Les investissements dans le secteur de l’éducation de base au Burkina Faso ont connu une hausse ces dernières années grâce à l’appui des partenaires techniques et financiers. Cette augmentation qui a concerné les infrastructures scolaires a eu un effet sur la fréquentation scolaire.
Cet état des lieux a été fait par Tahïrou Traoré, coordonnateur de la Coalition nationale de l’éducation pour tous (CNEPT), lors d’un atelier national sur la politique de l’éducation inclusive pour tous, organisé à Ouagadougou les 4 et 5 avril 2017.
Le forum s’est tenu dans le cadre de la mise en œuvre du projet «Renforcement du dialogue structuré entre les organisations de la société civile et les décideurs politiques sur le droit à une éducation de qualité pour tous en Afrique».
Financé par l’Union européenne dans 6 pays africains dont le Burkina Faso, la Tanzanie, la Sierra Leone, le Mozambique, la Zambie et l’Ethiopie, le projet a comme principale activité l’organisation de campagnes de plaidoyer au niveau national. Tahïrou Traoré reconnait que malgré cette tendance positive, plusieurs préoccupations subsistent en ce qui concerne la rétention des enfants à l’école, l’équité et la qualité dans l’éducation de base, l’efficience et l’efficacité des dépenses publiques de l’éducation et le nombre croissant d’écoles sous paillottes.
Le nombre de classes est passé de 5.131 en 2000 à 13.204 en 2014, soit une augmentation de 157,33%. Mais la répartition de ces infrastructures est inégale entre les zones rurales et urbaines.
Aussi, le taux brut de scolarisation au primaire est passé de 45,9% en 2000 à 83% en 2014. Malgré ces progrès significatifs, les taux de scolarisation au Burkina Faso restent parmi les plus bas au monde.
Bien qu’il y ait une tendance à l’augmentation des effectifs, des disparités persistent au niveau de la parité entre filles et garçons. Cette disparité entre sexes est particulièrement observée dans les taux d’achèvement au primaire.
Contrairement à l’augmentation du nombre de classes et du taux de scolarisation, les indicateurs de qualité de l’éducation n’ont pas connu une réelle amélioration. Les taux de redoublement sont passés de 6,79% à 5,6% en Cours préparatoire (CP), 11,76% à 7,5% au Cours élémentaire (CE) et 20,92% à 22% entre 2007/2008 et 2013/2014.
Le taux d’achèvement quant à lui a augmenté de 38,9% à 57,9% dans la même période. La comparaison avec celle des autres pays montre que les scores du Burkina sont médiocres et la faible qualité du niveau scolaire demeure une préoccupation pour l’éducation burkinabè.
Les contre-performances du Burkina Faso peuvent trouver leurs explications dans 3 principales causes dont la première est liée à l’accès à l’éducation. A ce niveau, on a constaté l’insuffisance de l’offre d’éducation par rapport à la demande des populations. La deuxième cause liée à la qualité se rapporte à l’insuffisance du personnel qualifié, l’insuffisance de la formation des enseignants, la faible qualité des infrastructures éducatives. La troisième cause est liée à la gestion et le suivi où une mauvaise gestion des ressources allouées à l’éducation a été relevée.
Quelles sont les solutions à apporter à cette situation ? Pour Tahïrou Traoré, les résultats des efforts déployés par l’État ont certes contribué à une hausse des ressources allouées à l’éducation au Burkina Faso, mais cette augmentation continue des ressources ne devrait pas éclipser l’augmentation concomitante de besoins en ressources, en raison de la pression démographique.
En effet, depuis 2000, la population d’âge scolaire a augmenté d’environ 83%. Par conséquent, le Burkina Faso devrait rechercher d’autres possibilités de financement pour l’éducation, parmi lesquelles celles qu’offre le secteur minier.
La responsabilité sociale des sociétés minières implique la prise en compte des préoccupations de la population voisine des sites, comme leur droit à l’éducation.
Elie KABORE
Les opportunités de financement issues du secteur minier
La présence d’au moins 9 sociétés minières industrielles en exploitation au Burkina Faso constitue une opportunité de financement de l’éducation.
La contribution directe des sociétés minières au budget national en termes de taxes et d’impôts sert à financer les projets de l’Etat dont l’éducation.
Aussi, les entreprises, au nom de la RSE, réalisent des investissements au profit des communautés. Le secteur de l’éducation est toujours pris en compte.
Les sociétés minières versent la taxe superficiaire chaque année en fonction de la superficie occupée et de la nature du minerai extrait. 20% de cette taxe sont transférés aux communes abritant les sociétés minières. Une partie de cette somme peut servir à financer l’éducation.
Une grande opportunité de financement de l’éducation proviendrait aussi des ressources du fonds minier de développement local qui a été créé par le Code minier de 2015.
Enfin, les communes abritant les mines bénéficient de la patente après la moitié de la durée de vie de la mine. Une belle opportunité de financement de l’éducation.
La société civile devrait plaider pour une prise en compte de l’éducation dans la définition des projets à financer dans le cadre du fonds minier de développement local et la patente. Elle doit assurer le suivi de l’utilisation de ces ressources et leurs impacts sur les communautés.
Des opportunités de financement du secteur de l’éducation par le secteur minier existent. Il faut donc savoir les exploiter.