Le Discours sur la situation nationale (DSN) du Premier ministre Paul Kaba Thiéba devant la représentation nationale le 14 avril dernier aura été un grand moment de pédagogie. Entre un chef de gouvernement soutenu par sa majorité et une opposition très critique qui ne croit pas vraiment aux sirènes de la relance économique, il fallait bien trouver un arbitre au-dessus de la mêlée. Ce fut alors le président de l’Assemblée nationale qui a officié en arbitre. Il a savamment décrypté les bons et les mauvais points du bilan du gouvernement et tempéré quelquefois l’enthousiasme du gouvernement, notamment sur la question de l’emploi des jeunes, des lourdeurs bureaucratiques persistantes sur les marchés publics. Sur ce dossier, il n’a pas manqué de lancer une pique au contrôleur financier, gardien de l’orthodoxie financière qui devrait lier efficacité et célérité, au risque de plomber le niveau de réalisation des chantiers prévus dans le programme gouvernemental, à cause du taux trop faible de décaissements. La crainte du président Salifou Diallo est réelle, car une chose est de négocier et d’obtenir des financements, et une autre est de les utiliser dans les délais prévus, avec des réalisations concrètes à la clé. Fin 2017 marquera l’an I du PNDES et, si du côté des procédures de passation et de décaissements des financements, on piétine, il y a lieu de craindre le pire.
En tout cas, le Premier ministre est averti. Son prochain passage à l’Assemblée sera un peu plus compliqué si cet indicateur-là n’est pas atteint. Le législateur a fait sa part de boulot en dotant le pays d’une loi qui allégeait dans un premier temps les procédures de passation, puis d’une nouvelle loi plus complète sur les marchés publics: la loi n°039-2016/AN du 2 décembre 2016 portant réglementation générale de la commande publique. Toute chose qui devrait permettre d’aller vite et bien sur les chantiers de développement.
Que le Premier ministre se le tienne pour dit, il lui faut secouer le cocotier, au risque d’échouer.
Abdoulaye TAO
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