A la UneDossier

Grandes Ecoles : le casse tête des stages

De plus en plus d’étudiants en fin de cycle se plaignent de la difficulté d’obtenir un stage en entreprise. La situation ne s’améliore guère au fil des ans. En principe, à partir de la licence en montant, toutes les filières professionnalisantes obligent les étudiants à un stage en entreprise. Une immersion dans les réalités du monde du travail pour valider un diplôme ou dans le cadre d’une première expérience professionnelle. Le stage est devenu un casse-tête aussi bien pour les écoles de formations, les étudiants que leurs parents. Les places de stage coûtent désormais très cher face à une demande qui explose. Ils n’existent pas de statistiques globales, le fait est que les entreprises ne sont plus à mesure de les absorber. Du côté du patronat, le diagnostic est sans appel: « Les difficultés d’accès aux stages en entreprises se posaient déjà il y a quelques années de cela. La situation a empiré du fait de l’écart qui s’agrandit entre l’offre et la demande, écart qui est en corrélation avec les difficultés que rencontrent les jeunes diplômés pour obtenir un emploi. Les entreprises sont submergées par une forte demande qu’elles ont du mal à satisfaire. Cette situation s’explique par l’accroissement du nombre de jeunes diplômés qui sortent des universités, instituts et grandes écoles. En prenant rien que les universités publiques, les effectifs ont presque triplé en 10 ans. Sans oublier l’enseignement supérieur privé qui, de nos jours met des milliers de diplômés sur la place du marché. Du côté de l’offre par contre, l’évolution est lente. Près de 50 000 nouvelles entreprises ont été créées ces dix dernières années mais 9O% sont des micros et petites entreprises dont la taille et les modes de gestion n’offrent pas beaucoup de possibilités d’encadrement d’étudiants. A cela, il faut ajouter des causes conjoncturelles liées à la morosité de l’environnement économique de ces trois dernières années. »
D’autres arguments plus techniques expliquent également ce rétrécissement des postes de stages selon Dr Désiré Nakoulma, Cofondateur du GROUPE ESCO-IGES (Ecole supérieure de commerce et d’informatique de Gestion). Il s’agit entre autres du fait que certaines entreprises craignent des dommages sur leurs équipements par les stagiaires, certaines entreprises n’ont pas de personnel compétent pour encadrer les stagiaires. Sur ce dernier argument, avec les exigences académiques du Cames, les maitres de stage doivent être d’un niveau universitaire, master 2 dans la plupart des cas. Et certaines entreprises n’ont pas toujours le profil et compétences pour encadrer des stagiaires.
Heureux donc ceux des étudiants qui arrivent à décrocher un poste de stage, encore heureux lorsque celui-ci est rémunéré. Oui, il existe encore des entreprises qui, en fonction de la charge de travail, donnent « un petit quelque chose » à l’étudiant. Mais ce n’est pas un acte obligatoire, précise la Secrétaire générale du CNPB : « Suivant l’article 11 de l’arrêté conjoint n°2010-012/MTSS/MJE/SG/DGT du 18 mai 2010 relatif au contrat de stage, la rémunération est laissée à l’appréciation du chef d’entreprise. Mais toujours est-il que par souci d’humanité, l’entreprise accorde toujours quelque chose au stagiaire. C’est ainsi que l’on constate que les pratiques varient d’une entreprise à l’autre. Vous avez des entreprises qui rémunèrent le stagiaire chaque fin de mois, d’autres le font à la fin du stage lorsque le jeune s’est montré très engagé pendant le stage ».
De façon générale, explique la Secrétaire générale du CNPB, « le contrat de stage est encadré par le Code du travail qui indique en son article 12, qu’il est conclu par écrit impérativement avant l’entrée du stagiaire en entreprise. Les droits et obligations des parties et les effets du contrat de stage sont précisés par acte réglementaire des Ministres en charge du travail et de l’emploi (arrêté conjoint n°2010-012/MTSS/MJE/SG/DGT du 18 mai 2010 relatif au contrat de stage) qui de l’avis du patronat doit être relu pour tenir compte de l’évolution socio-économique.

FW


Comment les entreprises choisissent-elles leurs stagiaires

L’acceptation d’un stagiaire par une entreprise est d’abord conditionnée par la disponibilité d’un poste de stage en adéquation avec le profil du demandeur. Dans la pratique, pour les demandes de stages dans le cadre de la validation d’une année académique, il n’y a pas de critères particuliers. L’acceptation se fait selon l’ordre d’arrivée des demandes lorsque l’entreprise est disposée à accueillir des stagiaires. Pour ce qui est des demandes de stages pour l’acquisition d’une expérience professionnelle, certaines entreprises tiennent souvent compte de la motivation des candidats du, CV et surtout de la disponibilité d’un coach au sein du personnel qui peut encadrer/suivre le stagiaire.


YAMEOGO Philomène, Secrétaire Générale du Conseil National du Patronat Burkinabé (CNPB)

Y a-t-il un dispositif institutionnel qui encourage les entreprises à prendre des stagiaires ? Si non quels types de mesures pourrait-on mettre en place à cet effet ?
photo-sg-cnpbMalgré cette difficulté à laquelle les jeunes diplômés font face pour obtenir les stages, il n’y a malheureusement pas de dispositif institutionnel pour encourager les entreprises à accroitre l’offre de stages. L’ANPE a mis en place depuis 2006, le programme d’appui à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes diplômés en fin de cycle des universités et écoles supérieures (PA/ISPJD) qui vise à améliorer l’employabilité des jeunes diplômés. Chaque année ledit programme qui est lancé sous le parrainage du Président du CNPB permet de mettre en position de stages pendant 3 mois, plus d’un millier de jeunes diplômés. Le programme prend en charge les frais de stages des jeunes placés en position de stage. Mais rien n’est fait en direction des entreprises qui offrent des stages.
Il est vrai que l’offre de stages est limitée par la structure de notre économie mais il faut reconnaitre que beaucoup d’entreprises ne sont pas très favorables à l’accueil des stagiaires. Il ya comme une certaine peur et inquiétude qui les amènent souvent à se réserver ou à faire le strict minimum. Cela peut s’expliquer par les risques liés à la détérioration de certains matériels par le stagiaire, à la divulgation de certaines informations confidentielles, au temps à consacrer à l’encadrement du stagiaire, et même au mauvais comportement de certains stagiaires. C’est pourquoi, nous estimons qu’il faut véritablement des actions fortes pour renforcer le dispositif d’insertion professionnelle des jeunes diplômés et encourager les entreprises. Le Patronat avait déjà fait des propositions dans ce sens, au Ministère en charge de l’emploi dans le cadre de la mise en œuvre du programme spécial de Création d’Emploi pour les jeunes et les femmes (PSCE/JF) en 2012. Ces propositions comportaient entre autres des incitations financières telles que les primes financières; les dégrèvements sur les cotisations sociales pour le pré-emploi ; les crédits d’impôt sur la taxe patronale d’apprentissage (TPA) ou sur l’Impôt sur les sociétés en fonction du nombre de stagiaires reçus, des distinctions honorifiques etc….. Malheureusement, elles sont restées sans suite.
Ces incitations financières existent bien dans certains pays pour encourager les stages ou l’embauche d’une certaines catégories de couches sociales vulnérables (jeunes, femmes, personnes handicapées etc…). . Le CNPB s’est engagé à promouvoir le partenariat entreprises /écoles de formation, car ce type de partenariat,en favorisant l’implication des entreprises dans la formation,peut être une réponse aux problèmes de l’inadéquation formation/emploi, d’offres de stages et d’expérience professionnelle exigée lors des recrutements.Toutes ces équations se posent à cause de l’inadaptation du contenu des formations aux réalités des entreprises. L’employeur exige une expérience professionnelle parce qu’il y a des lacunes dans notre système de formation qui font qu’un jeune diplômé qui en sort,n’a pas encore les aptitudes nécessaires pour occuper avec efficacité un poste de travail. Les entreprises dépensent beaucoup dans la formation préalable ou initiale à l’emploi pour former leurs personnels nouvellement recrus et continuent de payer la TPA sans aucune contrepartie. Pour prendre en charge ces questions d’adaptation de la ressource humaine aux postes de travail, le CNPB projette la création d’un centre de formation préalable ou initiale à l’emploi dont l’étude de faisabilité a été financée par l’Union Européenne dans le cadre du programme d’appui au développement du secteur privé (PADSP.

Commentaires

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page