Visiblement, rien ne va entre la Coalition nationale des organisations socioprofessionnelles des transporteurs routiers du Burkina (COTRA-B) et le Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) ainsi que l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF). La COTRA-B dénonce des frais énormes pour acquérir un « bon de chargement », document d’ailleurs censé être gratuit malgré son refus par les autorités portuaires du Ghana. La coalition accuse le CBC et l’OTRAF d’être les responsables de cette situation
La Coalition nationale des organisations socioprofessionnelles des transporteurs routiers du Burkina (COTRA-B) est une organisation de transporteurs différente l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF). Les deux évoluent dans le secteur des transports, mais aujourd’hui elles ne parlent pas le même langage. Au cours d’une conférence de presse animée par la Coalition nationale des organisations socioprofessionnelles des transporteurs routiers du Burkina, ses premiers responsables ont dénoncé une situation qui, selon eux, ne devrait plus durer. Ils protestent contre les responsables du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC). Pas seulement le CBC, mais aussi l’OTRAF. La pomme de discorde, c’est le bon de chargement. Pour Bonaventure Kéré, principal animateur de la conférence de presse, la gestion du fret est un véritable casse-tête pour un certain nombre de transporteurs, surtout à partir des ports ghanéens. Il s’agit essentiellement du bon de chargement et, à propos, les membres de la COTRA-B y voient une « gestion opaque ».
Pourquoi le bon de chargement divise? A l’origine, le CBC a institué le bon de chargement sans que les transporteurs ne comprennent son utilité. Mais, il est ressorti que le CBC avait estimé nécessaire de disposer de certaines statistiques pour la gestion du fret, et le bon de chargement a été créé dans ce but. Cette thèse est confirmée du côté du CBC qui y voit plus un outil de gestion qu’un instrument pour se faire de l’argent.
La COTRA-B n’y croit pas. Voici ce qu’elle pense: « Le CBC, pour obliger l’importateur ou son représentant à payer des sommes illicites, a institué un document parfaitement inutile pour, dit-il, des besoins de statistiques, intitulé bon de chargement, que l’on dit délivré gratuitement, mais en réalité le CBC perçoit 12.500 FCFA pour commencer le processus de délivrance de ce fameux document ». Et ce n’est pas tout, explique la coalition. Puisque, plus loin, «il (ndlr : CBC) vous envoie à l’OTRAF qui vous déleste de 10.000 FCFA d’abord avec un reçu, même si vous n’êtes pas affiliés à ce syndicat (…) et 50.000 FCFA pour frais de coxeur (intermédiaire) sans reçu». Cette situation ne saurait se poursuivre car, soutient la COTRA-B, ce sont des gros montants qui ont été extorqués à ses membres. Elle parle même d’un montant de 3 milliards 915.000.000 FCFA qui ont été perçus par le CBC et l’OTRAF à travers le bon de chargement, du 1er janvier au 31 juillet 2016. Pourquoi un document qui à l’origine devrait être délivré sans contrepartie se retrouve être un os à avaler, se demande Hermann Nikièma, un des membres de la coalition ? Il dénonce au passage le fait qu’un document, avec l’en-tête du CBC, puisse être délivré par l’OTRAF et soit en plus payant, contrairement à ce qui avait été dit. Les animateurs de la conférence de presse, avec les statistiques dont ils disposent, estiment que les milliards de FCFA qui leur ont été extorqués l’ont été de façon illicite et que la responsabilité revient au ministère en charge des Transports de taper du poing sur la table pour annuler ces frais et ramener la sérénité. Ils disent avoir voulu prendre langue avec le CBC en vain. Ce denier aurait été interpellé à travers des lettres restées sans suite. En plus de cela, les ministres ghanéen et burkinabè chargés des Transports avaient déjà accordé leurs violons en 2015, annulant le bon de chargement. C’est en dépit de tout cela que le « racket » se poursuit sur les routes. Toute chose qui exacerbe la colère des transporteurs de la COTRA-B.
En tous les cas, le ministère en charge des Transports ne saurait rester longtemps silencieux sur ce dossier. Il y a lieu de clarifier si le document est effectivement gratuit, de vérifier si le CBC perçoit effectivement des sommes en contrepartie de ce document, les autres perceptions relevant plus des affaires internes des transporteurs
Jean De Baptiste OUEDRAOGO