Société-Culture

Congrégation des Sœurs Filles camilliennes : Emouvantes confessions de Perpétue Tiemtoré

 

Elle a fait ses premiers vœux en 1980 avant les vœux perpétuels en 1997. Depuis lors, elle est Sœur Fille de Saint Camille. Pourtant, son papa n’en voulait pas. Il lui préférait plutôt sa grande sœur. Mais «les chemins du Seigneur ne sont pas nos chemins», professe celle-là qui s’est battue depuis sa tendre enfance pour devenir et demeurer Sœur de Saint Camille. Elle, c’est Sœur Perpétue Tiemtoré, la petite fille de Donsin qui tient bien aujourd’hui sur ses 63 ans à l’image de sa maman âgée aujourd’hui de 97 ans. En service actuellement à Koupéla, Sœur Perpétue est infirmière. Avec un sourire de religieuse convaincue et une âme sensible aux souffrances d’autrui, la toute première Sœur camillienne (avec Sœur Félicité Gansoré) d’Afrique et du Burkina, s’est confessée sur bien des pans de son évolution jusqu’à cette étape.

– L’Economiste du Faso : Dans quelles conditions avez-vous connu les Sœurs camilliennes ?
Sœur Perpétue Tiemtoré (1re Sœur camilienne d’Afrique et du Burkina): Depuis mon enfance, le Seigneur a mis en moi ce désir de devenir Sœur. Je ne savais pas la congrégation vers laquelle j’allais m’orienter. J’habitais Loumbila et je ne connaissais que les Sœurs de l’immaculée conception (SIC) et les Sœurs de l’Eau vive. J’admirais les SIC, mais je n’y étais pas attirée. Il en était de même pour les Sœurs de l’Eau vive, mais qui ne portent pas d’habits officiels de religieuses. Pourtant, j’avais la pleine vocation de devenir religieuse. Je cherchais donc une autre congrégation. Et vint un jour où un promotionnaire de l’école primaire, qui était au Juvénat garçon, fut accompagné au village, à Loumbila, par des Pères camilliens. C’est au détour de cette rencontre que les Pères ont expliqué la pastorale des Camilliens. C’était la première fois que je voyais leur croix rouge. Après leur retour, j’ai décidé d’aller voir chez les Camilliens si c’est là que le Seigneur me demandait d’aller. Après les concours, j’ai été admise chez les Sœurs qui étaient à Saint Camille. Il n’y avait pas la formation à proprement parlée. Nous avons dû faire les études. Comme il n’y avait pas le Noviciat et l’Aspirandât, nous sommes allée en Italie pour poursuivre la formation.
– Etiez-vous la seule Burkinabè parmi ces Camilliennes ?
C’est le 11 novembre 1967 que les 4 premières Camilliennes italiennes sont arrivées au Burkina Faso. Nous étions 9 Burkinabè à s’y intégrer, mais au bout du parcours, il y a deux qui ont pu devenir Sœurs. Il s’agit de Sœur Félicité Gansoré (qui sert actuellement à Nanoro, dans le Boulkiemdé) et moi-même.

– Qu’est-ce qui a été déterminant pour que vous deveniez Sœur, et surtout Sœur Fille camillienne ?
Je peux dire que c’est un mystère d’amour. C’est comme si on demandait à quelqu’un pourquoi il a choisi tel conjoint ou telle conjointe. Le Seigneur a mis dans mon cœur que cette attraction vers lui était irréversible. Il m’a permis de me donner à lui pour sa mission.
Personnellement, j’ai de la compassion pour les plus pauvres, les malades, les plus petits. Dans mon cœur, il y avait cette attraction vers l’assistance aux plus démunis et aux malades. C’est ainsi que la pastorale des Camilliens m’a beaucoup séduite. Cette pastorale m’a donc réconfortée à rester Camillienne.

– Cette vocation depuis l’enfance n’a certainement pas été sans difficultés au plan familial ?
Ça n’a pas été facile pour moi d’entrer dans la congrégation. Mon papa n’était pas convaincu de ma vocation. Il avait demandé un signe au Seigneur en lui demandant de choisir un de ses enfants pour sa mission. Je ne sais pas quel signe le Seigneur lui avait donné, mais il était favorable à ma grande sœur. Quand elle a donc manifesté son envie d’aller chez les Sœurs de l’Eau vive, il était tout d’accord.
Mais quand j’ai demandé à devenir religieuse, il a refusé et il m’a dit de ne pas mettre ça dans ma tête. Il m’a même dit que si je partais chez les Sœurs, j’allais faire perdre aux co-religieuses leur vocation. Il faisait tout pour me dévier de ce chemin en me suggérant de passer d’autres concours.

– Comment avez-vous pu donc le convaincre pour devenir ce que vous êtes aujourd’hui ?
Si je suis devenue Sœur, c’est grâce en partie à mon grand-frère Ambroise Tiemtoré. Il a dû intervenir pour dire à papa qu’enfin de compte si Perpétue veut devenir Sœur, il faut qu’il la laisse partir. Pour Ambroise, et il l’a dit à papa, c’est le Seigneur qui doit donner le jugement. Il a vraiment demandé à Papa de me laisser partir en précisant que si ce n’est vraiment pas ma route, je vais revenir.

– Et vous êtes partie ?
C’est ainsi qu’il m’a laissée partir. Mais il refusait de signer mes bulletins à chaque fin de trimestre. Petit à petit, il avait commencé à y croire. Quand je suis allée en Italie et que j’ai fait ma première profession, je lui ai envoyé les photos.

– A-t-il réagi ou a-t-il fait comme avec vos bulletins ?
Il m’a écrit une lettre pour me demander pardon. Quand je suis revenue faire les vœux perpétuels au Burkina en 1997, il a accepté même de témoigner et il a entièrement marqué son accord.

– Lui en vouliez-vous ?
Peut-être que son attitude a aidé au renforcement de ma vocation. Il m’a expliqué pourquoi il ne voulait pas.

– Votre grande sœur est-elle finalement restée Sœur ?
(Rires). Non ! Elle est revenue !

– Quelle anecdote marquante retenez-vous de votre cheminement pour devenir Sœur ?
Juste avant d’aller en Italie pour ma formation, j’ai rencontré un homme que je ne connaissais pas du tout. Il m’a dit que le Seigneur lui a parlé en lui révélant que je n’étais pas à ma place. Il a ajouté que le Seigneur lui a confié que je devais sortir de chez les Sœurs pour me marier à lui. Ça m’a vraiment travaillé.
Je me suis confiée à mes responsables tout en espérant d’elles des conseils. Mais pour toute réponse, elles m’ont dit: «A toi de décider. Si tu veux tu sors, si tu veux tu restes». Dans ma prière, j’ai décidé de répondre à l’homme en question en lui disant: «Je ne te connais pas, mais moi aussi j’attends du Seigneur la même révélation qu’il t’a faite. S’il me révèle que je n’ai plus la vocation et que c’est toi qui dois être le compagnon de ma vie, je sortirai. Mais si cette révélation ne me parvient pas, je continue ma route». Cette pensée m’a vraiment aidée à partir en Italie.

– Vous n’avez donc pas eu cette révélation ?
Puisque je suis devenue Sœur (Rires). Si on reste droit avec le Seigneur, on ne désespère jamais. Il faut rester sincère avec le Seigneur qui ne se laisse pas vaincre.

Entretien réalisé par ALG


La singularisante pastorale des Camilliens

Les Camilliennes ont un Charisme spécifique qui est l’assistance aux malades. Fondées le 2 février 1892 en Italie par les Bienheureux Père Louis Tezza, Camillien, et Mère Joséphine Vannini, les religieuses Filles de Saint Camille, communément appelées «Sœurs camilliennes», font œuvre utile. C’est cette pastorale qui a guidé les pas de la petite Perpétue vers cette congrégation. Les Camilliennes cherchent à accueillir tous les malades qui viennent chercher réconfort et guérison. Et Sœur Perpétue de dire: «Même avec les souffrances, le Seigneur est à côté des malades et les aime. Il se sert de notre simple présence, de nos simples regards, de notre sourire et de nos simples gestes au cours des soins à eux apportés pour toucher leur cœur, pour les réconforter et pour les guérir. Notre mission de Camillienne, c’est d’être aux côtés de tous ceux qui sont dans le besoin».

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