Difficile de garder la tête froide actuellement au Faso. Tout le monde hurle avec les loups, et c’est à celui qui étouffera l’écho de l’autre. Foires d’empoignes médiatiques, mises en scène grotesques; on se déchire sur le maintien ou pas du Général Djibrill Bassolé en prison en attendant le procès du putsch manqué dont l’audience de confirmation des charges est prévue pour ce 25 octobre.
Marches pour exiger sa libération provisoire et contremarches pour exiger son maintien en détention; il faudra tout de même faire attention, car l’affrontement verbal constitue des prémices du passage à l’acte.
La quiétude de ce pays repose sur les frêles épaules d’une justice qui n’a pas encore fini de faire sa mue vers une véritable indépendance, dans le contexte post-insurrectionnel. Ces deux dernières années, la justice focalise un peu trop les attentes, dans un environnement marqué par trop d’illettrisme et par une institution qui ne fait rien pour se dédouaner non plus.
Les inculpés du putsch manqué sont devenus un épouvantail aux mains des partisans de l’ancien régime pour crier à la réconciliation nationale. Dans l’autre camp, ils sont plutôt considérés comme des trophées de guerre à sanctionner pour l’exemple et pour l’histoire. Le pays est plus que jamais divisé sur le traitement des dossiers consécutifs à l’insurrection et au putsch manqué. Pendant ce temps, l’économie tourne au ralenti, et cela ne semble préoccuper outre mesure les frondeurs de tous bords.
La mise en œuvre du PNDES, qui patine à 42% à trois mois de la fin de l’année, n’inquiète pas grand monde non plus ; toute comme cette fin de campagne agricole mi-figue mi-raisin dans plusieurs régions.
Le pays, si l’on n’y prend garde, s’enfoncera tête basse dans une crise qui ne dit pas son nom. On n’est pas loin de l’hystérie collective.
Abdoulaye TAO