Alin-Noumonsan Kambou est le coordonnateur de l’Alliance des fournisseurs burkinabè de biens et services miniers (ABSM). A la faveur de la SAMAO, il revient, dans la présente interview, sur les missions et les attentes de l’association qu’il dirige, tout en portant un regard critique sur les conditions de développement du secteur des mines au Burkina.
L’Economiste du Faso : La SAMAO s’est ouverte. Qu’est-ce que cette Semaine représente pour l’ ABSM et ses membres ?
Alin-Noumonsan Kambou, coordonnateur de l’Alliance des fournisseurs burkinabè de biens et services miniers (ABSM) : La SAMOA constitue un cadre important pour nous, dans la mesure où c’est le lieu où nous pouvons rencontrer généralement tous les acteurs du secteur miniers, ainsi que d’autres partenaires qui s’intéressent au développement du secteur minier, et qui viennent exposer leurs services et produits. En tant que fournisseurs miniers, la SAMAO est un cadre qui nous permet de présenter les solutions mises au point par nos membres au profit du secteur minier, et même au-delà de ce secteur.
Pour vous, quelles sont les conditions pour faire de cette édition de la SAMOA un succès ?
Quand on observe ce qui se passe actuellement dans le pays, la première condition de succès c’est de garantir la sécurité des participants pendant la manifestation. Plus d’un millier de participants sont attendus. Ils auront besoin d’être rassurés qu’ils peuvent participer à cette manifestation en toute quiétude.
La seconde condition, à notre avis, c’est que tous se mobilisent autour de cette activité et participent activement aux séances thématiques afin que les débats aboutissent à des recommandations pertinentes pour le développement du secteur minier. C’est donc une occasion d’échanges d’idées et partages d’expériences avec d’autres pays, notamment le pays invité qu’est le Maroc. Participer aux débats thématiques, visiter les stands pour découvrir les innovations des offres en biens et services dans le secteur minier.
L’opportunité de la SAMAO, c’est que lors des visites, en tant que client minier ou opérateur économique, l’on peut tomber sur des solutions qu’on ignorait auparavant. C’est pour cela que la diversité des stands et des exposants peut être un élément de succès.
Vous êtes une faitière pour les fournisseurs de biens et services miniers. Qu’est-ce qui vous intéresse à cet événement ?
Comme dit plus haut, c’est un cadre offert à nos membres pour présenter leurs expertises, les services et produits qui pourraient intéressés des partenaires. En tant que faitière, nous nous intéressons beaucoup à la thématique. Depuis 5 ans, nous y réfléchissons. Cela nous intéresse énormément d’aller à la rencontre d’autres acteurs pour voir comment ils satisfont les besoins des acteurs du secteur minier en fournitures locales, chez eux. Il y a d’ailleurs un sous-thème sur la problématique de la fourniture locale. Nous y allons en mobilisant nos membres pour donner plus d’éclat à l’événement, et pour participer à la mobilisation de plus de partenaires l’année prochaine.
Pour vos membres, le succès ne se résume-t-il pas aux carnets de commandes bien remplis ?
Ce n’est pas aussi immédiat. Dans le secteur minier, on ne conclut pas un marché juste par un claquement de doigt ; les choses sont plus complexes. Nous allons à cette manifestation pour renouveler notre confiance en nos partenaires avec qui nous travaillons déjà, pour permettre à d’autres encore de découvrir ce que nous faisons. Mais de là, des échanges de contacts peuvent naitre et déboucher plus tard sur des commandes. Donc, de la SAMAO à la conclusion de commandes, il peut y avoir un processus qui peut prendre du temps, à commencer par des discussions préalables jusqu’à des visites s’il y a lieu.
En matière de promotion de la fourniture locale de biens et services miniers, la loi vous est-elle favorable, dix ans après le boom minier burkinabè?
Ce serait trop dire. Il faut dire que nous sommes dans un processus, et nous voyons les efforts qui sont faits dans ce sens. Lorsque nous comparons notre situation à celles d’autres pays miniers ayant 100 ans d’expérience, par exemple, il serait aberrant de croire qu’en 10 ans nous puissions atteindre leurs niveaux de qualité de services et être suffisamment armés pour faire totalement face aux besoins du secteur minier. Chaque acteur doit jouer son rôle. A commencer par le gouvernement, qui a adopté un nouveau Code minier.
Les dispositions prévues en faveur des fournisseurs locaux doivent être mises en œuvre. Le gouvernement doit prendre les devants pour fixer la vision globale et adopter une stratégie claire, de concert avec l’ensemble des acteurs. S’il adopte une stratégie, nous nous mobiliserons pour l’y accompagner.
Il faut aussi noter que le développement et la promotion de la fourniture locale se feront de façon évolutive. En 10 ans, certains pourraient s’attendre à mieux dans le domaine de la fourniture locale, en termes d’opportunités. Mais il aurait fallu disposer d’une stratégique cohérente et lisible dans ce sens.
N’y a-t-il donc pas, jusque-là, une stratégie en la matière ?
La stratégie est en train d’être mise en œuvre à travers l’article 101 du nouveau Code minier qui jette les bases de la définition d’une vision d’ensemble en matière de fourniture locale, l’adoption d’une stratégie assortie d’un plan d’actions et la mise en place d’un cadre tripartite de mise en œuvre pour le suivi-évaluation des résultats qui seront obtenus.
Le thème de la SAMAO, cette année, se rapporte à l’intégration du secteur minier au développement économique des pays. Qu’en pensez-vous ?
C’est une réflexion à mener, parce qu’il y a des choses à faire pour améliorer cette intégration au bénéfice de tous les acteurs et des populations. En 10 ans, on ne peut pas dire qu’on a pu suffisamment intégrer le développement de l’industrie minière au développement local. On prend toujours l’exemple du Ghana et surtout du Canada avec qui nous travaillons à renforcer les capacités des fournisseurs locaux. Nous n’avons pas encore totalisé le temps qu’ils ont mis à développer leurs industries minières, et nous n’avons pas toutes les ressources au niveau local pour booster comme eux le développement de la fourniture locale. Je pense qu’il faut considérer que nous sommes en phase d’apprentissage. En mettant tout ce que nous avons appris en œuvre dans la stratégie qui sera adoptée et mise en œuvre, nous pourrions envisager un avenir meilleur pour le secteur minier.
Où en est l’ABSM avec son répertoire de membres ?
Le Répertoire des fournisseurs miniers (RFM) est une recommandation de 2014 résultant de la Journée des fournisseurs miniers qui est un cadre d’échanges et de réflexions afin de faire des propositions concrètes en vue de renforcer le développement de la fourniture locale. Cette Journée avait regroupé l’ensemble des acteurs (gouvernement, sociétés minières, fournisseurs miniers, chefs d’entreprises, OSC, ONG…). Nous avons donc profité de cette occasion pour lancer le projet d’édition du répertoire des fournisseurs miniers du Burkina Faso, à réaliser en deux phases : une version papier à éditer dans un premier temps, puis une plateforme à créer pour abriter l’ensemble des données récoltées, pour rendre sa consultation plus rapide. Nous projetons d’ailleurs y inscrire plus de 500 fournisseurs miniers.
D’autres acteurs, qui n’interviennent pas directement dans les mines mais qui ont un lien plus ou moins indirect avec ce secteur, y figureront également. Nous voulons à travers ce répertoire donner la chance aux entreprises qui ont des solutions à proposer aux miniers de pouvoir se faire connaitre. L’ensemble du projet est prévu pour s’exécuter sur 9 mois. Nous participons à la SAMAO ; où nous occupons le stand 24 ; pour promouvoir nos services, mais aussi et surtout le répertoire, en offrant 5% de réduction à toutes les inscriptions qui se feront pendant ces trois jours.
JB
Santé des affaires de l’ABSM
En 2013, les membres de l’ABSM ont réalisé un chiffre d’affaires de 70 milliards de FCFA ; mais pas uniquement dans le secteur minier. En termes d’emplois, entre 5 à 7 mille employés, y compris les intérimaires, sont actifs dans l’ABSM. Depuis 2012, le chiffre d’affaires va croissant, en dehors de 2014 et 2015 qui été deux années fortement marquées par les crises sociopolitiques au Burkina.