Le front social a été agité, voire très mouvementé. Les syndicats, en ordre de bataille, ont réclamé chacun son dû en espèces sonnantes et trébuchantes: revalorisation des salaires ou des indemnités, amélioration des conditions de travail. Et rien ne dit que le mouvement va s’estomper en 2017. Les ministères sectoriels concernés, interlocuteurs directs des syndicalistes, ont vécu des fortunes diverses. Les grèves les plus retentissantes sont celles qui ont eu lieu dans les ministères de la santé, de la Justice, de la communication et des finances. Les négociations dans ces trois derniers départements ont créé un précédent dangereux: les ministres concernés ont été peu ou prou « dessaisis» des dossiers au profit soit du Premier ministre (communication et finances), soit du président du Faso pour ce qui est de la justice.
Pour les syndicats, c’est tout bénéfice, dans la mesure où il vaut mieux avoir affaire à Dieu qu’à ses prophète. Cette approche fragilise les ministres concernés. Pour les syndicats, l’objectif est simple: le bon interlocuteur, c’est celui qui peut prendre les décisions et satisfaire leur plateforme. Et le risque est là désormais de voir les plus hautes autorités en première ligne lors des crises et des négociations, à cause d’une centralisation des décisions imposée par un rapport de force en faveur des syndicats. Les ministres devraient pouvoir jouer leur rôle de pare-feu, d’interlocuteurs crédibles qui négocient et rendent compte à qui de droit pour suite à donner. Le fait est qu’il n’y a plus de fusibles et ce n’est pas vraiment un bon signe pour le gouvernement.
Abdoulaye TAO
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