«L’Afrique est à présent à la pointe de la création mondiale et elle a beaucoup à apporter au monde de l’art et de la culture, avec la force de ses racines, la puissance de ses ressources humaines, sa jeunesse, avec cette profusion de rythmes et de couleurs qui a toujours fait la beauté de son art», souligne Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées au Maroc, institution orchestrant l’évènement L’Afrique en Capitale.
Célébrer la culture africaine dans toute sa diversité et sa richesse dans un esprit de convivialité et de
partage, telle est l’ambition de cette manifestation d’envergure inaugurée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en présence du Roi de Jordanie. Cet évènement met en exergue le discours prononcé par le souverain marocain à l’occasion du 28e Sommet de l’UA à AddisAbeba. Ouverte au public depuis le 28 mars, cette fête africaine se poursuit jusqu’au 28 avril à Rabat, ville lumière et capitale culturelle du Royaume du Maroc. Et c’est en musique que le coup d’envoi a été donné, notamment avec le quintet Jokko (ensemble en wolof) et Aziz Sahmaoui, qui ont donné des concerts aux sonorités africaines, gnaouas et fusion. Pas moins de 18 lieux emblématiques sont investis,proposant une pléiade d’activités multidisciplinaires. Ainsi, un véritable «roadbook» de découverte a été concocté pour les visiteurs qui pourront durant un mois déambuler dans la capitale en profitant gratuitement des 36 évènements au programme.
Le parcours d’art débute au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain, plus communément
appelé MMVI. Cet espace muséal considéré comme l’un des plus dynamiques d’Afrique et du monde arabe, abrite 3 expositions. «Un regard sur l’Afrique» regroupe un ensemble d’œuvres explorant certaines tendances de l’art contemporain africain à travers des tableaux, sculptures et objets design de grands noms de la scène du continent. Photographie et peinture s’invitent au sein de «Présence commune», une exposition présentant les travaux de deux artistes. WahibChehata y dévoile pour la première fois sa série époustouflante «Renaissance», qui dialogue avec les peintures de guerriers bantus de Kouka. Cette exposition ne pouvait avoir lieu sans un hommage aux artistes décédés, dont le photographe malien Malick Sidibé, la franco-marocaine Leïla Alaoui décédée lors de l’attentat de Ouagadougou en janvier 2016 et le talent OthmaneDilami, disparu tragiquement en décembre dernier.
L’art urbain n’est pas en reste, et ce, dans toute la ville, avec des fresques monumentales d’artistes comme MédéricTuray qui ornent notamment le musée mais aussi un tramway qui sillonne la capitale. Un portrait de la série «RacingMorocco» de Hendrik Beikirch habille un mur de la façade de la Fondation CDG sans oublier un autre tramway aux couleurs des toiles du célèbre artiste malien, Abdoulaye Konaté qui expose «L’étoffe des songes» à l’Espace Expression CDG, lieu incontournable de la vie culturelle de Rabat. A ne pas manquer également,«Flying over Africa», une sélection d’œuvres de la collection du Musée d’art contemporain africain Al Maaden de Marrakech (Macaal). Celle-ci est à découvrir à la Galerie BabRouah, plus grande porte de l’enceinte almohade construite en 1197 abritant aujourd’hui une galerie d’art. Plusieurs autres espaces comme la Bibliothèque nationale, la Villa des Arts ou encore le Musée de Bank Al Maghrib abritent des expositions. Côté 7e art, le Festival des écoles de cinéma qui a pour objectif de renforcer la coordination entre les écoles spécialisées du continent rendra hommage à des vétérans dont Gaston Kaboré.
En parallèle des expositions, les débats d’idées auront une place de choix au sein de cette programmation. Une journée d’étude sur le patrimoine commun en Afrique aura lieu le 6 avril autour de plusieurs thématiques et comptera notamment sur la présence de Sissao Alain Joseph, anthropologue Burkinabé. «L’Agora africaine–L’Afrique en mouvement : migrations, diasporas et mobilités» verra la participation d’Augustin Pale, autre anthropologue du Burkina, enseignant-chercheur à l’Université Ouagadougou 1.
La coordination de cet évènement a été confiée à un fin connaisseur des réseaux culturels africains, Brahim El Mazned. Ce professionnel aguerri de l’évènementiel culturel et artistique est le directeur fondateur de Visa For Music, directeur du festival Timitar et secrétaire général de la Fondation Hiba.
Aïda BOUAZZA