Les pays de l’OPEP sont parvenus à un accord pour réduire leur production d’or noir afin de soutenir des prix durablement affaiblis par une offre excédentaire, le 28 septembre dernier à Alger.
Cet accord est qualifié d’historique, car elle est une surprise pour le monde entier. Tous craignaient le veto de certains pays comme l’Arabie Saoudite ou l’Iran qui, contre toute attente, ont fini par assouplir leur position.
L’Arabie Saoudite, premier producteur de l’Opep, a été affecté économiquement par la dégringolade des cours, qui ont perdu plus de la moitié de leur valeur en deux ans. Depuis près d’un an, l’abondance de pétrole sur le marché mondial a engendré une baisse durable du prix du baril de brut, et par conséquent du prix de l’essence et du gazole à la pompe. Au terme de plusieurs semaines de tractations, l’OPEP a annoncé avoir décidé de ramener sa production à un niveau de 32,5 à 33 millions de barils par jour, contre 33,47 millions de barils par jour en août.
Il s’agit de la plus grosse réduction de production depuis celle décidée après la chute des cours durant la crise de 2008. La réduction de la production décidée reste toutefois inférieure à la hausse de la production observée sur un an au sein de l’Organisation. En août, le cartel a pompé 33,47 mbj, un bond de 930.000 barils sur un an, selon l’AIE.
A l’annonce de cet accord, les cours de pétrole étaient en hausse sur les marchés asiatiques. Ils ont pris jusqu’à 6% et continuaient de grimper dans les échanges électroniques.
Les modalités de mises en œuvre de cet accord seront discutées lors du sommet de l’OPEP à Vienne, le 30 novembre prochain. Un comité de haut niveau va notamment être mis en place pour déterminer les niveaux de production applicables à chacun des pays. Les cours du baril de référence (WTI) aux États-Unis ont gagné 2,38 dollars à 47,05 dollars sur le contrat pour livraison en novembre.
À Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance a également progressé de 2,72 dollars à 48,69 dollars. Ce dernier va également engager le dialogue avec les pays non membres, principalement la Russie, deuxième producteur mondial de brut, pour participer aux efforts du rééquilibrage.
Moscou s’est déjà dit favorable à un gel de sa production à son niveau record de septembre.
Face au boom des hydrocarbures de schiste américains, le cartel de 14 pays avait abandonné son rôle de régulateur du marché pour adopter une stratégie de défense des parts de marché, en ouvrant à fond les robinets aux dépens des prix. Le niveau de production visé par l’OPEP correspond peu ou prou au nombre de barils qui étaient pompés en mars dernier par le cartel pétrolier (32,47 mbj), d’après des chiffres de l’AIE.
Germaine Birba
Quelles conséquences pour les autres pays ?
Bien que la nouvelle de l’accord de réduction de la production du pétrole ravit les pays producteurs, cela n’est pas forcement le cas pour les pays consommateurs. En effet, la baisse du prix du baril de pétrole avait permis à certains pays de revoir à la baisse le prix du carburant. Cette annonce qui va probablement rehausser le prix du pétrole va se répercuter sur les prix à la pompe au niveau mondial. Les dirigeants des pays, surtout des pays africains non producteurs de pétrole, devront donc faire face à cette nouvelle donne en réajustant les différents prix à la pompe. Chose qui n’est pas pour plaire aux populations dont toutes les activités sont liées aux prix du baril de pétrole.