Après le temps de l’observation, des déclarations et des appréciations sous diverses formes de la gestion du pays, voici le moment de se mobiliser sur le terrain. Les partis politiques réunis autour du Chef de file de l’opposition politique (CFOP) ont appelé leurs militants et sympathisants à un meeting populaire ce 29 avril à la Maison du Peuple de Ouagadougou. C’est la toute première fois, depuis la fin de la transition, que l’opposition politique dans son ensemble organise un rassemblement public. Cet important évènement aux allures de «rentrée politique», pour ce qui concerne la mobilisation du terrain, avait été déjà annoncé depuis près d’un mois. Au cours du meeting du 29 avril, le CFOP va non seulement partager avec ses militants sa lecture de la situation, dénoncer encore les maux, mais il s’est agi aussi de présenter sa plateforme de combat démocratique pour ce qui concerne la suite.
Mais à quelques jours du rendez-vous, le CFOP a organisé le 20 avril dernier, à son siège à Ouagadougou, une conférence de presse pour expliquer le sens de la démarche. Une conférence qui a réuni autour de Zépherin Diabré, président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et Chef de file, des responsables et représentants de partis comme AchileTapsoba et Léonce Koné du CDP, Gilbert Noël Ouédraogo de l’AD/RDA, Amadou Dabo de l’UNDD, Victorien Tougouma du MAP et candidat à la présidentielle de novembre 2015, Jean Hubert Bazié du parti de L’Espoir, Rasmané Ouédraogo de la NAFA, Mamadou Kabré du PRIT Lannaya et autres. « Un meeting d’un parti politique ou d’un groupe de partis politiques est un exercice banal, puisqu’il est l’instrument par lequel il maintient le contact avec sa base et galvanise ses troupes », a précisé d’entrée le Chef de file Zéphirin Diabré, dans sa déclaration liminaire. Pour l’opposition, le meeting est une suite logique des conférences de presse et des mémorandums sur les 100 premiers jours du pouvoir et sur la première année de pouvoir de Roch Kaboré. C’est même une nouvelle étape dans son combat démocratique, après avoir pris le temps de s’observer elle-même et d’observer le pouvoir. « Nous sommes de nouveau prêts », a déclaré Zéphirin Diabré, qui estime que l’opinion, assaillie par les maux de la vie quotidienne, est impatiente de sentir l’opposition sur le champ de bataille. Si c’est à ce moment précis que le CFOP sort du bois et organise son premier meeting populaire, cela répond à une logique. « Il fallait laisser un temps minimal à nos dirigeants pour qu’ils fassent leurs preuves. Ou plutôt, pour qu’ils montrent qu’ils ne peuvent faire aucune preuve », explique le Chef de file.
Pour le CFOP, le pouvoir n’est pas dans une logique d’accepter les dénonciations que les partis d’opposition ont faites des maux dont souffrent les Burkinabè. De ce fait, il n’apporte pas de solutions, laissant donc la situation s’empirer.
«Les jeunes sont toujours au chômage; les femmes continuent de se chercher ; les commerçants tirent toujours la langue parce que rien ne s’achète; l’insécurité s’aggrave; les terroristes continuent de nous narguer; les soins de santé continuent d’être un cauchemar pour les familles; les élèves et les étudiants se plaignent amèrement de leurs conditions de vie et d’études; l’économie est toujours en panne; la justice est instrumentalisée pour des règlements de comptes, la corruption est plus présente que jamais… ». Tel est le diagnostic de la situation du pays selon le CFOP.
Karim GADIAGA
Un test pour tous
Le meeting du 29 avril a des allures de test à la fois pour les partis du CFOP, mais aussi pour le pouvoir actuel. Chaque camp devrait apprendre à gérer aussi bien l’organisation de ce genre d’évènements que les effets et conséquences qu’ils induisent. Même si pour la plupart des acteurs de la scène politique actuelle l’exercice ne relève pas du « jamais vu », certains se retrouvent dans des positionnements qui n’étaient pas ceux qu’ils avaient avant. Pour Zépherin Diabré, c’est devenu une habitude. Par contre, c’est presque le baptême de feu ou un réapprentissage pour des néo-opposants issus des rangs des partis comme le CDP, l’ex-parti au pouvoir et ses satellites que sont l’ADF/RDA, l’UNDD, la NAFA et autres. Le même scénario de la découverte vaut pour l’actuel parti au pouvoir, le MPP, dont la vie d’opposant n’aura finalement duré qu’environ une année entre sa création en janvier 2014 et la chute du pouvoir de Blaise Compaoré en fin octobre de la même année. Pour le MPP, l’équation à laquelle il faut réfléchir c’est comment gérer un meeting de son opposition ? Cela s’entend du point de vue de son organisation et des signaux qu’il peut envoyer à la population.