Une nouvelle alliance presque inattendue semble se nouer sous nos yeux. Par la force des choses, allons-nous dire. Des corps qui jadis se regardaient en chiens de faïence se font aujourd’hui des appels de phares.
La justice et le politique, avec au milieu les médias. Ce duo justice-politique a longtemps méprisé le travail de révélation et de dénonciation des actes délictueux fait par les médias, d’où que viennent ces actes, surtout lorsqu’ils touchaient aux deniers publics et aux intérêts de la veuve et de l’orphelin.
Une œuvre de salubrité publique pour laquelle les héritiers de Norbert Zongo ont reçu très peu d’échos favorables de la part des tenants du système Compaoré. C’était l’époque de «vous pouvez écrire tout ce que vous voulez, rien ne changera».
20 ans et une insurrection après, les choses semblent bouger dans le bon sens.
Le processus judiciaire de l’affaire Kanis, de l’aveu du procureur, a été déclenché suite à des écrits persistants de notre confrère le Courrier confidentiel. Et, lors du Conseil des ministres du 3 mai dernier, le porte-parole du gouvernement a réagi à un autre article de Le Reporter sur un présumé détournement 200 millions de F CFA au SIAO.
Le rubicon semble enfin franchi, reste à consolider cette nouvelle alliance embryonnaire en donnant les suites appropriées aux lièvres levés par les médias. Ces derniers doivent, par conséquent, renforcer la qualité de leurs investigations afin de ne pas tomber dans la délation et la diffamation.
Car la justice, volontairement ou involontairement, vient de leur tendre une perche, si tant est que le troisième et le quatrième pouvoirs peuvent danser le tango de la vérité sans se marcher dessus. A ce petit jeu, les dossiers vont sortir. Les acteurs de l’ancien et du nouveau pouvoirs n’ont donc qu’à bien se tenir.
Abdoulaye TAO