La production d’énergie au Burkina Faso est libéralisée. Désormais, à côte de la Sonabel, de nouveaux acteurs pourront s’investir soit dans le thermique, le solaire ou la biomasse afin de booster les capacités nationales. Cette loi devrait donc attirer et faciliter l’installation d’investisseurs privés.
Avec cette nouvelle loi, la Sonabel, société d’Etat, n’est pas touchée dans son organisation. Elle garde ses prérogatives de producteur, transporteur et distributeur. Au nom de la souveraineté nationale, le segment du transport reste entre les mains de la Société nationale qui devra gérer et coordonner le réseau d’interconnexion qui se met en place dans le cadre du marché sous-régional de l’énergie (WAPP).
Le ministre en charge de l’Energie, Dr Alpha Oumar Dissa, était le 20 avril dernier devant l’hémicycle pour défendre le projet de loi sur la réglementation du secteur de l’énergie au Burkina Faso. A l’unanimité, les députés ont adopté la loi et le président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, a insisté pour que les décrets d’application arrivent très rapidement.
Car, il y a urgence: le taux de couverture nationale est de 34%, en dessous donc du taux africain qui est de 35% (source rapport Banque mondiale, Africa’s Pulse) tandis que le taux d’accès en plus de 50 ans d’indépendance est de 19%.
Le gouvernement a donc décidé d’engager la bataille de l’énergie, notamment la transition vers les énergies renouvelables. Ce mixte énergétique devrait permettre, tel que prévu dans le PNDES, à l’horizon 2020, d’augmenter la puissance installée à 1.000 mW (autour de 300 mW actuellement), de porter la couverture en énergie électrique à 80% sur tout le territoire et de doubler le nombre d’abonnés, qui passera à un million. Autre objectif de cette libération de la production d’électricité, soutenir l’industrialisation du pays en augmentant le disponible et tendre vers un prix du kWh compétitif grâce aux nouvelles sources d’énergie.
11 décrets d’application sont en cours d’adoption et vont faciliter l’application de cette nouvelle loi. Ils préciseront le rôle de chaque acteur (producteur, distributeur, transporteur, régulateur) dans la chaine.
L’adoption de cette loi sur la réglementation générale du secteur de l’énergie a donné lieu à quelques explications sur le fait qu’elle ne prend pas en compte les hydrocarbures. D’après le ministre Dissa, l’avant -projet de loi avait tenu compte de ce secteur, mais au finish, il a été retiré parce que les hydrocarbures font l’objet d’une autre réglementation les plaçant sous la tutelle du ministère du Commerce. Des concertations sont en cours et le ministre a promis que d’ici la fin de l’année, le projet de loi sur les hydrocarbures passera devant les députés.
FW
Quid des miniers
Les sociétés minières, pour leurs besoins propres, produisent de l’énergie. Avant cette loi, il était question de voir comment le surplus de cette production pouvait être introduit dans le réseau national ou au bénéfice des communautés.
A une question sur le partenariat public-privé possible dans ce cadre, voici la réponse du gouvernement « …En libéralisant la production par les titres accordés aux producteurs indépendants et en réglant la question du client éligible, il devient possible à un producteur indépendant de s’installer et de produire pour une mine transitant par le réseau Sonabel, moyennant une redevance, également d’alimenter les villages riverains de la mine à travers un accord avec l’exploitant.
A la fin de l’exploitation de la mine, le producteur d’énergie électrique peut toujours continuer à produire pour alimenter les populations, en accord avec l’exploitant du réseau».