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Inata : La mine encore en difficulté

 

Inata, commune rurale située dans le nord du pays, avait vu dans l’exploitation de ses ressources aurifères une réelle possibilité de se développer à travers les retombées de cette activité. Après quelques années seulement d’activités, la mine d’or exploitée par la Société des mines du Belahourou (SMB) détenue majoritairement par Avocet mining, une société de la place de Londres, s’est plutôt fait remarquer par ses crises à n’en plus finir (encadré). La dernière en date est la mise en chômage technique de l’ensemble des travailleurs au début du mois de mai 2017.
Le site est entièrement à l’arrêt et sous la surveillance des forces de l’ordre.
Le 8 mai dernier, une note de service est venu confirmer la mise en chômage technique total de l’ensemble des travailleurs aussi bien sur le site qu’au siège à Ouagadougou. Ce chômage technique total court pour 3 mois et est renouvelable si la situation de l’entreprise ne s’améliore pas. La direction de la mine justifiait sa décision dans une lettre adressée à la direction régionale du travail et de la protection sociale par «une situation économique et financière très critique» due essentiellement à la rupture de la livraison d’intrants. Dans un premier temps, c’était un manque de cyanure et de réactifs pour l’usine de traitement et dans un second temps une rupture d’explosifs et de carburant.
En fait, la mine a de sérieux problèmes de trésorerie pour honorer ses engagements auprès de ses fournisseurs et annonce que des négociations sont en cours depuis le 4 mai dernier avec ses principaux créanciers, sous les auspices du ministère en charge des Mines, note-t-on dans une lettre officielle dont L’Economiste du Faso a eu copie.
Les travailleurs sont sous le choc et d’après un responsable syndical joint au téléphone, «des négociations étaient en cours afin que les travailleurs soient payés pour le mois de mai». Un accord qui avait été obtenu avec l’implication de la direction générale du travail et que le nouveau directeur général de SMB, Cheick Bambara, tenterait de mettre en œuvre avec l’accord de la maison-mère à Londres. Ils sont dans l’expectative.
C’est là qu’une bonne partie des travailleurs a compris que quelque chose de grave se préparait. Ce jour-là, alors qu’ils étaient regroupés pour le départ de Ouaga pour Djibo, la navette a été annulée. Pire, le 5 mai 2017, des bus vides sont allés ramener ceux qui étaient restés sur le site d’Inata et qui attendaient la relève. Finalement, c’est le 6 mai que la direction informera officiellement le personnel de la décision de chômage technique total.
Cette décision a été rejetée par les travailleurs et qui protestent contre.
«Non seulement, ils rejettent l’idée du chômage technique total, mais ils se considèrent en break (repos cédulé) prolongé, s’opposant ainsi à toute idée de retenues sur les salaires dans une correspondance adressée le 10 mai dernier à la direction régionale du travail du Sahel. Pour eux, «la SMB a opéré un lock out illégal; et pour ce faire, ils s’attendent au paiement des journées de travail perdues».
Ce n’est pas le premier arrêt de travail à la mine d’Inata. La toute dernière date d’octobre 2016, suite à la saisie de 74 kg d’or à la requête des travailleurs licenciés qui entendaient se voir payer les droits et autres primes consécutifs au verdict de la cour d’appel dans le cadre de conflit collectif avec la direction de la mine.
La mine avait motivé l’arrêt de travail par le fait que sa trésorerie était déjà chancelante et que si la saisie des 74 kg n’était pas levée, elle connaitrait encore plus de difficultés à honorer ses engagements.
La SMB avait finalement obtenu la mainlevée de la saisie et le travail avait repris. Il faut croire que la situation ne s’est vraiment pas améliorée pour en arriver là.

FW


La grève de trop ?

La grève de deux mois du personnel en 2014 semble avoir été le déclencheur d’une série de difficultés financières pour la mine d’Inata, à écouter son directeur d’alors, Seydou Idé. Elle aurait fait perdre 7 milliards de F CFA à la boîte, accentuant ses problèmes de trésorerie: «Nous fonctionnons sans réserve de trésorerie, le financement de nos activités se fait sur la base des revenus que nous réalisons suite à la vente de notre production». Cet équilibre fragile a été mis à mal par la saisie de la production, le 7 octobre 2016. Car le raffineur sud-africain qui préfinançait la vente de l’or raffiné avait décidé d’arrêter cette faveur à cause des déboires judiciaires de SMB. La reprise n’aura duré finalement qu’à peine un semestre. La SMB est encore dans l’impasse.


Chômage technique: ce que dit la loi

L’article 94 du Code du travail définit le chômage technique comme étant «un arrêt de l’activité d’un établissement lié à un événement insurmontable. Il peut être total ou partiel. La mise en chômage technique est subordonnée à la consultation des délégués du personnel. En cas de chômage technique et à défaut de convention collective de travail, les conditions d’indemnisation des travailleurs sont déterminées par voie réglementaire par le ministre en charge du Travail après avis du comité consultatif.

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