Quel bilan économique tirer de l’année 2017? Selon les données de la Banque mondiale, l’économie mondiale a enfin repris des couleurs. Une bonne nouvelle qui, hélas, n’arrive pas à rayer de la carte les tempêtes et inondations, la mauvaise qualité de l’éducation, la population de plus en plus jeune et sans emploi.
L’un des plus gros chocs auxquels l’économie mondiale a dû faire face en 2017, c’est l’insécurité alimentaire. Des millions de personnes ont été confrontées à la famine, nécessitant une aide d’urgence. Ils étaient environ 83 millions de personnes dans 45 pays à avoir eu besoin d’une aide alimentaire d’urgence en 2017, soit 60% de plus qu’en 2015. Une situation qui inquiète, car à en croire les experts de la Banque mondiale, la demande alimentaire mondiale est appelée à augmenter d’au moins 20 % au cours des 15 prochaines années. Pour 2018, l’institution a évoqué le chiffre de 76 millions de personnes qui pourraient avoir besoin d‘une aide alimentaire d’urgence.
Changements climatiques
Après trois années de stagnation, les émissions mondiales de dioxyde de carbone sont reparties à la hausse en 2017. Entre 1960 et 2014, ces émissions de CO2, à l’origine des changements climatiques, ont augmenté de 60%. Les concentrations de carbone n’ont jamais été aussi élevées depuis 800.000 ans. Elles entrainent des catastrophes naturelles en série. Des ouragans violents, des pluies de mousson torrentielles et des inondations historiques ont engendré d’énormes pertes en vie humaine et détruit des infrastructures. Le nombre de catastrophes naturelles -des événements qui font plus de 10 morts ou plus de 100 sinistrés- a quadruplé depuis les années 60.
En plus de ces changements climatiques, la Banque mondiale a évoqué, pour 2017, «une crise des apprentissages». Dans les pays les plus pauvres, moins d’un enfant sur cinq à l’école primaire possède les compétences requises en maths et en lecture. Des centaines de millions d’enfants à travers le monde entrent dans la vie adulte sans avoir acquis ne seraient-ce que les compétences nécessaires à la vie. Dans le rapport sur le développement dans le monde 2018, environ 12% des adultes nés dans certaines économies subsahariennes à faibles revenus dans les années 1980 sont plus instruits que leurs parents, contre plus de 80% de la même génération dans certaines parties de l’Asie de l’Est.
Malnutrition et retard de croissance
Depuis 1990, le nombre d’enfants en retard de croissance a sensiblement diminué selon les données de la Banque mondiale. Cependant, des poches de résistance existent toujours. C’est le cas en Afrique subsaharienne où le nombre d’enfants souffrant de retard de croissance est passé de 45 millions en 1990 à 57 millions en 2015. «Si la tendance actuelle n’est pas inversée, le continent africain ne parviendra pas à atteindre l’objectif mondial visant à réduire les retards de croissance de 40 % d’ici 2025», affirment les experts de l’institut.
En plus de malnutrition, il y a les lourdes conséquences du mariage précoce.
Ainsi, les données révèlent que, chaque jour, plus de 41.000 filles se marient avant l’âge de 18 ans. Un rapport de la Banque mondiale datant de 2017 estime à 15 millions les filles qui connaissent ce sort chaque année. Selon ce rapport, un mariage précoce affecte durablement les principales intéressées, mais aussi leurs enfants, leurs familles et même leurs pays. Si l’on parvenait à mettre fin aux mariages précoces à l’horizon 2030, les gains réalisés chaque année en termes de bien-être pourraient se chiffrer à plus de 500 milliards de Dollars par an à l’échelle mondiale.
Alors que l’emploi est l’une des principales voies de sortie de la pauvreté, 60 % des 15-24 ans dans le monde sont au chômage. En Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, la population des 15-24 ans a régulièrement augmenté, jusqu’à atteindre 525 millions en 2015 ; soit près de la moitié de la population jeune mondiale.
Les énergies renouvelables ont le vent en poupe
Les sources d’énergie renouvelable transforment le système de production électrique dans le monde. La tendance est constante: dans chaque année, la capacité installée et les niveaux d’investissement dans le renouvelable établissent de nouveaux records au détriment des combustibles fossiles.
Solaire, éolien, hydroélectricité, géothermie et biomasse: en 2016, les capacités d’énergies renouvelables installées dans le monde ont augmenté de plus de 160 gigawatts ; ce qui représente un investissement de près de 297 milliards de Dollars.
Environ un cinquième de la production mondiale d’énergie provient de sources renouvelables qui, à elles seules, ont constitué l’année dernière plus de la moitié des nouvelles capacités électriques installées dans le monde.
NK
Une croissance mondiale de 3,7 % en 2018
Dans ses prévisions économiques mondiales publiées le 28 novembre 2017, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) se réjouit d’une reprise de la croissance qui se poursuit et se raffermit.
Les experts de l’OCDE pronostiquent une augmentation du Produit intérieur brut (PIB) mondial de 3,7 % en 2018. Le rapport note que les moteurs de la reprise se sont rallumés : le commerce mondial a redémarré, les carnets de commandes des entreprises se remplissent ; l’investissement est reparti. Les créations d’emplois s’accélèrent. Les indicateurs de confiance sont élevés et se traduisent en dépenses de consommation plus robustes. Les pays avancés profitent de politiques monétaires toujours accommodantes, tandis que l’heure n’est plus à l’austérité du côté des politiques budgétaires.
Au rayon des vulnérabilités, l’OCDE souligne aussi le poids démesuré de la dette des ménages et des entreprises : déjà très élevée dans les pays riches depuis la crise, la dette a explosé dans les pays émergents – et notamment en Chine –, ces dernières années. Si ce fardeau ne représente pas un danger immédiat. Il pourrait en être autrement en cas de remontée brutale des taux d’intérêt et de correction sur les marchés financiers. L’institution met en garde contre le risque de voir la croissance retomber comme un soufflé dès 2019.