Il fait chaud, très chaud même. Le thermomètre s’affole et bat des records. Entre les coupures de courant et les coupures d’eau, il y a longtemps que les ménages ont perdu le sourire. Pour les malades et surtout les personnes âgées, c’est un calvaire. Vivement, que vienne la saison des pluies, si le ciel est clément bien sûr! Car avec les changements climatiques, la météo elle-même ne sait plus à quel nuage se vouer. Il fait chaud et, dans cette canicule, le thermomètre sociopolitique ne veut pas s’en laisser conter. Il n’a pas encore viré au rouge vif, mais la tension est réelle.
Les grèves sont omniprésentes avec leurs cortèges de revendications. Mais, la surchauffe vient du côté de la justice et du politique. La première, avec deux gros dossiers : le début du jugement des anciens membres du gouvernement Tiao le 27 avril, pour avoir requis l’usage des armes contre les manifestants lors de l’insurrection, et le second qui touche au réveil de l’opposition politique cherchant à se positionner dans la perspective de 2020. Le CFOP a initié son premier meeting populaire et la Coder est en campagne pour la réconciliation nationale. Apparemment, il n’y a aucun lien entre ces événements. Mais derrière ce hasard du calendrier, on ne peut s’empêcher de voir le début du processus du solde pour tout compte de l’ancien régime.
C’est tout un gouvernement qui est à la barre et qui va rendre compte de sa gestion, notamment la répression des manifestations. C’est un procès qui s’annonce technique. Mais quelle que soit son issue, il aura une valeur pédagogique aussi bien pour les gouvernants actuels, accusés à tort ou à raison d’instrumentaliser la justice, que pour les aspirants à diriger ce pays. Il est de ce procès comme il en sera de celui à venir sur les malversations commises par certains anciens ministres pendant leurs mandats.
C’est un passage obligé vers cette réconciliation que chaque camp claironne tant. Dans l’agenda vers ce processus, il est donc difficile de faire l’économie de la justice.
Abdoulaye TAO