Après des années de cauchemar, les parents de 21 filles enlevées par la secte islamique Boko Haram ont retrouvé le sourire. En effet, 21 lycéennes ont été libérées le 13 octobre dernier. Elles étaient détenues depuis avril 2014, et ont recouvré la liberté dans le cadre d’un échange contre quatre combattants jihadistes, négocié par le gouvernement nigérian. Une des branches armées de la secte est disposée à négocier la libération de 83 autres jeunes filles, a déclaré un porte-parole de la présidence.
Boko Haram a enlevé environ 270 lycéennes en avril 2014 à Chibok, dans le Nord-Est du Nigeria. Plusieurs dizaines de jeunes filles ont réussi à s’enfuir dans la confusion qui a suivi, mais plus de 200 sont toujours portées disparues. Les 21 lycéennes ont été libérées après une médiation de la Croix-Rouge et du gouvernement suisse avant d’être conduites à Abuja, la capitale du Nigeria. Les 21 jeunes filles libérées ont prouvé au gouvernement nigérian que cette faction de Boko Haram détient encore 83 filles de Chibok. Cette faction a dit être prête à négocier si le gouvernement veut s’asseoir avec eux et discuter. Selon les membres de cette émanation de Boko Haram, d’autres jeunes filles sont encore détenues par des membres de la branche encore contrôlée par Abubakar Shekau, son chef de file. Boko Haram est traversé par des conflits internes provoqués par l’incapacité d’Abubakar Shekau à suivre les consignes données par l’organisation djihadiste Etat islamique (EI). L’EI a donc désigné en août dernier un nouveau dirigeant pour l’Afrique de l’Ouest du nom de Musab Al Barnawi.
Selon un expert occidental, la faction d’Al Barnawi est implantée au nord-est de Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno, où a débuté il y a sept ans l’insurrection de Boko Haram visant à créer un califat islamique.Cette situation géographique aux portes du désert du Sahara a permis à Al Barnawi de tisser des liens avec la branche libyenne de l’EI, organisation à laquelle Boko Haram a formellement prêté allégeance l’an dernier.
Germaine Birba
Toujours des otages détenus
Lors d’une cérémonie religieuse, les jeunes femmes kidnappées avec 197 autres par la secte islamiste en avril 2014 ont témoigné de leur calvaire et leurs difficiles conditions de détention. Si le drame de Chibok a eu un certain retentissement médiatique, un autre enlèvement de masse a été passé sous silence par les autorités nigérianes, selon un rapport de Human Rights Watch. D’après les témoignages recueillis par cette l’ONG, environ 400 femmes et enfants ont été enlevés à Damasak, dans le Nord-Est du pays. Les terroristes ont pénétré dans cette ville le 24 novembre 2014, bloquant les quatre routes d’accès et prenant les habitants au piège. Ils ont occupé une école où étaient regroupés 300 écoliers âgés de 7 à 17 ans et ont fait venir des dizaines de femmes et d’enfants. Beaucoup sont morts dans des conditions atroces pendant ce siège. En mars 2015, des soldats du Tchad et du Niger ont repris la ville. Dans leur fuite, les insurgés ont emporté avec eux des centaines d’otages. Ce rapt est passé inaperçu, car il s’est produit en pleine période électorale. Par crainte des représailles, les proches des victimes se terrent dans le silence. Et l’identité de tous les otages n’est même pas encore connue.