Depuis le 18 octobre dernier, le tout premier directeur général du Fonds d’appui à la presse privée (FAPP) est installé dans sa fonction. Bê Palm, dans ses nouveaux habits, a une idée claire sur ce qui l’attend: «Le FAPP vise à consolider et à structurer l’appui de l’Etat au développement de la presse privée, de la radiodiffusion sonore et télévisuelle privée et des médias privés d’information publique en ligne, afin d’assurer à ceux-ci des conditions de travail favorables à leur mission ». En clair, le fonds dédié à la presse privée devra concourir au renforcement de la gouvernance du secteur de la presse privée, ainsi qu’au renforcement des capacités techniques et managériales des acteurs de ce secteur.
Il était temps, car nombre de médias privés pataugent dans des difficultés, freinant ainsi leur élan. C’est pourquoi le ministre en charge de la Communication, Remis Fulgance Dandjinou parle de « médias fragilisés» lorsqu’il s’arrête sur le volet économique. De l’avis de Porte -parole du gouvernement, l’aide publique de l’Etat aux médias s’est d’abord matérialisée depuis 1997 par la subvention accordée aux organes de presse privée. De 50 millions de F CFA au départ, cette subvention s’est accrue pour atteindre 400 millions FCFA pour l’exercice 2016. Une fierté exprimée donc par le ministre de la Communication qui a fait noter que son département a procédé à une relecture des textes de la subvention pour prendre en compte les médias en ligne. A travers la relecture du cadre juridique qui a acté dépénalisation des délits de presse et qui promeut la responsabilité et le professionnalisme du journaliste, le gouvernement entend structurer au mieux les médias privés et surtout contribuer à leur développement.
Il y avait du beau monde médiatique au lancement de ce Fonds, et le président de la Société des éditeurs privés (SEP), Boureima Ouédraogo, de cacher difficilement sa joie. Il a saisi cette occasion pour rappeler que ce fonds a été, pendant longtemps, une revendication des promoteurs de presse privée. Et il précise : « Les promoteurs ont toujours demandé de l’aide à l’Etat, puisque l’information a un coût pas toujours supportable par les entreprises de presse ». L’Etat a donc cédé au bonheur des médias privés. Il reste à espérer que le FAPP soit véritablement un outil d’aide aux entreprises et constitue une assistance permanente, pouvant aboutir à la mise en place d’une centrale d’achat des consommables de presse, a laissé entendre Boureima Ouédraogo.
C’est un budget de 700 millions de FCFA qui va aider le FAPP à contribuer à la « modernisation des infrastructures, l’équipement et l’accompagnement financier aux activités des médias». Les subventions de l’Etat aux entreprises de presse privée visent à assurer la sous-traitance au niveau de la distribution de presse. Il financera ou cofinancera au profit des entreprises privées de presse écrite, de radiodiffusion sonore et télévisuelle, ainsi que des médias privés d’information publique en ligne, certaines activités comme la formation, les études et conseils, le développement de la presse privée et les projets d’intérêt collectif des entreprises de presse privée et des organisations professionnelles des médias.
Une chose est d’avoir cette structure qu’est le FAPP, une autre est de savoir l’accompagner pour qu’il ne dévie pas de ses missions premières. C’est pourquoi le ministre Dandjinou a appelé les différents acteurs à une synergie d’action et à l’engagement, tout en les exhortant à s’approprier ledit fonds et à œuvrer à son épanouissement. Il y va de l’approfondissement de la liberté de la presse au Burkina.
Alexandre Le Grand ROUAMBA
L’émotion d’un doyen
Edouard Ouédraogo, Directeur de publication de l’Observateur Paalga, présent à la cérémonie, livre son avis sur le lancement du FAPP: «Cela fait près d’une vingtaine d’années que nous soutenons le plaidoyer pour la mise en place d’un Fonds d’appui à la presse privée. Depuis 1997, l’Etat alloue un appui en espèces aux organes de presse écrite et audiovisuelle; ce qui constitue une forme d’aide aléatoire. Il fallait évoluer vers une aide plus structurante par la mise en place d’une structure permettant de financer des activités structurantes, qui profite de manière générale à l’ensemble de la presse écrite ou audiovisuelle. Le lancement des activités du FAPP comble donc une attente de plusieurs années». En rappel, le FAPP a été créé par décret numéro 2015-1334/PRES-TRANS/PM/MEF/MCRCNT du 17 novembre 2015 et est placé sous la tutelle financière du ministère de l’Economie, des Finances et du développement, sous la tutelle technique du ministère de la communication et des relations avec le Parlement, et devra servir les subventions et assurer la sous-traitance au niveau de la distribution de la presse. Les critères et les conditions d’éligibilité seront ultérieurement définis et ce après échanges avec tous les acteurs. Des financements supplémentaires seront recherchés pour rendre le FAPP plus opérationnel.