Le 17 mars dernier, à Casablanca, l’institution bancaire Coris Bank du Burkina Faso recevait un trophée d’honneur lors de la 5e édition du Forum international Afrique développement. Cette reconnaissance est le fruit des efforts de Coris Bank à financer le développement économique en Afrique. Nous avons donc recueilli les propos de son président-directeur-général, Idrissa Nassa, afin de comprendre le fonctionnement de son institution et les projets de développement qu’elle prévoit financer.
– L’Economiste du Faso: Le groupe Attijariwafa Bank vous a décerné un trophée d’honneur lors de la 5e édition du Forum international Afrique développement. Que signifie pour vous cette reconnaissance ?
Idrissa Nassa, président-directeur -général de Coris Bank: J’ai été très agréablement surpris par ce trophée qui nous a été décerné. En venant ici, je ne m’attendais pas du tout à cela. Je le prends comme un signe de reconnaissance du système bancaire marocain à l’endroit de l’expertise bancaire de notre sous-région.
De nombreux prix nous ont certes déjà été décernés, mais ce prix d’Attijariwafa Bank présente cette particularité d’être décerné par une institution bancaire africaine, qui pourrait être considérée comme une institution concurrente, et cela est très touchant et encourageant. Avec cette banque et les autres, nous avons su créer une certaine synergie qui contribue à augmenter les financements dans la zone Uemoa. Je tiens aussi à saluer l’expression de la responsabilité sociale d’Attijariwafa Bank à travers l’organisation du Forum international Afrique développement.
Cette initiative nous rappelle qu’une banque n’est pas faite que pour gagner de l’argent, mais elle peut aussi créer des conditions de rencontres et d’échanges qui puissent permettre aux Africains de s’enrichir mutuellement et de contribuer de façon efficace au développement et à l’évolution des mentalités sur notre continent; toute chose qui concourt à son développement.
Notre participation à ce forum se justifie à plus d’un titre. Tout d’abord pour apporter notre soutien à Attijariwafa qui est présente dans la sous-région et qui participe au financement de nos économies de façon active, ensuite pour accompagner les hommes d’affaires de l’UEMOA qui sont venus participer à ce forum dans l’espoir de tisser de nouvelles relations de partenariats, et enfin pour apprendre auprès des sommités présentes et nous enrichir de leurs expériences pour plus d’efficacité dans la conduite de notre institution.
– Quelles sont les difficultés auxquelles fait face le secteur bancaire au Burkina Faso ?
Le secteur bancaire de l’Uemoa rencontre plusieurs difficultés au même titre que ceux des autres zones économiques de notre continent. On peut citer, entre autres, la qualité des entreprises demandeuses de financements. Nombreuses parmi elles n’ont même pas d’information financière ni de plan d’affaires permettant une appréciation technique de l’entreprise.
Il y a aussi l’absence de structure d’encadrement et le faible niveau d’instruction de plusieurs dirigeants de nos PME, des difficultés de recouvrement liées à la lenteur des procédures judiciaires, à la disponibilité et la qualité des ressources des banques, etc. Nous devons travailler à plus de proximité pour renforcer la confiance et créer dans l’esprit de nos populations le réflexe de déposer leurs épargnes dans les banques. Si toute la masse monétaire qui circule dans notre zone transitait par les banques, les économies de nos pays seraient bien mieux financées.
– Quels sont les projets déployés par votre banque pour se rapprocher du monde rural ?
Nous avons créé au sein de la banque un département de la finance inclusive pour prendre en charge toute cette partie de la population qui est peu servie en ce moment. Nous finançons le monde rural, les associations corporatives, les groupements de producteurs et de transformateurs et les femmes à travers des programmes spécifiques qui leur sont dédiés. Pour atteindre les zones les plus reculées, les institutions de micro-finance constituent des relais de proximité pour la banque.
Au Burkina Faso, par exemple, nous sommes la seule banque à être installée dans les zones agricoles comme Bagré, Kongoussi ou Djibo depuis plus de 5 ans.
Ce sont des agences dans lesquelles nous perdons encore de l’argent, mais nous estimons qu’il y va de notre devoir de rapprocher nos services de la population, mais également de parier sur l’avenir. Et nous estimons que c’est de cette façon que nous arriverons à encourager les populations à aller vers les banques afin d’augmenter de façon significative le taux de bancarisation.
Pour ce faire, nous continuons d’investir pour l’élargissement de notre réseau et la réduction significative des coûts et des conditions d’accès au financement pour le monde rural, à travers la mise en place de partenariats avec plusieurs institutions de développement agissant dans ce sens, comme l’USAID, le Fonds koweitien, le Fonds danois, la Coopération canadienne etc.
Entretien réalisé par Germaine BIRBA
Activité islamique
Coris Bank Baraka est l’entité de Coris Bank International entièrement dédiée à la promotion des produits conformes aux règles et principes de la finance islamique. Ce mode de financement qui a des principes différents de la finance conventionnelle permet toutefois d’atteindre les mêmes objectifs. En effet, la Finance islamique constitue donc une alternative qui permet d’élargir notre offre en donnant ainsi plus de choix aux investisseurs. L’exercice de l’activité de Finance islamique fait face à deux contraintes: les contraintes réglementaires et celles charaïques basées essentiellement sur les cinq principes (trois interdictions et deux obligations).
Parmi les trois interdictions, nous avons celle de la pratique du taux d’intérêt.
Plusieurs produits sont proposés à la clientèle dont deux de financement, à savoir la Mourabaha qui est une vente commerciale encore appelée vente de confiance, car le coût d’achats, le coût de revient et le coût de vente incluant la marge sont connus par toutes les parties, et l’Ijara qui peut être assimilé au leasing.
A côté de ces produits, il existe bien d’autres produits (Istina’a, Moucharaka, Moudharaba, Salam). Et, en fonction de la demande formulée, nous essayons avec l’aide de notre Comité Charia d’y répondre en apportant des solutions adaptées.
La clientèle est composée de ceux qui viennent par conviction religieuse, mais aussi de toutes les autres catégories, confirmant ainsi le fait que la Finance islamique soit une finance d’éthique et responsable, qui s’adresse à tous, sans distinction aucune.
L’expérience du Burkina Faso est en cours d’implémentation dans toutes les filiales et succursales du groupe avec la mise en place d’une Fenêtre islamique dans chacune d’elle.