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Laits infantiles contaminés  : Picot retiré de la vente au Burkina

 

Nouveau rebondissement dans l’affaire de laits infantiles contaminés. Depuis le 21 décembre 2017, le groupe Lactalis annonce le rappel de la totalité de ses produits infantiles et nutritionnels fabriqués ou conditionnés dans l’usine de Craon depuis le 15 février 2017.
Un nouveau scandale pour le groupe laitier qui, après le lait infantile, rappelle aussi les céréales. Tout est parti de signalements transmis le 1er décembre 2017 par les autorités sanitaires françaises concernant un risque de contamination à la salmonelle de laits infantiles. Des plaintes qui ont amené le groupe Lactalis à procéder le 2 décembre 2017 à un premier retrait/rappel de produits au plan national et international. Les investigations menées ont conduit dès le 10 décembre à procéder à un deuxième retrait/rappel de l’ensemble des produits fabriqués depuis le 15 février 2017 dans l’une des tours de séchage de l’usine. «A partir des résultats des analyses renforcées, nous savons désormais qu’une contamination dispersée s’est installée […] suite à des travaux réalisés courant 1er semestre 2017», peut-on lire dans le communiqué du groupe. Face à ce constat, «la décision a été prise d’étendre le retrait/rappel à l’ensemble des produits infantiles et nutritionnels fabriqués ou conditionnés dans notre site de Craon depuis le 15 février 2017».
Ce sont donc 720 lots supplémentaires qui sont retirés du marché en France et à l’international. Le groupe informe que la consommation des produits de marques Picot (poudres et céréales infantiles), Milumel (poudres et céréales infantiles) et Taranis (mélange d’acides aminés en poudre destinés au traitement de pathologies) dont les références sont listées en annexe du communiqué, doit donc être arrêtée et remplacée par un produit de substitution.
A l’annonce des premiers lots de laits infantiles contaminés, le premier pays africain à avoir opté pour le retrait des produits figurant dans la liste est le Maroc. Pourtant, ses produits sont vendus dans la plupart des pays africains et notamment au Burkina Faso. Le plus répandu au pays des Hommes intègres est la marque Picot et les céréales infantiles. La plupart des pharmacies proposent du lait et des céréales Picot dans leurs rayons.
Comment ces officines ont réagi face à l’annonce du retrait de ces produits par le groupe Lactalis ? L’Economiste du Faso a fait un tour de quelques pharmacies de la ville de Ouagadougou le 11, le 13 et le 20 décembre. Constat !

Du lait contaminé dans les pharmacies ?
Au lendemain du premier scandale sur les laits infantiles et malgré la publication de la liste de 620 lots de laits du groupe Lactalis, trois pharmacies sur les cinq visitées proposaient encore ce lait pour les enfants. Le client avait le choix entre Picot 1, 2 et 3, ainsi que les différentes céréales que la marque propose.
Dans l’une des pharmacies à Gounghin, l’un de nos journalistes s’est rendu pour avoir des renseignements. Ce faisant passer pour un parent en quête de réponses, nous avons demandé s’il n’y avait pas de risques à donner le lait Picot aux enfants, suite au fait que ce lait fait partie de la liste de lots retirés. A l’accueil, la vendeuse a répondu: «Il n’y a aucun risque, d’ailleurs nous en avons en stock, vous pouvez l’acheter sans inquiétude». Du lait qui va pourtant être rappelé par le fabricant dix jours plus tard pour risque de contamination.
Le même jour, nous nous sommes rendus dans une autre pharmacie dans le quartier Koulouba, et même constat, le lait Picot était toujours en vente dans les vitrines. Dans cette autre pharmacie en plein centre-ville, les vendeuses nous ont poussés à nous décider vite, parce qu’il ne restait que deux boites de Picot 3 à écouler, type de lait que nous avons demandé. Après avoir payé ce lait, nous nous sommes rendus compte par la suite qu’il fait partie des produits rappelés par Lactalis parce que fabriqué après le 6 mars 2017.
Le principe de précaution n’a pas vraiment fonctionné dans certaines pharmacies. Nos recherches d’informations nous ont conduits à la Direction générale de la pharmacie, du médicament et des produits de laboratoires, sise dans la cour de la Trypano face à la DEP/Santé, à Ouagadougou. Après avoir promis de nous rappeler pour de plus amples explications, il nous a été recommandé le lendemain de passer par la voie officielle ; c’est-à-dire le ministère de la Santé.
En vain avons-nous tenté d’entrer en contact avec la Direction de la communication et de presse du ministère de la Santé.
Cependant, une source extérieure nous a appris l’existence d’une circulaire de la DPML enjoignant aux pharmacies à retirer le lait Picot des rayons. Une circulaire qui, à en croire notre contact, a été adressée à toutes les pharmacies du pays. Au niveau de l’Ordre des pharmaciens, l’existance d’un tel document est confirmée.
Est-ce que la mesure est respectée par tous ? Pour répondre à cette question, nous avons refait un tour dans quelques pharmacies de la capitale.
Surprise encore une fois! Nous retrouvons çà et là quelques boites de lait Picot en vitrine dans ces officines, et ce malgré la circulaire de retrait. Même si dans la plupart des pharmacies on nous répond qu’il n’y en a plus en stock.
Et le président de l’Ordre des pharmaciens du Burkina de nous rassurer que tout est mis en place pour le retrait du lait Picot de toutes les officines. Pour le Docteur Alfred Sandwidi, «la circulaire a été distribuée et le retrait du produit des officines est en cours».

NK


 

Qu’en est-il des céréales Picot ?

L’annonce du rappel des céréales Picot fabriquées ou conditionnées sur le site de Craon depuis le 15 février 2017 n’a été faite que le 21 décembre 2017 ; soit après la parution de la circulaire concernant le retrait du lait Picot des pharmacies du Burkina Faso. Sur cette question, la Direction générale de la pharmacie, du médicament et des produits de laboratoires est aussi attendue, puisque ces céréales sont vendues dans la plupart des officines.
Le ministère de la Santé, qui n’a fait aucune communication autour de la question, est aussi attendu. Il se doit de rassurer les parents inquiets sur les impacts de la consommation de laits contaminés.

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