Selon l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du centre, le trafic de cocaïne et de pétrole sont les principales sources de revenus des terroristes au Sahel.
L’information a été donnée au cours d’un atelier de formation à Ouagadougou du 18 au 20 avril dernier, entrant dans le cadre l’opérationnalisation de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO). Une trentaine de journalistes de la région y était réunie autour du thème «Le journalisme d’investigation dans la région du Sahel».
En ce qui concerne le trafic de drogues, les produits transitent par la Mauritanie, via l’Amérique latine, avant de reprendre leur route vers l’Europe.
Une route qui a évolué au fil du temps. En 2010, les régions du Sahel et de l’Ouest étaient les points de passage les plus réputés par le trafic de cocaïne en provenance et en partance d’Afrique.
Environ 33 tonnes ont quitté l’Amérique latine cette année-là en destination des deux régions, et 10 tonnes en destination de l’Afrique du Sud. Cette cocaïne a ensuite été introduite en Europe. Seulement 18 tonnes, selon le Rapport TOCTA 2013, de l’ONUDC, qui a schématisé une autre route pour la drogue. Celle-ci viendrait de l’Amérique du Nord, transiterait par le Sahel et l’Afrique de l’Ouest, avant de se retrouver en Asie. Aucune quantification n’a été faite pour ce deuxième schéma.
Entre 2010 et 2015, les terroristes ont intensifié ce trafic avec l’arrivée de résines de cannabis, en plus de la cocaïne. Le cannabis, provenant de la vallée du Nil au Maroc, transite par 5 pays de la zone à savoir: la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Soudan. De là se crée une route transcontinentale. Le cannabis qui arrive au Mali passe par l’Algérie et la Lybie en destination de l’Europe via les Balkans. Et celui qui transite par le Soudan est destiné d’une part à l’Egypte, Israël et à la péninsule arabe.
En ce qui concerne la cocaïne, elle suit à peu près la même trajectoire, avec des routes annexes. Parmi elles, on peu noter le trajet Guinée-Mali-Mauritanie-Maroc et Europe. Deux autres pays de la région sont impliqués dans ce trafic. Il s’agit du Burkina et du Bénin.
La drogue qui arrive au Burkina est transféré vers le Niger, en destination de l’Europe et des pays du Golf.
Entre 2012 et 2015, un nouveau phénomène a été noté. Dans les bases de données de l’ONUDC, on découvre une autre route pour le trafic de drogues. Celle-ci quitte les pays d’Asie pour l’Inde et, à partir de là, transite dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, pour être redirigé vers les Etats-Unis et vice-versa.
Blackout sur le trafic de pétrole
Selon l’ONUDC, le trafic de pétrole rapporte un milliard de Dollars aux criminels par an. Si l’agence de l’ONU a pu retracer l’origine de ce trafic, il n’en est rien pour sa destination finale. Le plus gros du stock provient du Cameroun et du Nigeria, pour une «destination inconnue».
Dans le liste des trafics sortants, on note que la traite des femmes rapporte elle aussi de fortes sommes. Environ 300 millions de Dollars selon l’ONUDC. Le trafic s’est développé uniquement au Nigeria et est orienté vers l’Europe. Vient après le trafic d’immigrants à partir du Niger vers l’Europe qui engendre pour sa part quelque 75 millions de Dollars.
Le trafic de cigarettes vient en 3e position des crimes les plus lucratifs. Ces cigarettes proviennent pour la plus grande partie d’Asie, transitent par le Niger avant d’être déversées sur le marché européen. Ce trafic engendrerait pas moins de 775 millions de Dollars annuellement. Il est suivi par celui de médicaments en provenance d’Europe et d’Asie avec pour destination le Mali. Il représente 438 millions de Dollars de revenus.
Le E-déchets vient en dernier dans la liste des trafics sortants de la zone, avec un revenu estimé à 100 millions de Dollars. La plupart des produits viennent d’Europe à destination de la Mauritanie.
NK
La CENOZO en bref
La Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) est une association régionale de journalistes créée pour promouvoir le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest. Mise en place par une vingtaine de journalistes de la région, lors d’une réunion à Ouagadougou, Burkina Faso, le 9 juillet 2015, la CENOZO a été officiellement reconnue par le gouvernement du Burkina Faso le 23 juin 2016 et est logée au Centre national de presse Norbert Zongo, à Ouagadougou, Burkina Faso. La CENOZO vise à renforcer les capacités des journalistes d’investigation en Afrique de l’Ouest à travers des formations, des tutorats, des bourses, du réseautage, du conseil juridique, de l’appui technique aux investigations et de la provision d’un espace de publication. C’est dans le cadre de son opérationnalisation et de la mise en œuvre de son Plan stratégique (2017-2019) qu’elle a organisé un premier atelier de formation du 18 au 20 avril 2017, avec le soutien de l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et de l’Organized crime and corruption reporting project (OCCRP).