Entre 2008 et 2015, 271 Déclarations de soupçons (DS) ont été reçues et examinées par la Cellule nationale de traitement des informations financières du Burkina (Centif). 39 de ces dossiers ont été classés, 203 sont toujours en cours de traitement et seuls 26 ont fait l’objet de rapport au procureur du Faso.
Face à ce faible taux d’enquêtes et de jugement et, partant, de condamnation, le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a décidé de réagir. En collaboration avec la CENTIF Burkina Faso, il a organisé un atelier national de formation sur les techniques d’enquêtes relatives au blanchiment de capitaux et aux autres crimes ou délits financiers, du 31 mai au 2 juin 2017 à Ouagadougou.
Personnes cibles, les agences de répression criminelle et procureurs en charge des affaires de crimes économiques et financiers. Pour le GIABA, cet atelier vise à renforcer les capacités des enquêteurs et procureurs dans les enquêtes et la poursuite des cas de crimes économiques et financiers, en particulier en ce qui concerne les cas de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, ainsi que le suivi et le recouvrement des produits issus du crime et des actifs dérobés. Et pour s’assurer d’avoir les résultats escomptés, le GIABA a fait appel à des experts régionaux et internationaux ayant une expérience avérée de l’enquête et de la poursuite des cas de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.
Le ton a été donné par le représentant du directeur général du GIABA, le colonel Adama Coulibaly, absent. «Comme les criminels collectent des infractions transnationales, nous allons outiller les participants sur les instruments nationaux et internationaux en matière de coopération judiciaire et policière pour faciliter les enquêtes », a affirmé le colonel Benoit Djaha Konan.
Pour lui, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme constituent de graves menaces pour les systèmes économiques et financiers ainsi que pour la paix et la stabilité de l’Afrique de l’Ouest. Et d’ajouter, «cette lutte fait appel à plusieurs acteurs opérationnels qui doivent œuvrer à mettre fin à ces fléaux et à faire en sorte que des sanctions proportionnelles soient prononcées à l’encontre des fautifs. Cela demande une expertise très élaborée, car les criminels financiers font preuve d’habileté si bien qu’un enquêteur non outillé ne saurait les démasquer». Pour le chargé de missions au ministère de la Justice, Prosper Tapsoba, cet atelier tombe à point nommé car «de nos jours, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme sont les bases de l’évolution fracassante du terrorisme dans la sous-région». Et d’inviter les participants à suivre les communications afin d’acquérir les compétences nécessaires pour accomplir au mieux leurs missions.
NK
Une lutte entamée depuis 2006
Au dire de Marie Béatrice Tassimbedo, présidente de la Centif Burkina, qui a lancé le début des travaux, la lutte contre le blanchiment de capitaux et aux autres crimes ou délits financiers a véritablement débuté en 2006. Le pays avait à l’époque adopté la loi 20-2006-AN, relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux. Depuis lors, ce mécanisme a été renforcé avec l’adoption, début mai 2016, d’une loi relative à la «lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme». Cette disposition légale entre dans le cadre des actions engagées par la communauté internationale en vue de combattre les 2 formes de criminalité financière que sont le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (BC/FT).
La nouvelle loi qui est intervenue après la publication à l’issue du Conseil des ministres du 9 mars 2016 des soupçons de blanchiment portant sur différentes opérations menées en 2015, dont le montant total s’élève à plus de 86 milliards de F CFA.