La Centrale d’achat des médicaments génériques (Cameg) est au cœur de l’actualité nationale, voilà bientôt plus d’un mois. Le PCA et le directeur sortants contestent leur éviction par le ministère de tutelle et la nomination d’un nouvel exécutif. Le cœur du contentieux reste le respect des textes régissant le fonctionnement de la centrale.
Le ministre a-t-il outrepassé ses prérogatives en la matière? L’examen au fond des différents recours nous le dira plus tard. Mais, tout cela ne serait jamais arrivé si l’ancienne équipe avait pris le soin de «légaliser» tous les changements intervenus dans les textes de la Cameg dont elle entend se prévaloir dans les procédures en cours. Toute cette polémique va se jouer sur les statuts en vigueur au moment des faits. Et quelle que soit l’issue de ce bras de fer, elle ne sera pas sans conséquence pour les protagonistes, voire au-delà. A supposer que la paire Kadéba-Kouyaté (DG et PCA), remplacée par le ministre, gagne son procès, dans ces circonstances, comment pourra-t-elle continuer à exercer sereinement sous la tutelle d’un ministère dont elle a défié l’autorité? On sait que la Cameg dépend dans une certaine mesure des prébendes du ministère pour son fonctionnement. Et si, par extraordinaire, le ministre de la Santé obtenait gain de cause, il y a lieu aussi de craindre une chasse aux sorcières à l’intérieur de la boîte.
Cette affaire n’est pas sans rappeler le cercle de craie caucasien (der Kreidekreis) de Bertold Brecht: la Cameg tiraillée entre le ministère et l’équipe dirigeante. Mais qui lui veut vraiment du bien?
Abdoulaye TAO