Ce sera finalement l’option judiciaire pour le collectif des traders de Social Binvesting. Depuis février 2016, ce groupe de souscripteurs à la plateforme créée par Mickael Wenkouni Breba tente en vain de rentrer à l’amiable dans ses fonds. Pour faire le point de la crise qui oppose le collectif au promoteur de la plateforme sociale, L’Economiste du Faso a reçu le représentant dudit collectif, Beyon Neya. Selon lui, les souscripteurs devaient déposer une somme comprise entre 100 mille et 2,5 millions de FCFA pour spéculer sur des produits comme «Hebdo 10», «Over Trading» et «Instant Trading». Au bout de quelques paiements au titre de remboursement de capital, la machine s’est grippée. Plus de 4.000 personnes seraient victimes de ce site de trading, et les montants en jeu tournent autour de 3,6 milliards de FCFA.
L’Economiste du Faso : Depuis notre dernière entrevue sur le sujet. Que s’est-il passé dans ce dossier ?
Neya Beyon, représentant du collectif des traders de Social Binvesting: Depuis notre entrevue, nous avons effectué un certain nombre de démarches. Nous avons été reçus par le Mogho Naaba. Un certain nombre d’autorités a été touché, et elles avaient promis de voir ce qu’elles pouvaient faire pour dénouer la situation. On nous avait recommandé la gendarmerie pour déposer une plainte. Cela a été fait. Une plainte avait été déposée également au niveau du commissariat de Baskuy. Mais, jusque-là, rien n’a bougé. Je ne sais pas si c’est à cause de la situation nationale, mais, jusque-là, toutes nos actions sont restées vaines.
Et nous supposons que cela ne vous rassure pas du tout par rapport à la suite ?
Oui ! Cela semble corroborer ce que Breba lui-même nous a dit, à savoir que personne ne peut l’empêcher d’exercer son activité au Burkina Faso. Mais nous, nous voulons surtout recouvrer notre argent. Nous continuons de nous rencontrer entre victimes pour développer des stratégies à cet effet. Nous sommes des Burkinabè, et nous ne voulons pas nous écarter de la loi dans le cadre du règlement de ce litige. C’est pour cette raison que nous envisageons de prendre un avocat pour suivre le dossier.
De l’assistance de quel cabinet attendez-vous?
Je ne peux vous donner de nom pour le moment, parce que cette décision n’est pas encore officiellement actée. Nous sommes toujours en discussions sur la constitution d’avocat, et surtout les modalités de l’intervention du cabinet. Nous sommes nombreux, et la situation a affaibli les capacités financières de certains d’entre nous. Les discussions avec l’avocat portent sur ses conditions que nous voulons souples, pour conduire la procédure jusqu’au bout.
Avec le groupe Breba Finances, avez-vous toujours des contacts ?
Non ! Les contacts sont rompus depuis longtemps. La seule information que nous avons, c’est que l’homme continue de travailler comme si de rien n’était, dans ses locaux de Ouaga 2000. Lui-même est là et circule librement. Depuis le 17 février où il avait été question qu’il nous paie ; personnellement, je n’ai plus eu de contact avec lui, fusse-t-il téléphonique.
Ce que vous réclamez aujourd’hui, c’est le capital ou bien les bénéfices générés par l’activité de trading ?
Le capital, à notre entendement dans cette affaire, est le dépôt initial que nous avons fait. Ce serait à partir de cette somme que les options de trading sont faites. Mais à la lecture des choses, ce n’est pas exact ; parce que, pour Breba Finances, si vous déposerez 500.000 FCFA qui produisent un million de FCFA, et que vous en retirez 300.000 FCFA, votre capital revient à 200.000 FCFA. A notre sens, on devrait pouvoir jouir des revenus tirés du capital au lieu de le voir réduire. Le problème, c’est qu’aujourd’hui on n’a ni notre capital ni nos intérêts. Je suppose que des gens qui ont déposé 10 millions de FCFA n’ont pu retirer que 3 millions de FCFA sur celui-ci.
S’agit-il là d’une mauvaise information fournie aux souscripteurs ou…
Non ! Je pense que cela a été fait à dessein. Le monsieur a usé indument notre argent : il s’en est enrichi. Les sommes en jeu sont de l’ordre de 3,6 milliards de FCFA. Selon les dires du promoteur, les personnes concernées sont autour de 4.000 ; mais il y en a plus, en prenant en compte ceux qui intervenaient dans les pays voisins. Lui-même nous a dit que l’argent est en sécurité; mais pourquoi ne nous paie-t-il pas ? Sur sa page facebook, il a annoncé qu’une partie des difficultés de paiement était liée au gel de ses comptes bancaires. Mais nous nous demandons de quel gel de comptes il s’agit? Comment peut-on bloquer un compte de ce type s’il n’y a pas autre chose ? Le motif du gel serait qu’il aurait eu maille à partir avec un de ses partenaires qui aurait ester contre lui en justice.
On a l’impression que beaucoup n’ont pas encore compris que le trading est un moyen d’escroquerie.
Vous savez, il y a ceux qu’on appelle les initiés au trading. Et selon ce que nous savons, Breba lui-même est un trader. Il nous a même parlé d’un Marocain avec qui il travaille sur les marchés internationaux. La plateforme qu’il a lui-même créée constitue son propre business. Avec «Hebdo 10», lui-même «trade» à notre place. Ce que je sais, c’est qu’il y a d’autres personnes qui «tradent» au Burkina, en dehors de la plateforme de Breba.
Entretien réalisé par AT
Les produits du Groupe Breba Finances (GBF)
Hebdo 10: un retrait de 10 % de son capital d’investissement à partir de la 2e semaine de son investissement. Et ce, pendant 5 mois, soit un intérêt de 100 %.
Over trading : ce produit est géré par Breba lui-même, comme un pour inciter ses clients. Ce sont des paris sur la parité de devises (Dollar, Euros et autres).
Il s’agit de donner l’évolution de ces monnaies sur une période ; 3% de la mise, en cas de bons résultats (si le résultat n’est pas seulement 1%) de ce que vous avez investi vous sont reversés. Les gains sont récupérables sur un autre compte, mais pas sur le capital.