Le temps passe ; la faucheuse aussi ! Cette faucheuse qui prélève chaque année, dans le pur des hasards, des témoins de ce drame national: l’assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons. Les commanditaires de l’acte ne sont pas aussi en reste.
En attendant que la justice donne à chacun d’eux un visage, des exécutants présumés ou présentés comme tels n’ont pas échappé à la mort.
Ils manqueront ainsi terriblement à la manifestation de la vérité. Le 1er décembre dernier, la mère de Norbert Zongo nous a quittés. En vain elle aura entendu de savoir qui a tué son fils.
Le 13 décembre, la communauté des médias s’est réunie à Koudougou pour rendre un double hommage non seulement à l’illustre défunt, mais aussi à son illustre génitrice qui est entrée dans l’histoire en refusant l’argent pour la vérité sur le supplice de son fils. Sa réponse froide résonne encore dans la mémoire de ceux qui ont pu suivre le documentaire de Gédéon Vink et d’Abdoulaye Diallo.
Elle a su résister à l’argent, mais pas au temps ; ce grand infidèle sur qui personne ne peut compter.
Mais il est des causes qui résistent au temps : les causes justes défendues honnêtement par «des gens bien» qui renoncent au silence, au nom de la vérité et de la justice.
Ces causes la traversent le temps et sont portées par des générations entières.
C’est le cas du dossier Norbert Zongo qui vient de boucler ses 19 ans entre les mains de la justice. L’épisode du dossier concernant l’extradition de François Compaoré poursuivi pour incitation à l’assassinat dans cette enquête devrait être suivi avec beaucoup de circonspection.
On en aura une claire idée en mars 2018. Patience donc ! Encore une question de temps.
Abdoulaye TAO