Ouagadougou et Kongoussi, ces deux villes du Burkina Faso, ont accueilli les 10 et 11 février 2017 les activités marquant la clôture officielle de l’année internationale des légumineuses, célébrée en 2016, sous le thème: «Valorisation des légumineuses dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) et pour la résilience au changement climatique». Cette célébration importante pour le monde agricole a été décrétée par l’Organisation mondiale des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en marge de la 68e Assemblée nationale des Nations-Unies avec pour slogan: «Des graines pour nourrir l’avenir». Cette initiative vise à sensibiliser l’opinion publique aux avantages comparatifs nutritionnels et alimentaires des légumineuses, à tirer un meilleur parti de leur contribution à la rotation culturale, à stimuler leur production et à trouver des solutions aux problèmes récurrents de leur commercialisation.
Cette célébration qui honore le Burkina Faso a eu le soutien du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, de son épouse, Sika Kaboré, marraine, et a connu la présence effective du directeur général de la FAO, José Graziano.
La journée du 10 février a consisté à la prise d’engagements forts sur les bords du lac Bam par les différentes personnalités citées, pour la valorisation de la culture des légumineuses. L’un des engagements porte sur l’augmentation de la production des légumineuses qui était estimée en 2014 à 66.913.513 tonnes pour des superficies de 75.921.434 hectares mondialement.
Le 11 février a été marqué par des rencontres thématiques qui ont regroupé d’éminents experts sur les stratégies de développement de la filière des légumineuses. Une foire aux savoirs et des démonstrations culinaires ont également été organisés, le même jour. Selon le ministère de l’Agriculture, les principales légumineuses à graines sèches cultivées au Burkina Faso sont le niébé, le voandzou et le soja. Ces différentes spéculations sont de plus en plus prisées par les consommateurs burkinabè, en attestent les chiffres: 700.000 tonnes pour le niébé et 56.000 tonnes pour le voandzou (NDLR pois de terre), soit des hausses de 22,56% et 19,70% en 2016 par rapport à la campagne passée.
Mieux, la culture des légumineuses constitue des sources de revenus indispensables à assurer les dépenses quotidiennes des ménages. Et ce n’est pas la quinzaine de femmes du groupement Tellégonoma qui dira le contraire. Elles qui ont empoché la somme de 226.500 FCFA au terme de la saison agricole 2016 en cultivant 1 ha de niébé.
La ferme semencière de Zindiguessé, d’une superficie de 10 ha de niébé a permis à chacun et chacune de la soixantaine des producteurs et productrices d’avoir des revenus estimé entre 75.000 et 100.000 FCFA. Ces sommes perçues découlent de la vente des semences, des écarts de tri et des résidus de récolte, le tout estimé à 7.580.000 FCFA. La cinquantaine de productrices du village de Wattinoma dans la province du Yatenga a eu une marge brute de 3.950.000 FCFA à partir de leur champ de niébé de 5,5 tonnes. Ces chiffres ont été fournis le 16 septembre 2016 à l’épouse du chef de l’Etat, Sika Kaboré, lors de sa visite à ses «sœurs» exploitantes des légumineuses dans la région du Nord.
C’est justement dans le souci d’encourager ces «braves dames» dans la production des légumineuses qui contribuent à la sécurité alimentaire, à la nutrition, à la santé, à la lutte contre les changements climatiques et à la biodiversité que Sika Kaboré a été désigné marraine de l’AIL au Burkina Faso afin de mener des actions de plaidoyer auprès des partenaires techniques et financiers. D’ores et déjà, on peut dire que cela porte des fruits, puisque le Burkina Faso a bénéficié de la part de la FAO d’une enveloppe de 336.886 dollars US pour le financement du projet- pilote de développement des légumineuses, dans l’espoir de booster la production annuelle nationale de légumineuses (niébé, arachide et sésame). Toute chose qui devrait contribuer à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations et à améliorer substantiellement les revenus des productrices.
Dans la même dynamique, bien d’autres initiatives ont également été conçues et seront bientôt mises en œuvre avec pour objectif de promouvoir les légumineuses. Il s’agit du projet de développement des légumineuses dans les régions du Centre- Nord et du Nord, d’un montant de 1.343.150.000 FCFA et du programme de développement de la filière niébé, d’un coût global de 5.766.500.000 FCFA.
Rachel DABIRE
Quelques contraintes liées à la culture des légumineuses dans la région du Nord
Insuffisance de bœufs de trait, insuffisance d’équipement agricoles, faible accessibilité aux intrants (engrais de qualité, semences et produits de traitement), insuffisance de la fumure organique, aléas climatiques, retard de paiement des semences par l’Etat, la cherté des intrants. Manque de forages et de barrages pour pallier le manque criard d’eau dans la région du Nord. Pour les productrices, les forages et les barrages leur permettront de mener des cultures de contre-saison.
Booster la consommation de produits locaux
La production des légumineuses va booster la consommation des produits locaux. Cette volonté de l’Etat burkinabè de promouvoir la culture des légumineuses tombe à pic. Dans la mesure où le gouvernement a décidé de valoriser les produits locaux. En témoigne cet arrêté du Premier ministre, Paul KabaThiéba, portant sur l’achat des produits alimentaires locaux par les structures étatiques dans le cadre de leurs approvisionnements.
Le chef du gouvernement entend, «à titre conservatoire et temporaire», donner un coup de pouce aux producteurs locaux. Ainsi, le riz, le niébé, la pomme de terre, l’oignon, la tomate, le sucre, les huiles alimentaires, le haricot vert, le lait et la viande, produits localement, devront être privilégiés par toute commande publique. Cette politique volontariste vient ainsi résoudre d’une part la question épineuse de l’écoulement des produits locaux qui était un boulet aux pieds des producteurs burkinabè. Mais d’autre part, les autorités entendent à travers cette mesure donner un nouveau souffle à l’économie burkinabè qui pourrait mettre à la disposition des consommateurs des produits locaux et naturels. Thomas Sankara est plus que jamais vivant, car cette mesure découle de sa célèbre phrase: «Consommons ce que nous produisons».