Tous les Burkinabè l’espéraient. Le vœu a été exaucé. Après le 1er Compact (NDLR : paquet d’investissements) du Millenium Challenge Account (MCA), le gouvernement américain vient encore de sélectionner le Burkina Faso parmi les pays éligibles à un second Compact.
L’information est tombée la semaine dernière. Andrew Young, le nouvel ambassadeur des Etats-Unis au Burkina, a même rencontré le président du Faso dans la matinée du 14 novembre dernier dans le but de le féliciter pour le choix de son pays pour bénéficier de ce programme américain d’aide au développement. Un choix qui «est une preuve des bonnes politiques que le gouvernement du Burkina a mises en place dans les secteurs mesurés par les indicateurs du Millenium Challenge Corportation (MCC), l’organisme qui administre le MCA, ainsi que de l’exécution réussie du premier Compact».
L’ambassadeur américain a annoncé qu’une lettre du président du MCC sera transmise au Burkina Faso pour notifier officiellement la sélection et discuter le processus afin d’initier la mise en œuvre d’un deuxième Compact.
Dans le but de mieux éclairer les Burkinabè sur les contours de ce 2e Compact, David Young, le premier conseiller à l’ambassade des Etats-Unis, a animé un FacebookChat le 15 décembre. Pendant une heure, il a répondu aux questions des internautes sur le 2e Compact du Burkina.
Tout comme le 1er Compact qui a duré 5 ans, de juillet 2009 à juillet 2014, le second Compact aura une durée de 5 ans. «Toutefois, le commencement effectif se produira dans environ deux ans, quand tous les projets seront prêts», a indiqué le diplomate américain.
A propos du montant de l’enveloppe et des domaines qui bénéficieront des financements du MCA, il a fait savoir que le montant précis sera déterminé après des réunions détaillées entre les agents du MCC et le gouvernement du Burkina Faso.
«En général, les deuxièmes Compacts sont moins importants et mieux ciblés que les premiers. Ainsi, au lieu de trois ou quatre secteurs, ce deuxième Compact pourrait se concentrer sur juste un ou deux secteurs», a-t-il précisé. D’après David Young, tout dépend de ce que les études vont identifier comme plus grands obstacles à la croissance économique. D’ores et déjà, il a indiqué que les domaines dans lesquels le Compact peut intervenir sont ceux de l’électricité, l’agriculture et irrigation, le transport (routes, ponts, ports), l’approvisionnement et hygiène en eau, l’accès à la santé, le développement de finances et entreprise, les initiatives anti-corruption, les droits et l’accès au foncier, l’accès à l’éducation.
Les autorités burkinabè et les agents du MCC choisiront ensemble les investissements qui produiront les plus grands bénéfices pour la population et réduiront la pauvreté.
Le Burkina Faso fait partie d’une liste restreinte de pays qui ont été sélectionnés pour bénéficier de ce 2e Compact. Parmi tous les candidats, seulement 50% ont été sélectionnés. Les critères d’éligibilité concernent «la bonne gouvernance», «la liberté économique», «l’investissement dans les citoyens».
Jusque-là, les résultats du Burkina dans ces critères sont jugés bons. Ce qui lui vaut cette éligibilité. Cependant, selon le diplomate américain, le financement n’est pas encore garanti. «Il sera subordonné à la poursuite des fortes performances des politiques déjà engagées et l’élaboration d’un Compact solide», a-t-il indiqué. L’autre élément qui a pesé dans la balance pour l’éligibilité du Burkina, c’est que «le pays a bien travaillé pour assurer la pérennisation des acquis du 1er Compact».
La philosophie qui entoure le programme du MCA est celle de «réduire la pauvreté par la croissance économique». Son ambition est de stimuler la croissance économique pour lutter donc contre la pauvreté.
Entre 2009 et 2014, le 1er Compact du Burkina a mobilisé une enveloppe d’un montant global d’environ 480,9 millions $ US, financée par le peuple américain.
Les investissements dans le cadre du 1er Compact ont été réalisés suivant 4 principaux projets: «La sécurisation foncière», «le développement de l’agriculture», «le désenclavement», « la scolarisation des jeunes filles ou Bright 2».
Afin de s’assurer de la réalisation effective des projets, d’établir une comptabilité rigoureuse et des contrôles financiers transparents, c’est une structure indépendante du gouvernement, le MCA-BF, qui administre les fonds du MCA. Les fonds du MCA ne sont pas remis au gouvernement, mais à cette structure indépendante qui est directement responsable des projets.
Karim GADIAGA
Des réalisations structurantes grâce au 1er Compact
Sur la période de juillet 2009 à juillet 2015, le 1er Compact du Burkina a permis d’obtenir plusieurs infrastructures structurantes. C’est surtout dans les régions des Cascades et de la Boucle du Mouhoun que les réalisations se concentrent.
Dans certains cas, ce sont des solutions définitives qui ont été apportées à des préoccupations des populations et dans d’autres cas ce sont les bases d’un processus de développement qui ont été lancées. Dans le volet routes, on a eu la construction et le bitumage de la route Sabou-Koudougou-Didyr. Les travaux de construction et de bitumage de l’autre partie de cette route, depuis Didyr, en passant par Toma jusqu’à Tougan, viennent d’ailleurs d’être lancés, le 15 décembre 2016, par le gouvernement burkinabè. Il y a également celle qui va de Nouna à la frontière du Mali. Plusieurs pistes rurales ont également été réalisées. Dans le domaine l’agriculture, l’aménagement du périmètre irrigué de Di (à 41 km de Tougan) est d’une importance capitale dans la zone. Plus 2.000 ha de terrain aménagés pour les cultures maraichères, le maïs, le riz, le niébé sont déjà en exploitation sur la base de techniques modernes d’agriculture. Un projet qui fait la part belle à la femme.
Le MCA s’est aussi intéressé à l’élevage. Le programme FEA (Fermes d’élevages améliorées en aviculture) a eu pour but d’accroitre les productions de volaille et à améliorer les revenues des femmes. En deux ans, 280 femmes avaient déjà bénéficié de ce programme.
Sur la question de la sécurisation foncière, le MCA a travaillé à permettre à plusieurs personnes de bénéficier d’Attestations de possession foncière rurale (APFR). Le programme a aussi réalisé des infrastructures administratives (hôtels de ville) et marchandes (les marchés agricoles ruraux).