Il y a parfois une confusion entre société civile et syndicat. C’est dans l’optique de lever cette confusion que le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a organisé le 3 octobre dernier, à Ouagadougou, un dialogue démocratique autour du thème «Société civile, syndicalisme et politique».
A l’occasion, l’Institut des sciences des sociétés (INSS) a présenté son ouvrage intitulé «transformations sociopolitiques burkinabè de 2014 à 2016». Ce document est un travail collectif d’enquêtes de terrain et d’analyses des transformations sociopolitiques au Burkina Faso de 2014 à 2016. C’était d’abord une activité commanditée par l’ambassade de Suède dans l’objectif d’orienter son intervention en termes de coopération avec le Burkina; et c’est de cette recherche globale qu’est né cet ouvrage scientifique, indique l’Institut des sciences des sociétés.
Les premiers responsables de cet institut expliquent, en outre, qu’ils ne se sont pas contentés de lire les écrits ou d’interroger les gens de manière officielle. C’est une recherche approfondie, menée par le bas, afin d’avoir une base empirique solide; c’est-à-dire que «nous avons cherché à savoir comment les gens qui sont au bord de la rue, qui n’ont pas accès aux médias, perçoivent le changement de situation qui intervient.
C’est pourquoi on parle de récit populaire. On a ciblé non seulement l’insurrection populaire, mais aussi la résistance au putsch. Et cette situation a posé le problème de la jeunesse, de la femme, de la sécurité, des organisations de la société civile et des syndicats. On a donc essayé de poser ces problématiques et de voir ce qu’il faut faire pour améliorer la situation». Ils précisent, par ailleurs, que le travail a été fait en collaboration avec l’université Uppsala et le professeur Sten Hagberg, et avec l’accompagnement de jeunes chercheurs.
Le professeur Sten soutient que les recherches sur les différentes thématiques se poursuivront, particulièrement sur la politique et la sécurité au Burkina Faso. Il pense cependant qu’il est nécessaire d’y intégrer la sécurité des libertés citoyennes.
Comme l’indique son thème, le débat a tourné autour de la société civile et du syndicalisme. Pour le professeur Sten, la société civile burkinabè a des particularités. Et à cette société civile, on n’inclut pas les syndicats ; mais en réalité, dans la littérature scientifique, le syndicat fait bel et bien partie de la société civile.
Le professeur Augustin Loada, maitre Guy Hervé Kam et bien d’autres participants à ce dialogue ont fait une analyse critique de l’ouvrage.
Au chargé d’affaires à l’ambassade de Suède, Mats Harsmar, de souligner que pour la Suède, la démocratie est très importante, car c’est à travers elle que la majorité de la population peut se développer. C’est d’ailleurs pour cela que son pays soutient ce projet. «A travers cette recherche, nous avons voulu avoir un approfondissement de notre propre analyse afin de savoir quelles sont les perspectives», conclut-il.
E M KABORE