En 2017, en dehors du secteur de la santé où le Burkina reste loin de ses engagements internationaux en matière d’allocations budgétaires, on note une nette amélioration dans l’affectation des ressources aux autres secteurs sociaux: ceux de «l’éducation» et de «l’assainissement et eau potable», en l’occurrence. C’est ce que révèle une étude du Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB), en cours de validation.
L’étude a consisté à analyser le document du budget-programme 2017-2020 pour apprécier les efforts visant à garantir l’effectivité de certains droits sociaux: ceux des groupes vulnérables (femmes et enfants), en particulier.
La version finale du rapport devrait encore prendre quelques jours avant d’être disponible, mais déjà les chiffres sont disponibles.
Dans le numéro précédent de L’Economiste du Faso, les analyses concernant le secteur de la santé ont déjà été présentées. Mais qu’en est-il pour l’éducation et le secteur de l’assainissement et l’eau potable ?
Concernant l’éducation, l’étude indique que le budget y alloué en 2017 a augmenté de 181,12 milliards de F CFA pour atteindre 528,11 milliards de F CFA. La progression est de + 52, 92%.
En termes de pourcentage, le budget du secteur de l’éducation en 2017 représente 21,51% du budget total, contre 17, 60% en 2016. Ce qui permet de dire que l’allocation budgétaire 2017 à l’éducation respecte l’engagement du gouvernement d’allouer au moins 20% du budget à ce secteur.
Cela est d’autant plus vrai que l’étude indique que sur ce montant destiné à l’éducation, 92,72% sont assurés par les ressources propres de l’Etat. Preuve d’une forte implication de l’Etat dans la réalisation des ambitions fixées dans ce secteur.
Il y a toutefois un bémol. Lorsqu’on s’intéresse à la répartition interne du montant, l’étude constate que le budget de l’éducation est dominé par les charges de fonctionnement qui représentent jusqu’à 74, 67%. Ce qui laisse donc très peu de ressources pour les investissements.
Quant à la répartition du budget de l’éducation entre les différents ministères que ce secteur regroupe, la grosse part revient au ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (82,84%). Le ministère en charge de l’Enseignement supérieur obtient (17,16%) et le ministère en charge de la Formation professionnelle (0,9%).
Un autre regret au niveau de l’allocation budgétaire au secteur de l’éducation, c’est dans le niveau d’exécution des dépenses. Le niveau d’exécution des dépenses gravite autour de 70% de façon générale et 40% pour la rubrique Investissements. Selon l’étude, ce faible taux risque d’inhiber les efforts en matière d’allocations et de compromettre les objectifs fixés dans le secteur.
Quant à la part réservée à l’autre secteur social qu’est l’eau potable et l’assainissement ; dans le budget de 2017, l’étude nous apprend qu’elle a connu une augmentation importante. Elle est, en effet, passée de moins de 50 milliards de FCFA en 2016 à 102, 7 milliards de F CFA.
Ce qui est encore remarquable, c’est que 96,5% de ce montant sont consacrés à la rubrique Investissements. Les investissements ont quasiment triplé (2,9 fois) par rapport à 2016.
Pour les explications, l’étude lie en grande partie la situation au niveau de l’eau et de l’assainissement et aux actions en cours dans le cadre de l’ambition «Zéro corvée d’eau». Laquelle ambition entraine des réalisations de forages, le renforcement du réseau ONEA et la construction de nouveaux barrages, ainsi que des efforts en matière d’assainissement à travers la réalisation de latrines.
Mais, tout comme au niveau de l’éducation, la belle progression des chiffres au niveau du secteur eau et assainissement est également à relativiser si on regarde certains détails, ou si l’on fait une comparaison.
En effet, malgré une nette amélioration, la dotation budgétaire au niveau de l’eau et de l’assainissement est nettement inférieure à celle des autres secteurs tels que la santé et l’éducation.
C’est pourquoi l’étude estime que si cette tendance, comparativement faible, se maintenait, à moyen terme, l’atteinte des ambitions affichées dans ce secteur au niveau du PNDES pourrait être compromise, aussi bien en termes d’accès à l’eau potable qu’au niveau de l’assainissement. En rappel, dans sa vision «Zéro corvée d’eau», le PNDES s’est fixé comme objectif un taux d’accès de 80% au niveau national et de 34% pour l’assainissement, à l’horizon 2020.
Karim GADIAGA
S’occuper des secteurs sociaux pour soigner la pauvreté
Malgré une croissance moyenne de 5,5% sur la période 2000-2016, les conditions de vie des Burkinabè ont du mal à évoluer. Ainsi, le pays reste parmi ceux qui ont le plus faible niveau de développement.
En 2014, l’Indice de développement humain (IDH) du Burkina ressortait à 0,402, plaçant le pays au 183e rang sur 188 pays classés. Dans la même année, le taux pauvreté, l’un des plus forts, se situait à 40,1%. Un taux qui atteint 47, 5% en milieu rural contre 13, 6% en milieu urbain. L’espérance de vie qui est également l’une des plus faibles au monde se situe à moins de 60 ans.
Il ressort que ce faible développement social et la situation de pauvreté sont la résultante des gaps importants enregistrés au niveau des secteurs sociaux prioritaires, notamment l’éducation, la santé, l’eau potable et l’assainissement. D’où la nécessité d’accorder à ces secteurs un intérêt plus grand dans les actions de l’Etat, en leur affectant plus de ressources.
Toutefois, le tout n’est pas d’accorder une part importante de ressources. Il faut aussi choisir des programmes pertinents et s’assurer de la bonne exécution du budget.