Pour le comité ONU Femmes France, Fanny Benedetti membre fondateur et Céline Mas, Vice-Présidente
Le Président de la république française, Emmanuel Macron, vient à nouveau de tirer la sonnette d’alarme pendant la 23ème Conférence des Parties (COP 23) de Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) à Bonn du 6 au 17 novembre 2017: la planète est menacée et continuer comme aujourd’hui reviendrait à « accepter tacitement, collectivement, la disparition d’un bon nombre de populations à l’horizon 2100. ». Par ailleurs, plus de 15 000 scientifiques de 184 pays parlent et d’un impératif moral pour les générations présentes et futures à s’engager pour inverser les cercles vicieux engendrés par la surexploitation des ressources naturelles de la planète et des les modes de production et de consommation non viables qui représentent un risque pour l’humanité tout entière. Premières utilisatrices de nouvelles techniques agricoles, entrepreneuses de l’énergie verte ou simplement décideuses des comportements et modes de consommation familiaux, les femmes sont des actrices clefs du changement et des solutions vers un avenir durable
Si les négociations climatiques n’apportent pas de nouvelles assez réjouissantes, l’attention croissante portée à chaque round sur le rôle spécifique des femmes dans la lutte contre le dérèglement climatique et la transition écologique est encourageante.
Cette année encore, à la COP23 à Bonn le rôle des femmes a été mis en lumière à travers l’activisme des associations féministes présentes comme Care France, Adéquations et Women in Europe for a Common Future qui portent sans relâche le sujet aux côtés d’ONU Femmes à chacune des étapes de négociation.
Ce plaidoyer se révèle payant puisque les états viennent d’adopter un plan d’action sur le genre, une première dans ce cadre de négociations. Celui-ci engage les états à aller au-delà des constats de l’impact différencié des enjeux climatiques entre hommes et femmes et à rendre l’ensemble de leurs interventions en faveur du climat capables d’y remédier.
En effet, toute variation climatique affecte de manière spécifique les femmes, en particulier dans les pays du sud, car celles-ci contribuent d’une manière essentielle aux secteurs de la sécurité alimentaire, de l’agriculture, de la santé et de l’énergie. L’ensemble des conséquences du changement climatique qui affectent les ressources naturelles, tels que les sécheresses, inondations et autres événements météorologiques extrêmes, vont contribuer à exacerber la pauvreté des femmes qui y assurent quasiment seules les tâches ménagères.
Aussi, le risque de décès de catastrophes liées au climat est 14 fois plus élevé pour les femmes et les enfants, principalement parce qu’ils ne sont pas ciblées en priorité par les programmes d’alerte et de prévention de ces catastrophes.
Si les femmes ont souvent été considérées comme des protagonistes secondaires, le temps est à l’étude, la valorisation et au renforcement de leur contribution en tant qu’actrices incontournables dans ce domaine. Cela passe nécessairement par le champ du financement.
Les études montrent que prendre en compte le genre dans les politiques de développement, de transports, de gestion durable des forêts, de l’eau, des énergies renouvelables, renforce l’impact et accroit les bénéfices socio-économiques de ces politiques. Agir pour les femmes et pour l’égalité, c’est donc lutter contre le changement climatique. ONU Femmes soutient notamment l’action des femmes pour le climat à travers la Journée Internationale de la femme rurale le 15 octobre et son programme phare – flagship programme – valorisant l’autonomisation des femmes grâce à une agriculture intelligente face au climat. Le programme vise à améliorer l’accès des femmes africaines à la technologie et à l’information en facilitant les plateformes numériques pour les femmes et les données agricoles en temps réel tels que l’information sur les technologies agricoles, les prix du marché, les prévisions météorologiques et à améliorer l’accès des femmes au financement, au crédit et aux investissements.
En France les femmes sont déjà des actrices de premier plan de l’économie sociale et solidaire, dans le domaine alimentaire, de la santé, de l’insertion et du recyclage
Cependant, les moyens dédiés au genre dans le domaine du climat restent largement insuffisants. Ainsi, en 2015, seuls 0,01 % des financements internationaux soutiennent des projets qui intègrent à la fois le climat et les droits des femmes. Le manque d’accès au financement est un frein réel au renforcement des projets conduits par des femmes en matière de transition écologique. C’est aussi indéniablement sur ce terrain des moyens que les Etats doivent s’engager pour cultiver la « résilience » climatique, et éviter que l’humanité ne sombre des suites de sa propre inconscience.