 353.5 milliards à 630 milliards de F CFA; soit à peu près le double», a indiqué le chef du gouvernement. Et d’ajouter que cette masse salariale représente environ 52% des ressources propres. Le gouvernement semble donc se trouver dans l’impasse au regard de la recrudescence de la fronde sociale, mais reste déterminé à poursuivre le dialogue avec tous les syndicats pour la recherche de solutions appropriées. Cependant, rappelle le Premier ministre, il n’est plus question de continuer la gestion des revendications salariales au cas par cas.
CD
En attendant le rendez-vous de février prochain
Paul Kaba Thiéba fonde ainsi l’espoir sur le rendez-vous de février annoncé par le président du Faso pour le nouveau système de rémunération des travailleurs de la Fonction publique, pour en finir avec les revendications tous azimuts. Tout en assumant sa gestion, le Premier ministre reconnait que le traitement des mouvements et des revendications sociales passées a contribué à créer des inégalités dans la fonction publique.
L’exécutif appelle, du reste, les organisations syndicales à un sursaut patriotique pour un climat serein afin de permettre à Paul Kaba Thiéba et à son équipe d’aborder les grands chantiers dans la mise en œuvre de plan national du développement économique et social.