En matière d’infrastructures, le continent africain est à la traine par rapport au reste du monde. Le taux d’accès à l’électricité qui est de 35% en Afrique constitue un frein au développement. Le taux d’accès à l’eau potable est meilleur avec 77%.
L’accès au transport est également faible. L’Afrique est la seule région au monde où la densité routière a baissé au cours des deux (2) dernières décennies. Albert Zeufack, économiste en chef pour la région Afrique de la Banque mondiale a donné ces informations au cours d’une vidéo-conférence le 19 avril 2017 regroupant les journalistes de plusieurs pays africains. Cette conférence se tenait dans le cadre de la publication du 15e rapport d’Africa’s Pulse, une publication semestrielle de la Banque mondiale qui analyse l’état des économies africaines. Pour la présente édition, un accent particulier a été mis sur les infrastructures.
Albert Zeufack note que contrairement aux autres secteurs, celui des télécommunications tire son épingle du jeu. Alors que seulement 3 Africains sur 1.000 avaient accès à un téléphone il y a 15 ans, ce taux est passé à 700 Africains sur 1.000 actuellement. L’accès à internet a aussi augmenté et trois facteurs justifient cette hausse. Il s’agit de la volonté politique, des nouvelles technologies et des réformes du cadre réglementaire. Et l’économiste de la Banque mondiale de se demander pourquoi et surtout comment ces réformes pourront être appliquées à d’autres secteurs des infrastructures ?
Il a proposé des pistes de solution sous la forme de réformes à mener, dont la mise en place d’un système efficace de passation de marchés publics où la bonne gouvernance prime. Ce système doit être à même de briser les monopoles et de stimuler la concurrence. Les réformes devront également toucher la capacité des administrations dans l’analyse, la sélection et la mise en œuvre de projets structurants.
Pour le rapport d’Africa’s Pulse, toutes ces réformes doivent stimuler les investissements provenant du secteur privé (national et international) au cœur du développement en Afrique, parce que les investissements publics ont montré leurs limites. Pour y arriver, les pays doivent promouvoir les partenariats public-privé pour attirer les investisseurs.
Une autre réforme proposée est de mettre l’accent sur la mobilisation des ressources domestiques pour financer des projets structurants dans le secteur des routes, de l’énergie, etc. Ces réformes pourront contribuer à rehausser la croissance de l’Afrique projetée à 2,6% en 2017. Pourtant, pour prétendre à un véritable développement, la Banque mondiale estime que l’Afrique doit afficher une croissance supérieure à 7%. Albert Zeufack informe que pour que l’Afrique atteigne un taux de croissance de 2,6% en 2017, il lui faudra surmonter les risques liés à la baisse des prix des matières premières, à la montée du sentiment nationaliste marqué par un protectionnisme des politiques économiques, le renchérissement des conditions de financement.
Aussi, les pays du continent pris individuellement doivent pouvoir surmonter l’instabilité politique auquelle certaines économies font face.
Elie KABORE
Propositions de réformes du cadre macro-économique
Pour Albert Zeufack, économiste en chef pour la région Afrique de la Banque mondiale, « nous devons mettre en œuvre des réformes qui augmentent la productivité des travailleurs africains et créer un environnement macro-économique stable ».
Ces réformes concernent la mobilisation conséquente des ressources pour financer les investissements, la priorisation des dépenses d’investissement, l’amélioration de l’efficacité des dépenses, la révision du cadre réglementaire afin de diversifier l’économie. En matière de fiscalité, les réformes doivent protéger les revenus des pauvres en taxant les plus nantis.
Brève
Fonds miniers de développement local
Crise de confiance entre les OSC et les miniers
La gestion des retombées de l’exploitation minière est une épine au pied de l’Etat. L’adoption du nouveau Code minier dit «Code des insurgés», sous la transition, a semblé trouver la solution «forcée» qui permettrait aux populations «affectées» par les mines ou non de tirer profit de l’exploitation du sous-sol burkinabè. Un fonds minier de développement local a été instauré dans le nouveau Code, sous l’influence des organisations de la société civile. Lors d’une récente sortie, les miniers ont fait grise mine quant à l’application du Code dans son aspect relatif au versement de 1% au profit du fonds minier. Au cours d’une conférence de presse tenue le mardi 11 avril dernier, des organisations de la société civile «répondent» aux miniers. Elles ont brandi le «non» face à ce qu’elles appellent «la tentative de modification du Code minier».
Les miniers soutenus par la Chambre des mines du Burkina estiment qu’ils ne peuvent pas verser 1% de leur chiffre d’affaires au bénéfice dudit fonds, faute de «confiance». Ils s’inquiètent que les fonds ne soient utilisés à d’autres fins par les différents comités de gestion qui seront mis en place. Si c’est le cas, les populations affectées ne s’en prendront pas à l’Etat ou au comité de gestion du fonds, mais plutôt aux sociétés minières.
Ils proposent donc que 0,5% du montant soit accordé au comité de gestion et que 0,5% reste au niveau de la mine qui entreprendra des actions de développement sur place. Les organisations de la société civile refusent tout compromis et crient à la «violation de la loi». Selon elles, c’est une «façon de rendre justice» au peuple. L’argument de la Chambre des mines est vite remis en cause. «La société civile s’inscrit en faux contre cette vision et ne fait pas non plus confiance aux sociétés minières qui ont déjà montré leurs limites en matière d’actions de développement des communautés affectées par leurs opérations», s’indigne Jonas Hien de l’Organisation pour le renforcement des capacités de développement (ORCADE).
Dans le mémorandum des organisations de la société civile burkinabè actives dans le secteur minier pour l’accélération de l’opérationnalisation du fonds minier de développement local, le groupe estime qu’il ne pourrait y avoir de «cogestion» du fonds minier. Selon eux, les miniers veulent utiliser 0,5% du fonds pour des actions de publicité. Pour Jonas Hien, «l’obligation» des miniers, ce n’est pas de «l’assistance» et chacun doit «assumer sa responsabilité sociale» dans l’exploitation de ce qu’il appelle «nos ressources périssables non remboursables».
Pour les OSC impliquées en l’élaboration de ce mémorandum, il faudrait aller «jusqu’au bout pour voir l’impact» afin de tirer une conclusion. Pour l’instant, les OSC comptent mettre l’accent sur le suivi, pour démontrer le contraire aux miniers.
Par S O