Economie

«Nous devons adapter notre stratégie de développement au PNDES», Remi Rioux, directeur de l’AFD

Le directeur de l’Agence française de développement (AFD) était de passage à Ouagadougou pour Bamako, pour le sommet France-Afrique. Il a rencontré les autorités du pays. La rencontre qui a eu lieu le 12 janvier dernier a tourné autour de sujets comme l’énergie, la sécurité alimentaire. Le but de cette visite est, selon Remi Rioux, une occasion pour l’AFD de réajuster son programme en fonction du plan de développement du pays qui est le PNDES.

– L’Economiste du Faso : Quel est le motif de votre présence au Burkina Faso et quels sont les sujets abordés avec les personnalités que vous avez rencontrées?
Rémi Rioux, directeur de l’AFD: Je suis sur le chemin de Bamako pour le sommet France-Afrique. J’ai donc profité de cette opportunité pour faire une escale au Burkina Faso afin de rencontrer des personnalités du pays, mais aussi des partenaires. Il est important de venir sur le terrain pour comprendre plus nettement les priorités du pays et les politiques que le gouvernement veut développer. J’ai à cet effet rencontré le président du Faso, le Premier ministre, le ministre de l’Economie et des Finance, le ministre d’Etat, mais aussi le maire de la ville de Ouagadougou. Ensemble, nous avons abordé plusieurs sujets tels que la sécurité et le développement, l’agriculture, la sécurité alimentaire, l’emploi, l’éducation et tous les sujets de développement. En ce qui concerne le PNDES, à Paris, nous avons pris l’engagement de débloquer plus de 400 millions d’Euros sur la durée du programme qui est de 5 ans, soit 80 millions par an. C’est un engagement important et plus croissant que ce que nous faisons depuis quelques années. Un engagement que nous avons déjà commencé à mettre en œuvre avec cette année plus de 100 millions d’engagement et plus de 80 millions de décaissement. Les questions d’énergies sont aussi très importantes pour nous et une priorité pour le pays. Après la Cop 21, nous avons décidé de mettre l’accent sur les énergies renouvelables et de pousser au maximum les projets d’énergies. Nous avons donc commencé avec la centrale de Zagtouli. Elle doit bientôt sortir de terre et sera une référence importante. Il faudra multiplier ce genre d’actions avec les partenaires. Nous avons également abordé la question de l’éducation et de l’enseignement, ainsi que la formation en filière technique. Nous allons repartir à Paris avec tout cela et, par la suite, notre agence représentée ici élaborera avec le gouvernement des stratégies pour mettre en application toutes ces priorités.
– Pouvez-vous revenir justement sur la contribution de l’AFP au projet de développement (PNDES) ?
La contribution française est de plus de 461 millions d’Euros. L’AFD apportera 400 millions en prêt et en don, soit 80 millions par an. On pourrait faire encore mieux en fonction des opportunités d’affaires ici. Il y a quelques années les bailleurs ont été moins présents, mais les choses repartent de plus belle. De nombreux partenaires étaient présents à Paris pour soutenir le PNDES. Maintenant, il faut que tout cela se matérialise dans des flux financiers concrets par des contributions qui serviront à la croissance du pays. Les prévisions de croissance pour l’année 2017 sont dans l’ordre de 5 à 6%. D’après les prévisions du gouvernement et du FMI, il est nécessaire de faire plus, et compte tenu de la croissance démographique importante, faire nettement plus, afin que les populations voient leur situation et leur niveau de vie augmenter. En ce qui concerne le décaissement, il y a un gros effort qui est fait pour l’accélérer.
C’est un objectif pour l’ensemble de l’agence. Mais il y a aussi la conduite des projets qui contribue aussi à l’avancée des décaissements. Ce sont donc le gouvernement, les collectivités, les entreprises publiques qui ont la responsabilité de la conduite des réformes, et quand il y a des conditions à remplir, il faudra y veiller. Il faut donc être deux pour que les choses aillent vite. Toutefois, de gros efforts ont été faits l’année dernière avec plus de 80 millions de décaissement sur 100 millions d’engagement.

– Le partenariat qui lie l’AFD et la ville de Ouagadougou se renforce d’année en année apparemment ?
Nous sommes les grands défenseurs sur le plan international du financement direct des collectivités locales et le renforcement de l’autonomie financière des collectivités et la décentralisation. Nous avons de grands projets avec la ville de Ouagadougou qui a un partenariat avec le Grand Lyon.
En 2016, nous avons octroyé le plus gros prêt jamais accorder au Burkina Faso, puisque nous avons accordé plus de 80 millions dans une nouvelle étape de développement de la ville qui comprend des projets de voiries et beaucoup d’appuis au développement des quartiers. Les 80 millions permettront de continuer le projet déjà lancé en 2013. Les composantes principales sont le développement de certains lieux tels que la gare de l’Est et le marché de Dassasgo. Il s’agira de développer la voirie et de disposer dans ces quartiers d’équipements sportifs et culturels, de développer le commerce, etc.

– Quel bilan faites-vous des 75 ans de l’AFD ?
Je ne serai pas négatif comme certains. Cela fait plus de 15 ans que je suis les questions de développement en Afrique et, en cette période, des défis considérables ont été relevés. En particulier, le défi de la démographie. Il faut non seulement améliorer la situation des personnes en place, mais aussi anticiper et faire beaucoup plus pour donner une place sur le marché de l’emploi à tous les jeunes qui arrivent.
Il faut donc un effort très considérable. Toutefois, sur le plan politique, économique et institutionnel, les pays africains ont fait beaucoup de progrès. L’accompagnement est en train de repartir à la hausse. De plus, il y a un intérêt manifeste des investisseurs pour l’Afrique. Il y a 15 ans, à Paris, lorsqu’on organisait une conférence sur l’Afrique, peu de monde y participait. Aujourd’hui, beaucoup y prennent part, à l’exemple la table ronde sur le PNDES qui était bondée. Ce n’est pas pour dire que les gens investissent suffisamment, mais qu’ils ont cet intérêt et cette volonté d’investir et de prendre des risques. C’est aux autorités de savoir saisir ces chances et de les transformer en projet.

Entretien réalisé par Germaine BIRBA


Le projet de la ville de Ouagadougou

Le 26 août dernier, la mairie de Ouagadougou, en collaboration avec l’Agence française de développement (AFD), a procédé à la restitution de la 2e phase des travaux du Projet de développement durable de Ouagadougou (PDDO2). D’un montant de 80 millions d’Euros, soit environ 53 milliards de F CFA, le PDDO2 couvre une période de 5 ans à compter du premier trimestre de l’année 2017.
Trois grandes composantes constituent ce projet : la composante voirie et drainage, la composante de la mise en place de centres secondaires et la composante relative au renforcement des capacités institutionnelles des services municipaux. En ce qui concerne la composante voirie et drainage, il s’agira de la construction d’environ 10 à 15 km de route. Ce projet prendra en compte le bitumage, l’assainissement, l’éclairage public, la signalisation et bien d’autres. Le projet de construction des centres secondaires permettra de réduire la polarité du centre-ville. 7 centres ont pour cela été identifiés. Cependant, pour le projet en cours, seul 3 centres seront aménagés. Il s’agit du grand Est (Dassasgho), la zone de Katre Yaar et l’arrondissement 3, c’est-à-dire la zone de Tampouy. Le projet consiste à renforcer le tissu économique des zones afin de permettre aux habitants de ces zones d’avoir sur place ce qu’ils viennent chercher en ville.

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