La Fédération nationale des organisations paysannes (FENOP) a organisé un atelier de restitution de l’étude de l’état des lieux du sous-secteur de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles locaux au Burkina Faso, le 29 juin dernier. L’objectif était de partager les conclusions de l’étude et de recueillir des suggestions par rapport aux messages de plaidoyer à l’endroit des décideurs en termes d’appui.
Les initiateurs sont partis du constat que «l’Etat burkinabè consacre des ressources importantes au secteur de la production agricole sans pour autant que ces efforts se traduisent par une amélioration durable de la situation socio-économique des populations rurales en général et des femmes en particulier».
Cet état des lieux a donc consisté pour les consultants à analyser le niveau d’investissement public dans le secteur rural. Pour arriver à la conclusion que même si l’Etat fait des efforts, l’impact dans le sous-secteurs de la transformation et de la commercialisation est très faible, surtout à destination des femmes rurales. L’étude se subdivise en six parties avec un accent mis sur le financement public de la transformation et de la commercialisation, un point sur les unités de transformation et les formes organisationnelles des unités de transformation et les recommandations pour améliorer les performances des deux sous-secteurs.
Sur la question du financement, l’étude des contraintes liées à la disponibilité des statistiques (données non désagrégées) n’a pas pu fournir une photographie assez précise. Le montant des investissements exécutés par l’Etat dans le budget global est en progrès entre 2011 et 2016. Mais, fait remarquer l’étude, en termes de pourcentage par rapport au budget global, il connait une baisse sur les trois dernières années. Spécifiquement en ce qui concerne le secteur rural, l’investissement connait une hausse entre 2011 et 2014 de 16,36 à 22,63%. Les chiffres de 2015 et de 2016 n’étaient pas disponibles pour les consultants. La destination de ces investissements publics, selon les consultants, sont, entre autres, l’acquisition de semences et d’intrants agricoles, le renforcement de la mécanisation agricole, le développement de la petite irrigation, la réalisation d’aménagements hydrauliques, de zones pastorales et d’abattoir frigorifique.
Les Organisations professionnelles féminines (OPF) rencontrées dans le cadre de l’étude ont déclaré n’avoir pas bénéficié d’appuis dans le cadre des investissements publics. L’étude confirme le rôle des femmes dans la transformation et les commercialisation des produits locaux. Elles contribuent, entre autres, selon l’étude, à resserrer le lien entre l’offre agricole et la demande alimentaire des urbains, à créer des emplois et des revenus pour les ménages, à valoriser le savoir-faire local. Malgré cet apport à l’économie, les OPF ne semblent pas être vraiment soutenues. L’étude estime même que le privé et les ONG ont éclipsé l’Etat dans ce domaine.
Cette partie a suscité un débat nourri. Les représentants des services techniques de l’agriculture et du ministère de la Promotion de la femme ont tenu à relativiser cette situation. Il a y des appuis et des offres de services dans les secteurs de la transformation et de la commercialisation. Ils ne touchent pas tous les acteurs, certes. L’atelier a insisté sur le caractère insuffisant de ces offres et leur méconnaissance par de nombreuses organisations, potentielles bénéficiaires. Des recommandations ont été faites dans le sens de l’amélioration de la communication et la visibilité des appuis et des offres de services disponibles au niveau de l’Etat. Le contexte est favorable à la promotion des produits locaux, selon les participants qui ont estimé que cette promotion passe nécessairement par la transformation au niveau local.
L’état des lieux des unités de transformation a permis de se faire une idée de leur nombre: 530 en 2013 contre 399 en 2011, soit une progression de 14,32% par an. Les secteurs de la transformation impliquant les femmes, abordés par l’étude, sont le riz avec les étuveuses, le fonio et le karité. Parmi les recommandations de l’étude à l’Etat, on retiendra l’instauration d’un mécanisme financier adapté aux conditions des femmes évoluant dans le domaine de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles; mettre en place une stratégie de communication nationale efficace en vue d’encourager les populations à consommer du local. Les six axes de l’étude sont la production, la transformation et la commercialisation dans les politiques publiques; l’état de la production; la situation du financement public alloué à la transformation et à la commercialisation des produits agricoles, la situation des unités de transformation des produits locaux, la mise en marché, les formes organisationnelles et contraintes des OPF, recommandations et suggestions; les propositions de messages de plaidoyer.
FW
Pour un accès équitable aux investissements
Cette étude a été initiée dans le cadre du projet «Plaidoyer pour une meilleure prise en compte des préoccupations des femmes rurales intervenant dans la transformation et la commercialisation des produits agricoles locaux», financé par l’ONG Trust Africa. Le but principal étant d’identifier et de lever les obstacles aux activités économiques des femmes rurales dans ces deux secteurs, et surtout d’engager ensuite un plaidoyer l’endroit des pouvoirs publics pour un accès équitable aux investissements. Dans ce cadre, la FENOP et l’association Munyu des femmes de Banfora ont réalisé plusieurs activités:
• Co-organisation d’une journée internationale de célébration des femmes rurales pour mettre en évidence les questions de plaidoyer
• Réalisation d’un état des lieux, synthèse des travaux sur les appuis, le financement, l’état des marchés des produits locaux et les besoins des transformatrices au Burkina Faso : le contenu de l’étude sera présenté au cours du présent atelier
• Mise en œuvre des actions de veille citoyenne (conception d’outils et formation d’acteurs relais), en collaboration avec le Réseau de veille pour la commercialisation des céréales, sur le respect des engagements en faveur de la consommation des produits locaux et de la lutte contre la concurrence déloyale et le financement des petits exploitants agricoles.