Un communiqué de ce genre est inhabituel, et cela n’a pas manqué de créer l’effet de surprise chez nombre de Burkinabè. En début de semaine dernière, la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) publiait un communiqué dans lequel elle recommande aux opérateurs économiques de s’abstenir de toute transaction commerciale avec la Corée du Nord. Ce, à la demande du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’étranger et du ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat. Selon le communiqué de l’institution consulaire, cette décision d’interdiction est prise «au regard du contexte actuel, pour que notre pays soit en phase avec les sanctions internationales contre ce pays, et pour ménager nos bonnes relations de coopération avec les États-Unis d’Amérique».
Au Burkina, ce n’est pas tous les jours qu’on voit ce genre de communiqué appelant le monde des affaires à soutenir une position diplomatique contre un pays. Qui plus est, il s’agit ici de la Corée du Nord. Un pays lointain, sans lien diplomatique officiel avec le Burkina, et avec lequel il est peu probable que des opérateurs économiques locaux puissent avoir des relations commerciales. On estime justement que le commerce entre les deux pays se résume à des initiatives individuelles qu’on a d’ailleurs du mal à tracer. En tout cas, la majorité des Burkinabè n’avaient jamais attendu parler de ces relations commerciales.
Même si, officiellement, le Burkina a toujours soutenu les sanctions prises dans le cadre de l’ONU contre le régime de Pyongyang, on n’avait pas eu connaissance de communiqués officiels qui l’affirment de cette façon. Et encore moins de communiqués qui recommandent au secteur privé de tenir compte de cette position dans ses activités. La surprise était donc à plusieurs niveaux.
Que faut-il entendre alors par cette interdiction ouvertement assumée, qui pourtant semble s’appuyer sur du néant? Les questions trouvent difficilement des réponses au-delà de cette volonté soulignée par le communiqué de la CCI-BF de «ménager les bonnes relations de coopération avec les États-Unis d’Amérique». Et pourquoi alors la coopération avec les USA mérite-t-elle que le Burkina s’engage ouvertement à respecter les sanctions contre la Corée du Nord ; ce d’autant plus que dans d’autres pays de la sous-région ouest-africaine qui ont aussi une coopération avec les USA, on n’a pas encore produit ce genre de communiqué?
Pourquoi, au Burkina, a-t-on décidé aujourd’hui de recommander expressément l’abandon de tout commerce avec la Corée du Nord? On a du mal à s’en faire une idée précise ; à moins qu’il ne s’agisse d’une simple formalité, comme pour être dans une mode qui d’habitude est l’apanage des grandes puissances.
Joël BOUDA
On a du mal à trouver le Burkina sur le commerce visé
Lorsqu’on regarde la nature des sanctions économiques contre la Corée du Nord, on se perd davantage sur le sens de la volonté au Burkina d’insister sur l’arrêt de tout commerce avec le régime de Kim Jong-un.
Initiées par les Etats-Unis, les nouvelles sanctions contre la Corée du Nord ont été adoptées le 11 septembre dernier par l’ONU, à l’unanimité. Il s’agit d’un embargo partiel et progressif sur le pétrole et ses produits dérivés et total pour le gaz naturel.
Bien avant, le Conseil de sécurité avait déjà adopté, le 5 août 2017, une résolution interdisant les exportations de charbon, de minerais et des produits issus de la pêche par la Corée du Nord.
Visiblement, il s’agit de produits dont le type ne concerne pas le Burkina. D’où, la surprise face à cette interdiction bruyante.