Le 23 janvier dernier, le président américain, Donald Trump, a signé un décret interdisant le financement par le gouvernement fédéral d’organisations internationales qui pratiquent ou soutiennent l’avortement.
Depuis lors, de nombreuses structures de planning familial en Afrique s’inquiètent. En effet, ce décret vise particulièrement les ONG non américaines qui reçoivent des fonds de l’USAID.
Et afin de continuer à percevoir cette aide, les ONG devront s’engager par écrit à cesser toute activité liée à l’avortement.
Un revirement de situation qui met les ONG dans une situation des plus complexes.
«Grâce aux financements américains, on a pu couvrir des zones très reculées», a expliqué Maaike Van Min, directrice de programme au Mali, au Niger, au Burkina Faso et au Sénégal pour Marie Stopes international, au site Lemonde.fr.
Et d’ajouter qu’avec «17 % de notre budget fournis par l’USAID, on ne va plus être en mesure d’approcher ces populations isolées».
Depuis plus de 45 ans, le pays de l’Oncle Sam œuvre à l’amélioration de l’accès des femmes à la contraception dans les pays les plus pauvres, grâce à l’USAID. En 2016, il a dépensé 607 millions de dollars pour les programmes de santé reproductive et la planification familiale. En 2015, ce chiffre représentait plus de 80% de l’aide publique bilatérale attribuée à l’Afrique subsaharienne.
Même son de cloche du côté de plus petites structures qui agissent au niveau national. «Beaucoup de vies ont été sauvées grâce à l’USAID, explique Pierre Itembe, directeur de programme au Reproductive Health Uganda, membre de la fédération internationale du planning familial (IPPF).
Il va être très difficile de remplir le vide. Certains centres de santé vont sûrement devoir fermer et on distribuera moins de moyens contraceptifs. Dans un pays comme l’Ouganda, très jeune, où le VIH est élevé, les conséquences peuvent être dramatiques».
Pour de nombreuses associations, la mesure serait contre-productive. Pour elles, le risque de voir le nombre d’avortement augmenter dans un contexte où l’accès aux moyens de contraception sera plus difficile.
C’est en tout cas la conclusion d’une étude publiée en 2011 par des chercheurs de l’université de Stanford portant sur vingt pays d’Afrique subsaharienne pendant la présidence de Georges W. Bush.
Selon un article de l’Institut Guttmacher, cité par le site d’information, organisme de recherche favorable à l’avortement, l’Association pour le planning familial du Lesotho (LPPA) avait reçu 426.000 préservatifs de l’USAID pendant deux ans au cours de l’administration Clinton.
Mais sous l’ère Bush, l’USAID a mis fin aux envois de ce mode contraceptif vers le pays, la LPPA étant la seule structure disponible pour leur distribution.
NK
Trouver de nouveaux réseaux de solidarité
L’enjeu pour les ONG de planning familial est désormais de trouver de nouvelles sources de financement. Le soir même de l’annonce de Donald Trump, la ministre néerlandaise chargée de la Coopération au développement, Lilianne Ploumen, a été l’une des premières en prenant «l’initiative d’un fonds international pour offrir aux femmes dans les pays en voie de développement l’accès à de bonnes informations, à des moyens contraceptifs et à l’avortement».
Les Pays-Bas ont promis 10 millions d’Euros. Une initiative à laquelle s’est joint son homologue belge Alexander De Croo. «On est en train d’essayer de créer une fédération internationale, reconnaît Maria Andersson, secrétaire générale de la RFSU, association suédoise pour l’éducation sexuelle. On est en contact avec les gouvernements suédois, hollandais, belge et britannique pour obtenir de nouveaux financements».