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8 MARS : l’exclusion sociale des personnes âgées a pris de l’ampleur

 C’est la première commémoration du 8 mars que préside Laure ZONGO/HIEN, ministre de la Femme, de la Solidarité nationale et de la Famille. Elle place celle ci sous le signe de la réflexion sur l’exclusion des personnes âgées. Dans cette interview elle peint une situation d’exclusion inquiétante  

 Qu’est-ce qui diffère entre la célébration du 8 mars de cette année de celle de l’année dernière ?

Permettez-moi de remercier les responsables du journal l’Economiste pour l’intérêt accordé à mon département. A l’occasion de la journée internationale de la femme, j’adresse mes vœux de bonne fête aux femmes et aux hommes du Burkina Faso en général et du journal l’Economiste en particulier.

S’agissant  de la différence entre la célébration du 8 mars de cette année et de l’année dernière, il faut dire que cela  se situe d’abord au niveau du thème. L’année passée, nous avions mené la réflexion sur «Entreprenariat agricole et autonomisation économique des femmes : obstacles, défis et perspectives ». Cette année par contre nous mettons l’accent sur la lutte contre l’exclusion sociale notamment celle des femmes. Au regard du thème, nous avons choisi de nous rendre dans les structures de prise en charge des femmes victimes d’exclusion sociale. Nous allons donc rendre visite à nos mamans qui sont dans la cour de solidarité de Paspanga et à la fondation RAMA, située aux alentours de Ouaga 2000.

Au cours de ces visites, nous leur avons apporté un soutien moral et matériel. Et nous  pensons que le soutien moral est plus que nécessaire car, beaucoup d’entre elles sont complètement rejetées de leur famille. Nous avons trouvé des pensionnaires qui y vivent depuis plus de vingt ans, trente ans, sans aucune visite des membres de leur famille.

Qu’est-ce qui justifie le choix du thème de cette année ?

« La valeur morale de la personne humaine: responsabilité des communautés dans la lutte contre l’exclusion sociale des femmes » est le thème de réflexion choisi pour la commémoration du 08 mars 2017. Le choix porté sur ce thème est lié à la persistance de ce phénomène, à la recrudescence de ces dernières  années des cas d’exclusion sociale des personnes âgées, des femmes surtout. Les chiffres de ces dernières années montrent que le phénomène de l’exclusion sociale a pris de l’ampleur. En exemple, à la date de décembre 2016, le centre Delwindé de Tanghin devenu le Centre de Sakoula enregistrait en son sein deux cent quarante-sept (247) victimes d’exclusion sociale dont cinq hommes ; la cour de Solidarité de Paspanga à la même date abritait 72 femmes victimes d’exclusion sociale. Au 17 décembre 2016, neuf cent vingt-six (926) personnes en majorité des femmes exclues sociales ont été enregistrées dans 13 centres d’accueil et cours de solidarité dont seulement soixante une (61) sont retournées en famille. Récemment, nous avions enregistré à Pilimpikou dans la province du Passoré, près de trois cent (300) personnes qui ont été exclues suite à des accusations par allégations de sorcellerie.

Quelle enveloppe pour le 8 mars de 2017 ?

Cette année, le budget prévisionnel est de 126 millions de FCFA. Mais  pour le moment nous avons à notre disposition 48 millions de FCFA dont 42 millions de la part du gouvernement et 6 millions de FCFA de la part de nos partenaires. Nous avons toujours un gap à combler qui est de 78 millions de FCFA. Nous profitons de cette occasion pour lancer un appel aux partenaires  qui ne se sont pas encore exprimés et aux bonnes volontés à nous apporter un appui.

Qu’est-ce qui peut justifier la multitude de pagnes du 8-Mars sur le marché même si entre temps une mesure a été prise pour limiter cette pléthore ? Quelles mesures à prendre pour les prochaines éditions

Le choix du Faso danfani comme tenue de célébration du 08 mars a toujours été une préoccupation soulevée par les burkinabé. Et c’est pour répondre à cette doléance, qu’en septembre 2015, le gouvernement a invité les burkinabé au port du Faso danfani comme tenue officielle de célébration du 08 mars 2016. Les tisseuses ont positivement apprécié cette invite et depuis cette date, elles produisent en grande quantité des pagnes tissés.

C’est tout à fait déplorable qu’il y ait des thèmes différents qui circulent pour la même journée. Toutefois, comme vous l’avez signalé, nous avons assisté à une pléthore de pagnes industriels sur la place du marché ; avec quelques fois des messages erronés.

C’est vrai, le Burkina Faso, dans le domaine du commerce a signé des engagements sur le plan international qui ne nous permettaient pas de procéder immédiatement à une interdiction pure et simple de l’importation des pagnes industriels du 8 mars.

Néanmoins, une réflexion est en cours à travers un comité technique qui regroupera entre autres, les techniciens des ministères en charge de la justice, du commerce et de la femme, les grossistes de fils, les tisseuses, etc. pour des mesures idoines. Nous avons déjà eu une rencontre cette semaine dans ce sens. L’idée est de trouver une solution transitoire dans les meilleurs délais qui consistera à protéger des motifs de pagnes tissés, le logo et quelques messages à travers un droit d’auteur.

A travers cette invite du gouvernement aux hommes et aux femmes du Burkina Faso, au-delà de la promotion et de la valorisation de notre coton, c’est aussi un appel à l’expression de notre identité culturelle. Nous devons être tous fiers de dire « Je suis Burkinabé et fier de porter le Faso Danfani »

Le département de la femme est fusionné à  celui de l’Action sociale. N’avez-vous pas l’impression que l’un semble prendre le dessus sur l’autre ?

Non, pas du tout. Je ne pense pas. Dans de nombreux pays, particulièrement dans la sous-région, les deux ont toujours cheminé ensemble. Pendant des décennies, après l’accès à la souveraineté nationale, le gouvernement d’antan avait intégré la question de la femme dans le volet social et pour ce faire les politiques et stratégies en faveur de la femme étaient élaborées par le département de l’action social et de la solidarité nationale. Si je ne me trompe le premier Plan d’action pour le développement du rôle des femmes dans le processus de développement 1991-1995 ainsi que les stratégies nationales pour le renforcement du rôle des femmes dans le processus de développement ont été élaborés par le ministère de l’action sociale et de la solidarité nationale.

Donc, la fusion des deux départements avec la mise en place d’un département plein de la femme, de la solidarité nationale et de la famille restitue à l’histoire la vision d’un Etat épris de justice et d’équité ou l’homme et la femme vivent en symbiose.

Ainsi, le Ministère de la Femme de la Solidarité Nationale et de la Famille (MFSNF), créé par décret n°: 2016-003/PRES/PM du 12 janvier 2016 assure la mise en œuvre et le suivi de la politique sociale du Gouvernement en matière de promotion de la femme, de la solidarité nationale et de la famille.

Plus spécifiquement, le MFSNF contribue à la réduction des inégalités entre les sexes, à l’amélioration des conditions de vie des populations en général et en particulier des groupes victimes d’exclusion sociale sous toutes ses formes en vue d’un développement équitable et durable au Burkina Faso.

Les orientations du département s’articulent principalement autour des questions de la réduction des inégalités sociales, l’accès aux emplois pour les femmes et les jeunes, la mise en place du mécanisme favorisant l’accès aux crédits pour les femmes, la participation responsable des femmes au développement du pays, la protection et la promotion de la famille et de ses membres, la lutte contre l’exclusion sociale sous toutes ses formes et la promotion d’une culture de la solidarité nationale.

Pour nous, l’enjeu majeur est que le MFSNF se doit de réussir sa mutation institutionnelle de fusion des ex MPFG et du MASSN en vue d’en faire un nouveau département orienté vers des objectifs stratégiques à réaliser au profit de l’ensemble des populations burkinabè.

Quel message à l’endroit de la Communauté en général et  aux femmes en particulier à l’occasion de ce 8 Mars ?

L’exclusion sociale des personnes âgées, surtout celle des femmes est un fléau, séculaire et récurrent qui ne saurait trouver une solution isolée et  individuelle. C’est pourquoi, tout en souhaitant une bonne fête à toutes les femmes du monde, du Burkina Faso en particulier, et à tous les hommes, nos compagnons de tous les jours, je réitère mon ferme engagement en vue  de l’éradication de cette pratique et invite chacun et chacune à s’engager à nos côtés dans ce combat pour préserver la dignité et le respect des droits humains.

Propos recueillis par Alexandre Rouamba Legrand

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