On pourrait le baptiser «l’appel de Bobo-Dioulasso». Le 8 mai 2017, à l’occasion de la 15e Rencontre gouvernement/secteur privé (RGSP), tenue comme d’habitude à dans la ville de Sya, le Premier ministre Paul Thiéba, s’est voulu rassurant sur le PNDES avant de demander expressément aux opérateurs économiques de jouer leur partition dans ce plan de transformation de l’économie qui est déroulé dans le cadre du programme du président Kaboré.
Après le rendez-vous manqué de 2016, le gouvernement et le secteur privé ont renoué avec cette rencontre annuelle qui permet, depuis 2001, de discuter et de s’accorder sur des mesures pertinentes d’amélioration de l’environnement des affaires en vue d’encourager et de pérenniser l’investissement privé. Cette RGSP a été présentée comme celle du renouveau, parce qu’elle est la première sous le régime du PNDES avec le président Roch Kaboré et son Premier ministre Paul Thiéba, mais également la première avec les nouveaux élus consulaires de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF). Ces nouveaux acteurs sont censés donner plus d’efficacité et plus de dynamisme aux engagements issus de la rencontre. A quelques exceptions près, c’est toute la crème du milieu des affaires au niveau national et les représentants de l’ensemble des organisations des opérateurs économiques, toutes catégories confondues, qui ont fait le déplacement de la salle de la Maison de la Culture de Bobo-Dioulasso pour prendre part à cette journée d’échanges avec l’exécutif. Un exécutif représenté par une dizaine de ministres.
Le thème de l’édition portait sur «Quelles mesures pour une contribution efficace du secteur privé à la mise en œuvre du PNDES ?» Toutefois, en toile de fond des échanges, il y avait une certaine jonction entre ce thème et celui qui était retenu pour le rendez-vous manqué de 2016, à savoir «Quelles mesures pour la relance de l’activité économique ?» La logique tient au fait qu’avant la transformation structurelle de l’économie, prévue par le PNDES, il faudra nécessairement des actions préalables de redressement à la suite des chocs socio-politiques des années 2014 et 2015 sur les affaires. C’est donc sur ces deux tableaux, intimement liés, que la complémentarité entre l’Etat et le secteur privé devrait aujourd’hui s’exercer, dans la perspective d’un rayonnement économique.
Rassurant sur la situation économique
En s’adressant aux hommes d’affaires, dans son discours d’ouverture de la 15e RGSP, Paul Thiéba a d’abord exprimé son réel optimisme sur la situation actuelle et sur les perspectives économiques du Burkina. Il a ensuite présenté un contexte et des engagements qui font du secteur privé un maillon très essentiel de la croissance économique en lui offrant des nombreuses opportunités d’affaires. «Le Burkina Faso a opté pour une économie de marché, même s’il s’agit d’une économie de marché régulée. Le PNDES, le référentiel de développement, réaffirme la volonté du gouvernement de faire du secteur privé le véritable moteur de la croissance économique. C’est dans ce sens qu’il préconise des investissements publics structurants sans précédent, dans le but d’accroître la productivité du capital privé et d’assurer des gains de compétitivité. En particulier, il s’agit d’inciter à l’éclosion d’unités de transformation industrielle à effets d’entrainements importants sur tous les maillons de l’économie», a-t-il rappelé.
Engagé sur ce chemin stratégique, mais conscient qu’il y a des «obstacles structurels» qui limitent la rentabilité de l’investissement privé, le chef du gouvernement a présenté l’ensemble des actions et des réformes qui sont en train d’être réalisées en faveur du plein épanouissement du secteur privé.
D’abord, le défi sécuritaire. Sur ce plan, le Premier ministre s’est voulu très rassurant. «La situation au Nord est maitrisée. Les choses sont sous contrôle dans la région du Sahel», a-t-il affirmé.
Même optimisme pour ce qui concerne la situation économique. «Le Burkina Faso va mieux. L’économie nationale se porte mieux. Il suffit de regarder les chiffres de la croissance. En 2016, le taux de croissance se situe entre 6,2 et 5,9%. Il devrait être plus important lorsque le PNDES atteindra sa vitesse de croisière», a déclaré Paul Thiéba.
Au niveau de la situation sociale, tout en déplorant les grèves et les mouvements sociaux qui coûtent des points de croissance au niveau économique, il s’est néanmoins montré compréhensif. «Nous sommes un gouvernement issu de l’insurrection. Nous ne sommes pas un gouvernement répressif. Nous sommes un gouvernement de dialogue et nous allons poursuivre inlassablement le dialogue social avec le syndicat pour en finir avec les blocages qui sont préjudiciables à la bonne marche de l’économie», a-t-il indiqué.
Pour ce qui concerne les perspectives économiques, le Premier ministre a souligné, sans ambages, qu’elles sont bonnes. «Elles sont excellentes à cause du PNDES».
Appel à faire confiance au PNDES
C’est en évoquant précisément le PNDES que le Premier ministre a tenu à lancer son appel solennel aux chefs d’entreprise. Un appel à soutenir la mise en œuvre du PNDES et à participer ainsi à l’ambition de transformer l’économie de façon structurelle.
«Le PNDES, c’est notre horizon. C’est notre vision. C’est l’avenir du Burkina Faso. Il faut avoir confiance au PNDES. C’est une vision cohérente. C’est une vision juste. C’est une vision qui a pour objectif de sortir le pays de la pauvreté. Il faut renoncer à la sinistrose. Il ne faut pas se résigner dans le pessimisme. Il faut renoncer aux combats d’arrière-garde. Les Burkinabè n’ont pas besoin de cela. Ils ont besoin d’avancer. Ils ont besoin d’emplois. Ils ont besoin qu’on crée des richesses. C’est cela notre objectif. Il faut qu’on ait la foi».
«C’est pourquoi je suis là ce matin devant vous pour vous demander, vous qui êtes des capitaines d’entreprise, d’oser investir. D’oser créer des richesses. D’oser créer des emplois. C’est comme cela que vous contribuerez au succès du PNDES et que vous construirez notre pays. Il faut mettre fin à l’attentisme. Il faut croire à la politique du gouvernement et accompagner la réalisation du PNDES. L’axe numéro 3 du PNDES, qui consiste à libérer les secteurs porteurs et à réaliser la transformation structurelle de l’économie, est dédié au secteur privé, car c’est lui qui crée les richesses», a-t-il souligné à l’endroit des opérateurs économiques.
Karim GADIAGA
Les entreprises sinistrées seront indemnisées
Plusieurs actions sont en cours pour soutenir les entreprises en vue de leur permettre de jouer leur partition dans le cadre de la vision du PNDES. Paul Thiéba a indiqué que le gouvernement a engagé des actions prioritaires.
Parmi elles, il y a la «disponibilité d’infrastructures structurantes et stratégiques». A ce niveau, il y a notamment les routes, le chemin de fer, les zones industrielles, les pôles de croissance. Autre action, c’est «la disponibilité de l’énergie». L’ambition consiste, à la fois, à combler le déficit et à réduire le coût à travers les projets en cours. Il y a aussi «la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée», avec la révision de la formation dans les écoles pour satisfaire au besoin de l’économie. L’accès au financement et à l’appui-conseil. A ce niveau, le gouvernement encourage la mise en place d’institutions financières spécialisées pour prendre en compte des secteurs spécifiques. Il appelle également les banques à être favorables à l’investissement avec des prêts à long terme. Il a expressément appelé les chefs d’entreprise à créer des banques. Parmi les actions prioritaires du gouvernement en faveur des entreprises, il y a également les réformes qui visent à améliorer le climat des affaires. Plus de six actions qui visent à faciliter les opérations administratives au niveau des entreprises sont déjà effectuées. Pour ce qui concerne le cas particulier des entreprises sinistrées, tout un plan a été prévu. «Le gouvernement s’attèle actuellement à relancer l’activité des entreprises ayant fait l’objet d’actes de vandalisme, de pillage et de destruction lors de l’insurrection populaire d’octobre 2014. Dans cette optique, il est envisagé entre autres solutions les indemnisations financières directes, les actions d’allègement fiscal, la restructuration des entreprises sinistrées et en difficulté», a annoncé le Premier ministre.