Le Conseil des ministres en sa séance du 5 janvier dernier a adopté le Plan stratégique national pour l’élimination des mutilations génitales féminines au Burkina Faso et son plan d’action triennal glissant 2016-2018.
Ce référentiel coûtera 3,24 milliards de FCFA sur financement de l’Etat et des partenaires techniques et financiers. Il couvrira la période 2016-2020 et permettra en 5 ans de réduire d’au moins 50% la prévalence des Mutilations génitales féminines (MGF) chez les moins de 15 ans et d’améliorer la qualité de vie des femmes et des filles victimes de complications et séquelles de l’excision.
L’adoption de ce rapport a pour but de disposer d’un référentiel pour tous les acteurs en vue d’offrir un environnement protecteur des droits des filles et des femmes à même de leur assurer une bonne santé, le maintien de leur intégrité physique et le respect de leurs droits.
Les MGF touchent plus de 140 millions de filles et de femmes dans le monde. Au Burkina Faso, de multiples efforts ont permis de parvenir à une baisse significative de la prévalence pour les tranches d’âge les plus basses, 13,3% pour la tranche d’âge de 0 à 14 ans. Cependant, d’énormes défis demeurent.
En effet, on note une persistance des MGF sous des formes pernicieuses avec l’apparition de phénomènes nouveaux tels la clandestinité, la baisse de l’âge à l’excision, la migration des exciseuses à l’intérieur ou à l’extérieur du pays.
Selon les données de l’Enquête démographique et de santé (EDS 2010), au Burkina Faso, l’excision est une tradition très répandue car, 76% des femmes âgées de 15 à 49 ans avaient subi une mutilation génitale.
La prévalence moyenne varie de 58% à 90% selon les groupes ethniques, le niveau d’instruction et les zones géographiques, avec des taux plus élevés dans les régions du Centre-Est (90%), des Hauts-Bassins (88,2%), du Nord (87,7%), du Plateau central (87,7%) et du Centre-Nord (86,8%). Depuis quelques années, la lutte contre l’excision est le cheval de bataille des autorités.
Déjà un précédent plan stratégique de 5 ans avait été mis en place. Toutefois, un certain nombre de défis, identifiés par l’évaluation en 2014 du Plan d’action national 2009-2013 de promotion de l’élimination des MGF dans la perspective de la tolérance zéro, devra être pris en compte dans le nouveau plan.
Il s’agit principalement de l’amélioration des stratégies de communication en cours pour une meilleure intégration et un meilleur ciblage, l’intensification des actions de promotion de l’élimination des MGF à l’endroit des hommes, des femmes, des filles et garçons, des adolescents, des ex-exciseuses, des chefs coutumiers et religieux dans les provinces où la prévalence des MGF est élevée, l’extension des programmes relatifs à la prévention, notamment ceux en direction des jeunes garçons et filles, dans les secteurs publics de l’éducation.
Il faudra également élargir et généraliser les programmes de prévention à l’endroit du secteur informel (hommes, femmes, jeunes filles et garçons); la décentralisation des programmes de prise en charge médicale et psychosociale des victimes des complications et séquelles des MGF; le renforcement des mesures de protection et de promotion des droits des femmes et des filles dans le contexte de pratiques traditionnelles néfastes dont les MGF; l’appropriation du plan par tous les acteurs.
Germaine BIRBA
Le Burkina Faso en avance dans la lutte
Le Burkina Faso apparait au niveau international comme leader dans la promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines. En effet, de concert avec d’autres Etats, le pays a fait adopter la résolution intitulée «Intensification de l’action mondiale visant à éliminer les mutilations génitales féminines», à l’Assemblée générale des Nations-Unies, à sa soixante septième session.
Cette résolution consacre l’interdiction mondiale des MGF et renforce la légitimité des lois adoptées par les pays. Par ailleurs, le Burkina Faso a adhéré aux initiatives africaines et sous-régionales (UEMOA, CEDEAO, UA) dans le cadre de l’élimination des mutilations génitales féminines. Outre les dispositifs juridiques généraux relatifs aux droits humains, le Burkina Faso s’est doté de lois portant, l’une, sur la santé de la reproduction et, l’autre, relative à l’interdiction de la pratique des mutilations génitales féminines.
Un plan en 5 axes
Le plan stratégique comporte 5 axes que sont:
• le renforcement des mesures de prévention de la pratique des MGF
• le renforcement de l’accès à la prise en charge médicale et psychosociale des victimes des séquelles des MGF
• la protection et la promotion des droits des femmes et des filles dans le contexte de mutilations génitales féminines
• le renforcement du dispositif de gestion et de coordination du Plan stratégique national de promotion de l’élimination des MGF et le renforcement du dispositif de suivi-évaluation.