Plus que deux jours, et la 160e Journée internationale de la femme sera célébrée. Le Burkina Faso, comme à l’accoutumée, s’apprête à vivre cette fête qui est placée sous le thème «La valeur morale de la personne humaine: responsabilité des communautés dans la lutte contre l’exclusion sociale des femmes».
Avant le jour «J», le comité d’organisation de cet événement, conduit par Laure Zongo/Hien, ministre de la Femme, de la Solidarité nationale et de la Famille, a rencontré la presse pour échanger sur des rubriques importantes dans le déroulement de cette activité. Il est à souligner qu’un budget de 126 millions de FCFA est nécessaire, selon les organisateurs, à la réalisation de cet évènement.
A la faveur de ce rendez-vous, la réflexion sera essentiellement basée sur l’exclusion sociale des femmes, et ce dans un contexte socioculturel africain particulier. Pour le ministre Laure Zongo /Hein, le phénomène de l’exclusion sociale des femmes n’est pas une invention. Les faits sont parlants. Le comité d’organisation brandit des chiffres: en septembre 2015, le centre Delwendé de Sakoula à Ouagadougou en enregistré 255 (dont 250 femmes) victimes d’exclusion sociale. La cour de solidarité de Paspanga (Ouagadougou) a accueilli 85 femmes victimes d’exclusion sociale. En décembre 2016, 962 personnes (la plupart sont des femmes) exclues ont été enregistrées dans 13 centres d’accueil et dans des cours de solidarité. Sur les 962 personnes, seulement 61 sont retournées en famille. Ces cas d’exclusion sociale sont le fait souvent d’allégations de sorcellerie. A côté de ces faits, note le comité d’organisation du 8-Mars, il y a des exclusions de filles pour raison de grossesse. A ce titre, l’Hôtel maternel de Ouagadougou a accueilli et hébergé 205 filles victimes de 2007 à 2016. C’est au regard de cette situation alarmante que les autorités burkinabè, dira le ministre Laure Zongo, ont adopté un décret en 2015 portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes et des filles. De l’avis du comité d’organisation, «les violences faites aux femmes, et particulièrement les violences morales conduisant à l’exclusion sociale, sont de nature à ébranler le psychisme de la victime par la misère morale ou matérielle». C’est donc pour combattre toutes ces «attitudes discriminatoires et asservissantes» que le thème a été retenu.
Pour cette 160e Journée internationale de la femme, le Burkina abordera le thème en deux volets. Un premier sous-thème porte sur la «Lutte contre l’exclusion sociale des femmes: rôle des acteurs». Et le second sujet de réflexion permettra des échanges fructueux sur «Quelles stratégies pour une meilleure réinsertion sociale des femmes accusées de sorcellerie au sein de leurs communautés?»
Laure Zongo /Hein a insisté sur le fait que la célébration de cette journée sera loin d’être festive. L’accent est mis, selon elle, sur la réflexion. Ainsi, des actions sont entreprises depuis le début du mois de février dernier. Elles portent sur l’image de la femme et sa participation au développement, des émissions radiophoniques et télévisées, des causeries-débats, des conférences sur la problématique, etc.
A cela, il faut ajouter des actions de plaidoyer auprès des leaders coutumiers et politiques, des visites dans les centres de prise en charge des personnes victimes d’exclusion sociale et la célébration de mariages collectifs. En marge de toutes ces activités, chaque région est apte à mener des actions selon son centre d’intérêt.
Au cours de cette rencontre, le problème de la multiplicité des pagnes 8-Mars et des logos a été abordé. La décision du Conseil des ministres, qui a visé le retrait de certains pagnes du marché, a été effective selon les responsables du ministère en charge de la Femme. Laure Zongo et tout le Comité d’organisation ont invité les uns et les autres à se vêtir du pagne tissé, ce 8 mars, pour marquer leur soutien à la lutte qui est commune.
Alexandre Le Grand ROUAMBA
Budget du 8-Mars 48 millions de FCFA disponibles
Pour la commémoration de la 160e Journée internationale de la femme, le budget prévisionnel du ministère de la Femme, de la Solidarité nationale et de la Famille est de 126 millions de FCFA. Seulement, à la date du 1er mars, Laure Zongo avoue que seulement 48 millions de FCFA ont été mobilisés. Il s’agit de 42 millions de FCFA mis à disposition par l’Etat burkinabè et 6 millions de FCFA représentant la contribution de certains partenaires. Il reste donc 78 millions de FCFA à rechercher. Peut-être qu’entre les 5 jours qui ont séparé l’annonce de cette somme et la parution de votre numéro, des millions sont encore tombés dans les caisses.