Petit à petit, le festival du film sur l’alimentation et l’agriculture fait son bonhomme de chemin. La 3e édition a eu lieu à Ouagadougou du 25 au 27 mai dernier. Des films qui servent de prétexte à un débat nourri entre le public et des spécialistes, avec pour objectif final d’éveiller les consciences des consommateurs sur la qualité de leur alimentation. Retour sur l’événement avec le président du festival, Inoussa Maïga, par ailleurs président de l’Association burkinabè des journalistes et communicateurs agricoles (ABJCA).
– L’Economiste du Faso: Vous êtes le président de l’ABJCA qui a organisé le 3e festival du film sur l’Alimentation et l’Agriculture les 25, 26 et 27 mai 2017. Quel bilan tirez-vous de cette édition en termes de participation et de qualité des débats ?
Cette 3e édition du festival de films sur l’alimentation et l’agriculture (Festival Consom’Acteurs) a été un franc succès. Le public a répondu présent. Nous avons eu une sélection de beaux films et les débats qui ont suivi chaque projection ont été de grande qualité. Toute chose qui nous confortent dans le choix d’organiser ce festival. On a noté aussi pour cette année des innovations.
Il s’agit d’une part de la tenue de soirées thématiques (maraichage, lait et coton) qui ont permis d’aborder des questions spécifiques qui se rapportent à la fois aux défis de l’alimentation et du secteur agricole burkinabè et ouest-africain. Nous sommes plus que motivés à poursuivre l’organisation de cet événement qui participe à l’éveil des consciences des consommateurs.
– Entre le maraichage, le lait et le coton, quel est le fil conducteur de ce festival ?
Le fil conducteur de ce festival, c’est vraiment de mettre en débat les défis actuels et futurs du secteur agricole burkinabè en particulier et ouest-africain de manière générale. Comme l’a dit le chercheur Souleymane Ouédraogo, à l’occasion de la première édition du festival en 2015, tant que les problèmes de l’agriculture resteront l’affaire des seuls agriculteurs et techniciens d’agriculture, on ne s’en sortira pas.
Il est important que le citoyen, le consommateur, notamment le citadin, s’approprie ces questions, qu’il en comprenne les enjeux afin de définir lui-même les modalités de sa participation à la résolution des problèmes du secteur. On dit que le Burkina Faso est un pays essentiellement agricole. Pourtant, l’intérêt de l’élite citadine du pays se tourne rarement vers ce secteur. C’est ce à quoi nous avons voulu contribuer à travers ce festival.
– Peut-on s’attendre pour les prochains événements à plus de films, voire une tribune, pour motiver les réalisateurs de films sur l’agriculture?
Nous avons tenu une réunion-bilan du festival. L’un des engagements pris, c’est que l’ABJCA puisse proposer au moins deux films produits par ses membres sur des thématiques précises. L’idée c’est à la fois d’encourager et d’accompagner les journalistes membres de l’association à produire des films qui pourront être exploités dans le cadre et en dehors du festival. Cela s’impose à nous du fait que nous rencontrons beaucoup de difficultés à trouver des films de qualité.
En outre, certains participants ont trouvé que trois soirées, c’est peu. Rien n’est encore sûr, mais nous évaluerons la possibilité d’étendre le festival sur au moins quatre jour. Ce qui nous permettra d’avoir plus de projections.
Nous comptons aussi réintroduire des panels thématiques que nous avions tenus lors de la première édition, mais que nous n’avons pas pu poursuivre lors des 2e et 3e éditions. Pour la 4e édition, en 2018, nous envisageons aussi d’organiser des projections dans des établissements scolaires et universitaires. Autant dire que nous avons beaucoup d’ambitions pour la 4e édition du festival.
– Revenons aux motivations qui ont poussé des hommes de médias que vous êtes à créer une association, puis ce festival.
L’idée de créer l’association et le festival remonte à 2011. J’ai eu d’abord l’occasion de participer en Belgique au Festival de films AlimenTERRE. Puis en 2012, j’ai participé au congrès annuel de la Fédération internationale des journalistes agricoles (FIJA) en Suède.
Une fédération qui existe depuis 1956. Les rencontres que j’ai pu faire à cette occasion et les échanges m’ont beaucoup encouragé à mon retour à mobiliser quelques collègues journalistes et communicateurs ayant un intérêt pour les questions agricoles pour créer une association. L’ABJCA a été ainsi créée en août 2013, puis reconnue officiellement en octobre de la même année. Puis en mai 2015, on tenait la première édition du Festival Consom’Acteurs. C’est une grande satisfaction pour moi de voir ces deux initiatives grandir au fil des ans.
– On a remarqué l’absence de sponsors derrière cet événement, qu’est-ce qui explique cela ?
C’est vrai, cette 3e édition du Festival Consom’Acteurs a surtout un goût très particulier du fait qu’elle a été organisée sur fonds propres, entièrement grâce aux cotisions et dons des membres de l’ABJCA. L’absence de sponsors est surtout liée au fait que nous manquions de temps pour leur courir après et qu’à l’interne on avait les capacités techniques et financières d’organiser l’événement sans appui extérieur. Nous l’avons fait et ça été un succès. Pour la 4e édition, nous pensons que la mobilisation des sponsors est indispensable, pas seulement pour des raisons financières, mais surtout pour faire grandir le festival. Nous voulons travailler à le faire porter par plusieurs acteurs, pour que ça ne soit plus uniquement le «festival de l’ABJCA». C’est pourquoi nous avons déjà désigné un président du comité d’organisation qui a pour charge de constituer un groupe de personnes qui vont travailler à préparer l’édition 2018 dès maintenant.
Propos recueillis par Abdoulaye TAO
Agribusiness TV en bref
Agribusiness TV est la toute première web-télé en Afrique consacrée à la promotion des jeunes qui innovent et réussissent dans le monde agricole. Nous l’avons lancée officiellement en mai 2016 à Ouagadougou. Et un an après, nous couvrons 11 pays. Nous avons produit une soixantaine de vidéos qui ont été vues près de 3 millions de fois. Pour l’instant, nos contenus sont accessibles en ligne, à travers notre site web ou une application mobile (Agribusiness TV) téléchargeable gratuitement par téléphone Android et iOS. Nos contenus sont également accessibles sur notre page Facebook qui compte à ce jour plus de 138.000 fans.
Nous avons aussi remporté des distinctions au niveau international. Entre autres, le premier prix francophone de l’innovation dans les médias organisé par l’OIF, en avril 2017, le prix de la meilleure web-télé lors de la 3e édition de l’Africa Web Festival en décembre 2016. Nous avons également été vainqueurs d’Afrique innovation entrepreneurs, une compétition organisée par Canal France international à laquelle participaient 20 projets médias dont 3 du Burkina Faso. Avec tout cela, Agribusiness TV ne pouvait mieux se porter.
Comment nous finançons nos productions ? C’est principalement grâce à des subventions obtenues au niveau internationale et les récentes issues des services que nous offrons comme les formations et la production de films documentaires à la demande.