Le 6 juin dernier, L’Economiste du Faso, représenté par Karim Gadiaga, a pris part à l’émission Dialogue avec le gouvernement, organisée par le Service d’information du gouvernement(SIG). La Rédaction a voulu avoir son ressenti par rapport au débat.
Comment avez-vous trouvé les réponses de la ministre de l’Economie, des Finances et du Développement, lors de l’entretien télévisé du 6 juin dernier ?
Je trouvé la ministre assez combative avec cette envie, chaque fois, d’aller dans des explications très détaillées. Mais au regard du temps imparti à l’émission, il fallait essayer de limiter les réponses pour espérer prendre en compte le maximum de préoccupations. En aucun moment on n’a senti qu’elle tentait de fuir une question ou un sujet. J’ai même trouvé qu’elle a accepté de prendre à son compte des préoccupations, notamment celles qui ont été soulevées dans les éléments vidéos, alors que cela ne relevait pas directement de son ministère. Il y avait des préoccupations qui étaient du ressort du ministère en charge du Commerce ou des Collectivités territoriales.
En réalité, on n’a pas été surpris par cette prestation de madame Rosine Coulibaly/Sori. Chacun de nous la connaissait, plus ou moins, pour cette sorte de passion qu’elle affiche souvent dans ses interventions concernant les sujets de son ministère. Elle a du caractère et un franc-parler qui frise souvent l’agressivité. Devant la presse ou lors de ses interventions pendant certaines rencontres, elle a toujours eu ce langage direct et imposant. On était donc prévenu.
Cependant, ce qu’on craignait avant le début de l’émission, c’est qu’elle ne veuille monopoliser la parole et qu’on ne puisse pas faire le tour des préoccupations que nous avions notées sur nos fiches. Même si parfois on sentait qu’elle avait envie de tirer en longueur, elle a tout de même accepté d’être arrêtée chaque fois qu’on intervenait dans ce sens.
Dans le fond, ses réponses autour des préoccupations soulevées à la fois par des personnes exerçant des activités économiques, des fonctionnaires du ministère et nous-mêmes journalistes sur le plateau ont plutôt été spontanées. Je pense qu’elle a dit les choses comme elle le pense. Je n’ai pas eu l’impression qu’elle avait préparé des réponses qu’elle venait réciter. Maintenant, à chacun d’apprécier. Personnellement, je pense qu’elle s’est défendue, comme on le dit.
On a eu l’impression qu’en tant qu’intervieweur, vous êtes resté sur votre faim concernant certaines questions? Par exemple, sur la question des grèves au ministère des Finances.
Je dirais plutôt que sur des questions comme celles des grèves dans son ministère, elle avait envie de revenir sur des détails qu’elle estime importantes, alors qu’il ne restait plus beaucoup de temps. Visiblement, elle avait envie de faire comprendre des choses, expliquer, selon elle, sa position sur certaines questions au sein du ministère. Des questions soulevées par les syndicats du ministère et qui constituent très souvent des points de désaccords entre eux. De notre côté, on attendait qu’elle puisse répondre rapidement en indiquant sa solution pour éviter ces mouvements répétitifs. J’ai plutôt senti qu’elle avait envie surtout de démontrer en quoi les revendications n’étaient pas toujours justifiées.
Pour le reste, il y a des sujets qui suscitent des débats sans fin. Même si on n’était pas satisfait de certaines réponses, il ne fallait pas s’éterniser sur la question.
A chaque Dialogue avec le gouvernement, on prétexte un de manque de temps pour ne pas aller au fond des choses. Comment cette émission a-t-elle été préparée, et avez-vous des propositions pour en améliorer le format ?
C’est très juste. Le temps n’a pas suffi et beaucoup de questions n’ont pas pu être abordées. Des questions sur l’actualité et sur la façon dont le gouvernement est en train de conduire la mise œuvre du Plan de développement économique et social (PNDES) sont restées en suspens. On avait également voulu que la ministre puisse réagir sur certaines critiques du président de l’Assemblée nationale à l’endroit du gouvernement. Il s’agit des critiques sur «les lenteurs dans l’exécution budgétaire» et sur «les conditions que nous fixent des institutions comme la Banque mondiale» au moment d’accorder des prêts.
Je pense que c’est surtout les éléments vidéos qui ont pris beaucoup de temps, alors que ce sont les mêmes préoccupations qui se répètaient. Parfois, ce sont des préoccupations qui ne sont pas directement de la compétence du MINEFID. A l’avenir, on pourra donc centrer ces interventions vidéos sur des préoccupations en lien direct avec les activités du ministre invité, et aussi sur des questions d’actualité et de grand intérêt. Cela permettra de prendre déjà en compte une partie des questions à poser par les journalistes.
Propos recueillis par la Rédaction